Mémoires d'une Contemporaine, ou, Souvenirs d'une femme sur les principaux personnages de la République, du Consulat, de l'Empire, etc

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Ch. Hoffmann, 1828 - France - 1666 pages
 

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Popular passages

Page 6 - ... grandes catastrophes dont les quarante années qui viennent de s'écouler nous ont offert le spectacle. Je n'ai voulu que raconter les étranges vicissitudes auxquelles mon existence a été soumise; mais au récit de ces vicissitudes qui me sont toutes personnelles, se rattachent des souvenirs qui vivront éternellement dans la mémoire des hommes. Les situations singulières dans lesquelles le sort m'a placée m'ont mise à même, sans prendre une part directe au drame, de connaître et de...
Page 279 - Ursule, entrât à mon service en qualité de femme de chambre. Je commandais en reine dans le palais ; j'y étais servie avec zèle et empressement; tout le monde s'en trouvait bien. Dès le soir de notre installation dans cette nouvelle demeure, le général me dit : « Ma « chère amie, vous pensez que j'ai dû songer « à vous assurer, dans ce pays, une existence « convenable, et la considération qui doit vous « accompagner partout. Je vous préviens donc « qu'à dater de ce jour, vous...
Page 7 - Je les raconterai tous, soit qu'ils m'accusent ou me justifient moi-même, soit qu'ils élèvent ou qu'ils abaissent les hommes au milieu desquels j'ai vécu. Ce principe me guidera dans la révélation que je vais faire des secrets de ma vie privée ; il serait encore ma règle invariable, si j'avais à écrire l'histoire des rois, ou les annales des nations. J'ai de grandes fautes à avouer : ce serait sans doute les aggraver encore que de leur chercher une excuse j on me saura peut-être quelque...
Page 26 - ... de ses jours. Dès la nuit suivante, une fièvre ardente se déclara : nous ne pouvions pas aller plus loin; il fallut rester dans la chétive auberge où nous nous trouvions. Le onzième jour de la maladie, 27 décembre 1787, je n'avais plus de père ! La mort de ce père adoré fut le premier malheur de ma vie : elle fut le présage de tous les maux qui m'ont accablée depuis bien des années ; elle fut surtout la cause des fautes que je n'aurais jamais commises si j'avais eu près de moi l'ami...
Page 14 - Mon père fut accusé d'avoir soulevé ses vassaux contre la puissance impériale, et condamné, comme rebelle, au bannissement. Il avait alors vingt et un ans. Irrité de se voir dépouillé de tous ses biens, et chassé de sa patrie pour un crime imaginaire, il ne songea plus qu'à se venger. L'occasion de provoquer au combat son persécuteur se présenta bientôt : ce combat fut heureux pour mon père, et fatal à son adversaire, qui tomba baigné dans son sang. Empressé de porter des secours...
Page 76 - Marescot : il semblait que l'attention mêlée de surprise avec laquelle il me considérait me fit sentir pour la première fois tout le prix de la beauté; mes yeux rencontrèrent souvent les siens tandis qu'il était devant moi , et lorsqu'il fut parti je le voyais encore. La fortune et le rang de mon mari , la détermination qu'il avait prise de renoncer pour un temps du moins à sa patrie, plutôt que d'abjurer ses opinions politiques, attiraient sur lui comme sur moi l'attention et la curiosité...
Page 234 - Henri qui, debout sur son lit, s'efforçait d'atteindre un portrait de moi placé dans ma chambre : je lui dis de laisser le portrait et de venir m'embrasser. Il obéit en poussant un cri de joie. Le pauvre enfant n'avait encore que huit ans; mais combien de maux il avait déjà soufferts ! Depuis la mort de sa mère, livré à l'infâme mendiante, il n'avait pas cessé d'être en butte aux horreurs de la faim et aux plus mauvais traitemens en tous genres. Les nouveaux récits qu'il me fit...
Page 32 - C'était un brave Hollandais, fermement attaché à ses devoirs , et bien résolu à ne jamais tromper la confiance dont l'honorait sa maîtresse : « Mademoiselle ignore « sans doute, me dit-il en m'aidant à descendre « de cheval , que le village où elle doit aller de« main matin est à trois lieues d'ic.
Page 191 - ... repos et mon bonheur. Nous étions trop connus à Utrecht pour que mon arrivée dans cette ville pût rester long-temps ignorée. On ne fut pas surpris de me voir arriver sans Van - M*** ; on connaissait la liberté dont nous aimions à jouir vis-à-vis l'un de l'autre, mais on dut s'étonner de me voir arriver sans...
Page 44 - J'ai maintenant cinq pieds un pouce et demi ; je les avais dès lors, car depuis mon mariage je n'ai point grandi. Malheureusement ma raison était encore bien loin d'être formée ; j'aurais eu besoin d'un guide plus ferme et plus sévère que l'époux auquel les lois et ma propre volonté venaient de confier le soin .de ma destinée. Pourquoi se reposat-il si aveuglément lui-même sur la prudence d'une enfant ? Je n'aurais pas eu, depuis plus de vingt-cinq années, tant de malheurs et tant de...

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