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Far mes premiers exploits je proun We fus amy filelle a peu fidelle an Sans la fatal

Tecarya

THESEE.

C

OMME les Géographes ont accoûtumé de mettre à l'extrémité de leurs Cartes les regions qui leur font inconnuës, & de marquer à côté: Au delà il n'y a que des fables arides

Maniere des Anciens Geo

graphes.

pleins de beftes feroces, ou des maTais impénétrables, ou les frimats de la Scythie, ou la mer glacée; Tout de même, ** mon cher Senecion, dans cette comparaifon des vies des hommes illuftres, aprés avoir parcouru tout le temps qu'une conjecture vrai femblable a pû pénétrer, ou qu'une hiftoire circonftanciée & fuivie a pû nous faire connoître, * nous pouvons dire de tout ce qui eft plus ancien, au delà c'eft le païs des fictions & des monftres; Les Poëtes & les faifeurs de fables habitent ces terres Tout ce qu'on y trouve n'a ny certitude ny fondement. Ainfi, aprés avoir donné les deux vies de Numa & de Lycurgue, il me fem- de l'ancienne Hiftoire Gre ble que nous pouvons remonter jufqu'à Romulus, puifque nous fommes fi prés de fon temps; *mais, comme dit Eschyle: Qu eft-ce qui fe prefentera devant cet homme ? Qui pourrons-nous luy oppofer ? gedic des Seps

A

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Incertitude

que.

Dans la Tra

Chefs contre Qui Thebes,

mere.

Qui ofera luy tenir tête ? Le Fondateur de
la belle & fameufe Cité d'Athenes peut
fort bien être comparé au Pere de la glo-
rieufe & de l'invincible Rome. Je fou-
haite feulement que ce qu'il y a de fabu-
leux, fe laiffant manier & purger par nos
écrits, prenne l'air de l'Hiftoire; mais fi
l'on trouve quelques endroits qui refusent
opiniâtrement de devenir crovables, &
qui ne puiffent fouffrir lemoindre mélan-
ge de vray-f
-femblance, je prie les Lecteurs
de les excufer, & de recevoir favorable-
ment ce qu'on peut leur donner d'une an-
tiquité fi reculée.

Thefée & Romulus fe reffemblent en plufieurs chofes ; Etant nez tous deux clandeftinement, ils ont paffé tous deux 'Car Romulus pour enfans des Dieux; Tous deux ont été paffa pour fils vaillans, comme tout le monde en convient, de Mars, & & ont joint la prudence avec la force; Ils Thefée pour fils de Neptune. ont tous deux fondé les plus célebres VilPaffage d'Ho- les du monde; car l'un a bâti Rome, & l'autre a fondé Athenes, en reduifant en corps de Ville un peuple qui étoit difperfé dans des Bourgs; Ils ont tous deux enlevé des femmes; Ils font tombez l'un & l'autre dans de grands malheurs domestiCar Roma- ques; Ils ont fouillé leurs mains du fang Ins tua fon on- de leurs proches, & à la fin de leur vie, cle & fon frere, tous deux fe font attiré la haine de leurs & Thefée fut caufe de la mort Citoyens, fi l'on peut recevoir pour vray ce qu'on en a dit de plus apparent & de moins tragique.

de fou pere & de fon fils.

Qu'on appelloit

*Thefée du côté de fon pere, defcenAutochthones, doit de l'ancien Erecthée & des premiers c'eft-à dire nés habitans de l'Attique. Du côté de

dans le pays.

fa

fa mere, il étoit iffu de Pelops qui fut le plus puiffant de tous les Rois du Peloponefe, non feulement par fes richeffes, mais encore par le nombre de fes enfans. *Car il maria plufieurs de fes filles avec les plus grands Seigneurs du pays,*& trou- enfans de fa va moyen de placer tous fes fils dans les femme HippeEtats les plus confiderables. Pitthée ayeul maternel de Thefée fut un de fes en

Il ent treixe

damie.

Peloponese d

Pentrée du Golphe Saronique.

Poëte Grec qui

Homere.

Dans la Tra

fans. I! fonda la petite Ville de Treze- Ville de l'Arne, &* il eut la reputation d'être le plus golide dans le fage & le plus fçavant homme de fon temps. *La fcience qui étoit alors en ufage, confiftoit particulierement en fentences & en moralitez, comme celles qui ont tant fait eftimer Hefiode dans fon Ouvrage, intitulé Les Oeuvres les vivoit environ tours. Parmy les Sentences de ce Poëte, cent ans aprés en voicy une qu'on donne à Pitthée: Tiens toujours prête la recompenfe que tu as promife à ton amy. Au moins Ariftote la luy attribue, & Euripide en appellant Hippo- gedie d'Hippolyte le difciple du Saint Pitthée, fait affez lyte. connoître la grande opinion qu'on avoit de luy. Egée n'ayant point d'enfans, & fouhaitant d'en avoir, alla pour cet effet confulter Apollon, & l'on dit que la Prêtrefle luy rendit cet oracle fi connu, par lequel elle luy défendoit de voir aucune femme avant qu'il fût de retour à Athenes; mais comme elle ne s'expliquoit pas bien ouvertement, Egée à fon retour paffa par Trezene pour communiquer à Pitthée cette réponse du Dieu, dont voicy les propres termes: Grand Prince ne délie point le pied du Boue, avant que tu fois de re

A 2

tour

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