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qui se trouvoit dans les environs de Bologne, s'étoit portée le 13 pluviôse à Imola, petite ville de l'Apennin, sur le Santerno, au commencement de la fertile plaine de la Lombardie. L'armée pontifi cale, aux ordres du général Colli, étoit retranchée avec soin le long du Sénio, dont tous les ponts étoient coupés. Są droite étoit appuyée sur Cassiano gauche étoit à Lugo et son centre à Faëuza.

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Le lendemain, l'armée française sortit d'Imola vers les cinq heures du matin, L'avant-garde, dans laquelle se trouvoit lą Jégion de Lombardie, nouvellement recrutée, fut bientôt en présence de l'ennemi. L'armée papale, protégée par une artillerie nombreuse, fic d'abord quelque résistance, mais les glaces ayant rendu le Senio guéable, des détachemens français pénétrèrent à l'autre rive, se précipitèrent sur les troupes pontificales qui prirent la fuite, en laissant mille hommes tués ou blessés sur le champ de bataille,

Les vainqueurs se portèrent aussitôt sur Faeuza, mais le fanatisme des moines avoir

allumé celui des habitans, ils avoient fermé leurs portes, sonnoient le tocsin, et étoient en foule sur les murailles. On les somma d'ouvrir la place, ils ne répondirent que par des invectives et des imprécations. En un moment, noś escaladèrent les troupes remparts, et dispersèrent une multitude turbulente qui avoit moins de courage que de fureur et d'aveuglement. La ville prise d'assaut devoit être mise au pillage, mais les chefs arrêtèrent la fougue du soldat français ; ils ne crurent pas que la múltitude égarée par l'ambition et la haine des prêtres, dût supporter un châtiment qu'elle méritoit moins que ceux qui avoient été l'instrument de son 'fanatisme; ils voulude leur bord les autres rent même ranger villes, par un acte de clémence qui, dans cette circonstance, ne pouvoit avoir aucune suite fâcheuse, et les personnes, ainsi que les propriétés, furent soigneusement respectées.

Le général Victor, qui commandoit la division entrée dans Faëuza, ne borna pas ses soins à empêcher les excès qu'auroit pu commettre une soldatesque irritée par le

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résistance et les injures grossières des habitans; ils voulut même prévenir les excès auxquels la conduite des prêtres auroit pu donner lieu par la suite, s'ils continuoient à aigrir les habitans contre les troupes françaises; il réunit en conséquence tous les moines dans une église, et leur parla le langage de la raison; il les conjura aú nom de leur intérêt personnel, et ce motif fut le plus puissant, de se tenir tranquilles, et de ne point exciter le peuple à la révolte. Les prêtres le promirent, bien résolus à ne tenir leur parole que jusqu'au moment où il n'y auroit plus de danger pour eux à la violer.

Après leur première défaite, les troupes du pape se réfugièrent sur l'Apennin, et par cette évacuation précipitée, laissèrent aux Français l'entrée des plaines de la Romagne. Les villes de Cezène, de Forli, de Ravennes, se soumirent successivement, et bientôt les troupes de Bonaparte farent maîtresses de toute la marche d'Ancone, jusqu'aux frontières des Etats napo litains, Maître de ces positions, le général en chef fir poursuivre l'armée pontificale jusque

jusque sur les montagnes où elle étoit campée, et le 24 pluviôse il étoit à Marcerata, quarante lieues de Rome.

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On ne peut se peindre, à cette nouvelle, l'agitation de la métropole du monde chrétien. Le pape reconnoissoit, mais trop tard, la fausseté des démarches dans les quelles l'avoient entraîné les cardinaux qui avoient eu sa confiance; son incertitude et son embarras croissoient à mesure que l'armée française avançoit, et chaque jour, à chaque instant, elle faisoit des progrès rapides. Les gens riches, et particulièrement les prélats, ne doutant point que la ville ne fût prise d'un moment à l'autre, se hâtoient de faire transporter leurs richesses du côté de Naples. Dans Rome, il est deux espèces de peuple ; l'une fanatique à l'excès, et soumise aux oracles des prêtres ; l'autre insubordonnée, composée de ce qu'on ap pelle les Transteverins, et qui conserve un caractère de rusticité et d'indépendance qui la distingue particulièrement de la première. L'une, au milieu du tumulte, de l'agitarion et de la frayeur générale, appeloit Findépendance, se flattoit que les beau

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jours de l'ancienne Rome alloient renaître pour elle, appeloit Bonaparte par ses vœux, et se proposoit de lui ériger une statue sur le sommet du Capitole. L'autre, effrayée pour ses reliqués, ses scapulaires et ses pagodes, mêloit ses lamentations aux cris confus des moines égarés, se portoit en foule dans les temples, et conjuroit le ciel d'écarter l'orage prêt à fondre sur la cité sainte. Le souverain pontife, luimême, joignoit ses prières aux larmes des fidèles, mais son armée reculant sans cessé; ét celle des Français avançant toujours, il trut prudent de négocier une seconde fois avec le vainqueur, et de s'en rapporter sa clémence, avant qu'il n'eût pénétré jusqu'aux portes de Rome; en conséquence, il lui écrivit la lettre suivante.

à

De Saint Pierre de Rome, 12 février 1795, l'an 22 de notre pontificat:

CHER FILS,

Salut et bénédiction.

→ Desirant terminer à l'amiable nos différends actuels avec la république française,

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