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triche, comme il en avoit le projet, et se soucia fort peu des ridicules préparatifs de guerre que le pape faisoit faire contre lui dans Rome; car il est bon d'ob server ici que l'arrivée de Wurmser, en Italie, les premiers succès qu'il avoit ob tenus et la levée du siége de Mantoue, avoient occasionné une telle alégresse, à tous les ennemis des Français, dans ces climats, qu'on ne doutoit plus qu'ils n'en fussent incontinent expulsés, ou qu'ils ne trouvassent enfin leurs tombeaux dans les lieux mêmes chargés de leurs trophées, Cet espoir consolant pour sa sainteté et pour son nombreux clergé, étoit cause que le subside qui lui avoit été imposé, et les chefs-d'œuvre de l'art qu'il envoyoit à Paris avoient été arrêtés en route lors qu'ils se rendoient à leur destination.

Le Directoire de Francè ayant renvoyé, ainsi qu'on se le rappelle, les plénipotentiaires romains Petrachi et Vangélisti, on avoit essayé de renouer des conférences à Florence. Cette opération de la part de sa sainteté avoir été confiée au prélat Galepi et au moine Soldati; mais ces

négociateurs manquant de pleins pouvoirs, parce que le pape croyoit de son intérêt de traîner en longueur, furent renvoyés à Rome pour se munir d'une autorité nécessaire pour entamer des négociations définitives. Ce fut sur ces entrefaites que la faction qui dominoit le collége des car, dinaux, ayant la ferme assurance que Wurmser alloit rendre son ancienne face à l'Italie, décida le pape à rompre l'armistice qui existoit entre lui et la France, et à contremander les sommes d'argent Et les antiques qui venoient de partir pour la France.

Les choses furent poussées plus loin. beaucoup de Français furent insultés et maltraités dans Rome, et sa sainteté osą charger le prélat Lagreca de prendre possession de Ferrare. Cette tentative ne fut pas heureuse ce légat avoit à peine fait placer les armes papales sur la porte principale du palais, qu'il se manifesta une fermentation considérable parmi le peuple, et que la municipalité fit replacer les armes de la république au lieu d'où le légat-les avoir fait enlever. Lagreca, informé pres

que dans le même moment que les Français, au lieu d'être battus par Wurmser venoient de tailler en pièces les Autrichiens, crut prudent de sortir incognito de Ferrare, et de regagner Rome, où il se croyoit plus en sûreté pour machiner la perte de l'armée de la république ; mais au lieu de réussir dans leurs desseins, on verra bientôt que ce prélat et les autres cardinaux de son bord entraînèrent la ruine du trône pontifical, et particulièrement celle du chef de la chrétienté qui, s'il n'eût été mal conseillé, eût probablement terminé en paix le reste de sa carrière au Vatican, et en s'épargnant bien des maux, eût également épargné à quelques dominateurs de la France la honte ineffaçable d'avoir inhumainement traîné de ville en ville et de supplice en supplice un vieillard respectable aux yeux des hommes respectable aux yeux des rois, et dont l'humiliation ne pouvoit être un régal que pour le cœur d'un Jacobin. Mais n'anticipons point sur ces événemens majeurs avant que le successeur de S. Pierre soit détrôné, il se fera encore des négocia

tions entre lui et le chef de l'armée d'Italie, et les nouveaux succès de Bonaparte nous amèneront bientôt à en rendre compte.

Nous avons vu deux armées autrichiennes anéanties par l'armée d'Italie, et leurs gé néraux Beaulieu et Wurmser continuellement battus; bientôt l'Autriche donna au général français un nouvel adversaire à combattre, et une nouvelle armée à vaincre. La cour de Vienne fit choix du feld-maréchal marquis d'Alvinzi, pour remplacer Wurmser renfermé dans Man◄ toue. Des efforts prodigieux avoient été faits dans toutes les provinces autrichiennes pour opposer une troisième armée à Bonaparte, et Alvinzi, favorisé par le sénat de Venise qui lui facilitoit le passage sur son territoire, se trouva, dans les premiers jours de vendémiaire, à la tête de plus de quarante mille hommes, entre le Tagliamento et la Piave, deux fleuves qui descendent des Alpes noriques, et se jettent dans le golfe de Venise, entre les lagunes vénitiennes et celles d'Aquilée. L'intention d'Alvinzi étoit de s'approcher de l'Adige pour opérer sa jonction avec

les

Tes débris de l'armée de son prédécesseur disséminés derrière l'Arisio, dans les montagnes qui séparent le Tirol du Vicentin.

Voulant s'établir à Castel Franco, un parti autrichien se hasarda de passer à la droite de la Piava; mais Massena, dont le quartier étoit à Bassano, depuis la défoute de Wurmser, charge le chef de brigade Leclerc de l'en chasser; cet offičier tombe sur l'ennemi si à propos et avec tant de précipitation, qu'il se retire promptement à la gauche de cette ri

vière.

De son côté, le général Vaubois contenoit l'ennemi derrière l'Arisio, mais les postes se trouvant trop disséminés, le général en chef, pour tenir tête à un ad versaire supérieur en forces fut obligé ;/ comme il avoit déjà fait précédemment, pour défendre la ligne de l'Adige et les bords du lac de Garda, d'abandonner Vicence, Bassano, Trente et Rovérédo.

Les 12, 13 et 17 brumaire, il s'en gagea plusieurs combats sur les rives de l'Adige; celui de Caldero, qui eut liet le 22, et dans lequel Augereau et Ma Fome XV. 4. Parti

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