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au matin, l'attaque de la colonne comman dée par Provera, qui, n'ayant aucune nou, velle de l'armée d'Alvinzi, dont Joubert, Devaux et Bafaguey-d'Hilliers venoient de consommer la déroute dans la journée du 25 au 26 en battant les Autrichiens sur tous les points où ils s'étoient réfugiés, et en leur faisant de nouveau six mille prisonniers, se trouvoit dans une situation désespérée. N'ayant pu emporter le faubourg St. Georges, il avoit attaqué, pendant la nuit, le poste de la Favorite, tandis que la garnison de Mantoue, sortant de la citadelle, fondoit sur les lignes du blocus. Mais Wurmser, repoussé avec vigueur, rentre dans la place, après avoir laissé le champ de bataille couvert de morts et de blessés ; et Provera, attaqué de tout côté, est obligé de rendre les armes, ainsi que toute la colonne qu'il commande.

Tels furent les effets de la bataille de Ri voli, qui fut, pendant huit jours consécutifs, une suite continuelle d'affaires sanglantes, et dans laquelle les Autrichiens perdirent vingt-cinq mille hommes et toute leur artillerie; Alvinzi désespéré, fuyait

avec précipitation dans les montagnes, mais · Augereau, Massena et Joubert, ne lui donnant aucun relâche, et combinant leurs attaques, le barcelèrent sans cesse, le battirent à chaque rencontre, forcèrent son camp retranché, et obligèrent les débris de son armée d'évacuer entièrement le sud de Bolzano.

Nous avons parlé, il n'y a qu'un moment, de l'aveuglement du pape, ou plu tôt de la coupable obstination de ceux qui le conseilloient; de leurs espérances au moment où Wurmser étoit entré en Italie ; des insultes faites aux Français dans Rome, et de l'espoir qu'ils avoient conçu que bientôt Bonaparte et son armée seroient ensevelis dans les champs de l'Italie. Croira t-on que, malgré la défaite de Wurmser, qu'après la déroute d'Alvinzi, le saint père persistât encore dans son opiniâtreté, et qu'il prit tous les moyens qui étoient en son pouvoir pour obliger les Français à abandonner l'Italie ? Bonaparte eut pitié d'un ennemi si ridicule, mais informé des trames qu'il ourdissoit avec la cour de Naples, er saisi d'une correspondance qui dés

céloit les manœuvres du pape avec l'empereur, il fit marcher dans la Romagne une partie de son armée, ordonna au ministre français de quitter Rome, et fit publier une déclaration où il étoit dit, « que le pape ayant refusé d'exécuter l'armistice conclu avec lui, ayant prêché une croi❤ sade contre les Français, entamé des négociations hostiles avec l'Autriche, confié le commandement de ses troupes à des officiers de l'empereur, cette suspension d'armes, violée par lui, devoit être regardée

comme non avenue.

A cette déclaration, étoit jointe une proclamation par laquelle le général français, après avoir assuré que son armée, en écrasant les ennemis de la république offroit aux villes et aux villages, paix, sûreté et protection, engageoit le peuple à ne pas abandonner ses travaux ordinaires, et les ministres de la religion à vaquer paisiblement à l'exercice de leur culte, pourvu que, se conformant aux maximes de l'évangile, ils eussent soin de se renfermer dans leurs fonctions religieuses, sans entretenir le peuple des objets qui concer

noient la guerre. Bonaparte termiroit ainsi cette proclamation: «Malheur à ceux qui, séduits par des hommes profondément hypocrites et scélérats, attireroient dans leurs maisons la guerre et ses horreurs, et les vengeances d'une armée qui a, dans six mois, fait cent mille prisonniers des meil leures troupes de l'empereur, pris quatre cents pièces de canon, cent-dix drapeaux, et détruit cinq armées »,

Ce fut le 13 pluviôse, que la première attaque entre les Français et les troupes pontificales eut lieu, mais avant que de rendre compte de cette affaire, il est à remarquer que le lendemain du jour où leurs succès commençoient contre l'armée papale, ils apprirent la reddition de Mantoue. Cette forteresse se rendit le 14 pluviôse, à dix heures du soir : toute la garnison fut faite prisonnière de guerre : les troupes françaises entrèrent le 15 dans la citadelle, et le 17 la ville étoit entièrement évacuée. La famine avoit été si grande dans cette place, que le soldat, pour se nourrir, avoit été obligé de manger tous les chevaux de la cavalerie, Bonaparte, plein d'admis

ration pour Wurmser, traita ce vieux militaire avec tous les égards dus à sa valeur et à ses rares connoissances. Aux termes de l'article II du traité, il ne fut point fait prisonnier, non plus que son étatmajor, il eut la faculté de désigner cinq cents individus qu'il jugeroit à propos d'em mener avec lui, ainsi que de l'artillerie, et ' deux cents hommes de cavalerie pour l'escorter. On trouva dans les fortifications de Mantoue, ainsi que dans les arsenaux trois cents pièces de canon, et grand nombre de mortiers.

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Nous laissons à penser avec quelle alégresse la nouvelle de cette capitulation fur accueillie dans Paris, où le Directoire la fit proclamer avec pompe. Dans les deux Conseils, des orateurs rivalisèrent à qui donneroit les éloges les mieux mérités à Bonaparte et à son invincible armée. Mais revenons à la résistance que le pape vouloit opposer à nos triomphes,

Nous avons dit que c'étoit la veille de la prise de Mantoue, qu'avoient commencé nos succès contre les troupes pontificales, En effet, la division du général Victor,

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