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tralité la plus absolue , en sorte que, vers le courant de nivôse, Alvinzi se vit de nouveau à la tête d'une armée de cinquante mille combattans, protégés par une artillerie formidable, en partie fournie par les Vénitiens.

Le but des opérations de l'ennemi étoit toujours le même; forcer les lignes de défense du général français, pénétrer par quelque point, se jeter dans Mantoue, débloquer cette place et rendre inutiles les succès précédens des républicains, en portant ailleurs le théâtre de la guerre. Informé de la rapidité avec laquelle se formoit l'armée impériale, Bonaparte, qui étoit affoibli par ses triomphes successifs, pressoit le Directoire de lui envoyer les renforts qui lui étoient promis journelle

ment.

En effet, les circonstances dans lesquelles il se trouvoit sembloient lui rendre indispensables des renforts, et des renforts très-prochains. D'un côté, quelques difficultés s'élevoient entre lui et le grand duc de Toscane, à l'occasion de la gar nison qu'il avoit jetée dans Livourne sans

sa participation, et pour empêcher cette viile de protéger les Anglais, ainsi qu'on şe le rappelle; de l'autre, la cour de Rome venoit d'assembler une armée dans la Romagne, pour attaquer les états de sa jurisdiction qui s'étoient déclatés indépendans. Bonaparte n'ignoroit pas non plus que Wurmser ayoit ordre d'abandonner Mantoue, s'il n'étoit pas secouru à tems, et de se joindre aux troupes du pape. Tout cela forçoit le général fran¬ çais à disséminer ses forces, et il ras sembloit auprès de Bologne un corps de Troupes, pour inquiéter en même tems Rome et Florence, et rendre plus diffiçile l'évasion de Wurmser, lorsqu'il ap prit que les Autrichiens, par des marches, farcées se concentroient vers l'Adige, et qu'Alvinzi faisoit ses dispositions pour attaquer à la gauche de ce fleuve tous les pastes qui étaient occupés par les Fran gais. Bonaparte, laissant devant Mantoue, des forces suffisantes pour contenir la gar nison de cette place, se rend le 23 nivôse à Vérone, où se portoit le centre de l'armée autrichienne,

Dès le 19, la droite de l'armée fran aise, commandée par Augereau, et portée à Bevillaqua, en avant de Porto, Legnano, avoit été attaquée par des forces très - supérieures et n'avoit soutenu la charge de l'ennemi et le combat qui s'en étoit suivi qu'avec beaucoup de difficultés. Cependant les Autrichiens ayant trouvé une vigoureuse résistance à Porto-Legnano, rassembloient leurs principaux efforts contre le centre de l'armée française, commandé dans Vérone par Massena. Dans le même tems, le général Davidovik qui commandoit la droite des Autrichiens fondoit sur l'aile gauche de l'armée française aux ordres du général Joubert. Ils s'emparèrent d'abord d'une redoute à Monte Bello, mais ils en furent bientôt chassés, et ils se retirèrent au déclin du jour.

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Bonaparte étoit informé par tous les rapports qui lui étoient faits, pendant la puit du 23 au 24, que l'ennemi se préparoit à un mouvement général auquel étoit liée l'attaque de la veille. Le génér ral autrichien masquoit ses opérations aveg

tant d'intelligence qu'on ne pouvoit pas deviner si le fort de son attaqué se porteroit à la droite ou à la gauche de l'Adige, ce qui fit rester le général français dans Vérone, pour pouvoir, à la facilité des ponts qui se trouvoient à sa disposi tion, diriger ses forces sur l'une ou l'au tre rive, et là où le danger lui paroîtroit imminent.

Le lendemain, Alvinzi fit attaquer les Français sur toutes leurs lignes, tant à Ja droite qu'à la gauche de l'Adige, depuis la Corona jusqu'à Porto - Legnano, Les forces déployées contre Joubert étoient si considérables, qu'il fut obligé d'évacuer le poste de la Corona pour prendre une position avantageuse en avant de Ri voli. Cette disposition démasqua les pro jers de l'ennemi il vouloit forcer l'aile gauche de l'armée française auprès de Rivoli, et se porter rapidement sur Man. toue par Castello Nuovo et les bords da Mincio, Bonaparte à qui ces intentions n'échappèrent point, envoya de nouvelles instractions à Augereau qui tenoit ferme entre Porto Legnano et Vérone, fit mar

cher une partie de la division de Massena sur Rivoli, et s'y rendit lui-même pendant la nuit du 24 au 25.

Arrivé sur ces lieux, il change les dispositions défensives qu'avoit faites Joubert: il fait reprendre la position de San-Marco qu'on avoit évacuée, garni le plateau de Rivoli d'une nombreuse artillerie, et em→ ploie la nuit entière à fortifier son terrein et à reconnoître la position de l'ennemi, dont la droite étoit à Caprino et la gauche en arrière de San-Marco. Le général autrichien, lorsqu'il avoit formé son plan d'attaque, étoit loin de soup. çonner que Joubert eut reçu des renforts aussi puissans, et que le point qu'il vou loit attaquer se trouvoit en un moment être le poste le mieux fortifié par les Français.

Le 25, les avant-gardes françaises et autrichiennes se rencontrèrent sur les hauteurs de San Marco, à la pointe du jour. Le combat fut long et terrible. Joubert, à la tête de la 33°. demi brigade, soutenoit son infanterie légère, que commandoit le gé néral Vial. Alvinzi, qui avoit fait ses dis

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