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La campagne de 1795, qui fut en quelque sorte une guerre d'observation, et pendant laquelle l'Espagne fut véritablement conquise à nos intérêts, pouvoit encore terminer une lutte sanglante que trop de fierté et des intérêts particuliers ranimèrent. De cette mésintelligence entre les contractans naquit cette campagne d'Italie, si glorieuse pour les Français et connue sous le nom de Campagne de l'an 4 et de l'an f.

Cette dernière campagne n'a été, pendant ces deux années, qu'un combat continuel sur un théâtre si vaste et si active> ment occupé, que des frontières de la Hollande jusqu'au Golfe adriatique, il n'y a pour ainsi dire point une seule position militaire où l'on ne se soit battu; pas une rivière qui n'ait été rougie du sang des vainqueurs et des vaincus. Nous avons vécu six siècles dans l'espace de six mois ; les prodiges de Bonaparte et de son armée, les marches téméraires de Jourdan, la sagesse de Moreau, rendront cette guerre jamais mémorable. Nos guerriers ont effacé la gloire des chefs les plus célèbres et

des plus intrépides soldats, par le dévouement avec lequel ils ont affronté mille morts à Millesimo, à Lodi, à Arcole, છે Altenkirchen, aux ponts de Kehl et d'Hu pingue.

En 1794, on avoit pris pour base des Popérations militaires, toute la frontière du nord; dans cette campagne-ci l'on prit toute la frontière orientale, et, pendant qu'à da faveur d'un armistice et de grands apprêts, on contenoit, sur le Bas-Rhin, les principales forces de l'ennemi, qu'on paroissoit refuser un engagement avec sa gauche, on se hâtoit d'attaquer sa droite sen forçant le passage des Alpes à Millésimo. On agit si vivement sur le Rhin, que l'archiduc Charles et les généraux de l'empe occupés à couvrir les boulevards du Corps germanique, n'osèrent porter en Italie toutes les forces de leur grande armée.

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Les mouvemens des armées de Sambreet-Meuse et du Rhin-et-Moselle, l'expédition de Francfort tentée, deux fois et reprise avec obstination, divers passages aussi habilement que vaillamment exécutés, one

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prouvé la conception du plan général et la constance à en suivre l'exécution. Cette se conde épreuve des grands principes de la guerre offensive, n'a pas moins surpris er déconcerté nos ennemis, que le développement des attaques et des marches de nos trois armées en 1794 sur ces frontières du nord ; il est cependant une justice à leur rendre, c'est qu'ils ont appris de nous cette nouvelle tactique, qu'ils n'ont pas tardé à se l'approprier, et que nous opposant des plans égaux aux nôtres, ils ont rendu leuts attaques simultanées depuis Francfort jusqu'à Mantoue.

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A la vérité, le génie de Bonaparte, la combinaison et la célérité de ses marches, l'impétuosité de ses attaques rendirent leurs efforts inutiles au point que cinq arméesimpériales furent successivement détruites èt mises en pleine déroute. La puissante diversion opérée en Allemagne, contribua beaucoup aux premiers succès remportés dans les Alpes, malgré l'évacuation de la Bavière et de la Franconie, et la retraite des armées de Sambre-er-Meuse et de Rhinet-Moselle dans leurs premières positions

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sur la rive gauche du Rhin.. Ce seroit peur être ici le cas de parler des opérations militaires de ces armées, et des talens qu'ont simultanément déployés Jourdan, Moreau, et Pichegru ; mais quoique le plan général de la guerre de l'an 4 et de l'an ƒ soit uniforme, et que les opérations de ces armées soient liées avec celles de d'armée d'Italie, elles sont cependant si distinctés entr'elles, que pour ne point introduire de confusion dans une matière qui doit être si claire, nous séparerons les plans de la guerre d'Italie du plan de guerre de l'Allemagne, nous réservant, après avoir unìquement parlé des exploits de Bonaparte, de traiter les campagnes de Pichegru ét Moreau dans le volume suivant.

Toutes les puissances de l'Italie étoient unies à la coalition des rois ; la neutralité de Gênes et de Venise n'étoit qu'apparente ; il en étoit de même de celle de Toscane, et tous les autres gouvernemens avoient embrassé la querelle des têtes couronnées. La défaite du général Devins n'avoit fait perdre aux Autrichiens que la côte du territoire de Gênes qui s'étend de Sa

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vone à Voltry. L'empereur avoit eu le tems
de renforcer son armée qu'il venoit de
confier au général Beaulieu.

A l'ouverture de cette campagne, les forces autrichiennes pouvoient être de cinquante mille hommes ; l'armée de ligne du roi de Sardaigne étoit forte de quarante à quarante-cinq, sans y comprendre ses milices armées; le pape avoit rassemblé de vingt-cinq à trente mille combattans; le roi de Naples pouvoit disposer d'une force plus considérable, il avoit deux, camps de quarante mille hommes rassemblées sur sa frontière, tandis que sa cavalerie étoit réunie en Lombardie à l'armée de l'empereur. Les ducs de Parme et de Modène don noient en munitions et en argent, à la coalition royale, ce qu'ils ne pouvoient ou n'osoient fournir en troupes, et Venise et Gênes n'étoient ni moins perfides envers nous, ni moins généreuses envers nos en nemis.

D'autres obstacles attendoient les Francais au-delà des monts; la chaleur et l'in salubrité d'un climat qui avoit autrefois dévoré des armées victorieuses, l'opposition

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