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proportion des aptitudes des enfants. Liberté, mutualité, égalité devant la science comme devant la loi, telle est la traduction que nous proposons à la devise républicaine.

Il y a là, pour qui s'est rendu compte des expériences rapportées dans notre livre, tous les éléments suffisants pour une transformation sociale.

Qu'on se rappelle ce tableau désolant des conditions de l'ouvrier sans famille, perdu dans le paupérisme des grandes villes : vagabond dans l'enfance, corrompu dès l'apprentissage, insouciant et dissipé durant la jeunesse, vicieux et perverti quand il arrive à l'âge mûr, abandonné et misérable en sa vieillesse.

Qu'on en rapproche cette claire vision du développement normal du travailleur dans ses différentes phases, et qu'on ose dire que le progrès ne dépend pas de notre volonté !

Première phase : l'enfant recevant à l'école les plus féconds éléments du savoir, la famille suppléée par l'assistance de la commune ou de l'État dès qu'elle fait moralement défaut à l'enfant, l'enfant conquis ainsi par l'école sur la misère ou la prison, pour le plus grand profit, même pécuniaire, de la société ;

Deuxième phase : l'enseignement professionnel et l'apprentissage surveillé versant dans les carrières actives, non plus des << enfants de peine » qui deviennent des hommes de plaisir, mais de jeunes ouvriers réguliers et instruits, capables de se perfectionner rapidement;

Troisième phase la mutualité, ébauchée entre les élèves sous forme de société amicale, aboutissant à la société de secours, à l'approvisionnement en commun, au cautionnement réciproque, au syndicat professionnel, à la coopération, formant à la fois la stimulation et la protection de l'épargne;

Quatrième phase: d'heureux emplois de cette épargne confirmant et fortifiant le travailleur dans ses sentiments de

famille, de dignité personnelle, de prévoyance et de responsabilité, par la possession du mobilier et de l'outillage, l'établissement du. ménage et le maintien de la femme au foyer, l'acquisition progressive de la maison d'habitation et le placement des économies dans une banque populaire près de laquelle on puisse acquérir le droit au crédit;

Cinquième phase enfin le crédit venant couronner cette laborieuse et sage conduite, en procurant le succès mérité par le talent professionnel.

Voilà, en raccourci, non seulement à mon sens, mais au témoignage de l'expérience acquise dans les pays les plus avancés de l'Europe, les seuls moyens infaillibles pour la rénovation populaire.

Ils s'appuient sur deux bases fondamentales d'une part, sur l'ordre et la paix, qui, seuls, permettent la floraison des libertés; d'autre part, sur la prospérité publique, qui fait l'abondance des capitaux et la facilité du crédit.

En ce sens, le salariat lui-même est absolument solidaire de la fortune de la nation. Aussi, quelle erreur profonde de n'être pas patriote ou de se poser en adversaire de l'accroissement des richesses!

Le problème de l'épargne et du crédit, autant dire de l'émancipation du travail, ne peut trouver sa solution que dans un pays prospère. Le chômage, a-t-on observé justement, est la source de tous les désordres sociaux. Là où il n'y a pas de chômage, il n'y a ni haines, ni révoltes, n vices du paupérisme, ni tentations absurdes de renversement social. Or, le chômage ne devient de plus en plus rare, les salaires ne deviennent de plus en plus rémuné– rateurs, qu'avec le progrès économique, l'augmentation de la production, le développement des travaux publics et de l'outillage national, la multiplication des inventions et des machines, l'extension des débouchés, les bienfaits du libre

échange, la diminution relative des charges et des impôts. Et tout cela encore n'est dû qu'à la discipline sociale et au patriotisme.

Il y a enfin un dernier enseignement à tirer de notre étude. Π ya En jetant un regard en arrière sur toutes les réformes, en cours ou en projet, qui y sont exposées, on n'en trouvera pas une, je pense, qui, prise en soi, paraisse impraticable; chacune est simple et semble facile. Le nombre pourtant en est si grand, l'ensemble en est si complexe, qu'on craindra, en somme, de se heurter à des obstacles insurmontables. On se sent comme enserré dans un réseau à mailles étroites, et il est parfaitement certain qu'on n'arriverait jamais à le rompre si l'on se fiait à ses seules forces.

Rien n'est plus propre à démontrer la nécessité absolue d'un concert universel; et cette étude ne serait pas sans fruit, si nous en gardions la conviction que les réformes ne sont possibles qu'avec la collaboration du pays tout entier.

Il ne faut donc pas se lasser de répandre ce que l'on croit être la vérité sociale. Il arrive un moment où ce qui est voulu ou simplement désiré par tout le monde à la fois, arrive comme de soi-même. En d'autres termes, tous les efforts individuels, s'ajoutant les uns aux autres, aboutissent à un résultat formidable, dont on ne prévoyait pas la puissance. Pas un coup de marteau, de pioche ou de ciseau, ne se donne utilement qui n'ait son retentissement sur la société entière. Pour moi, je voudrais bien avoir fait, dans ce livre, autant que le modeste forgeron, qui ferre le cheval du médecin de campagne, pour lui permettre d'aller plus vit au secours des pauvres souffrants.

FIN

INDEX ALPHABÉTIQUE

(Les noms propres sont en italique.)

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Agents provocateurs de l'épargne,
75, 233.

Agricole (population), 25, 41, 48.
Agriculture, 39, 62, 301, 305, 382,
414, 485.

Alcool, 423.

Alcoolisme, 14, 424.

Aléa des placements, 102.
Allain-Targé, 113.

ALLEMAGNE, 5, 66, 157, 200, 448,
456.

Allumettes, 420, 429.

Alsace, 87.

Alvarès (Léon), VII.

Amelin (Alcide), VII.

Amendes et condamnations 'judi-
ciaires, 391.

AMÉRIQUE. (Voir États-Unis.)
Amicales (sociétés), 38, 493, 499.
Amiens, 495.
Amouroux, 271.
Amsterdam, 364.

Andelarre (marquis d'), 385.
Andrimont (Léon d'), 219.
Angers, 495.

ANGLETERRE, 18, 23, 66, 67, 71,
141, 144, 159, 174, 216, 299, 365,
394, 428.

Annonces, 394, 404.

Anonymat, 31, 39, 330, 416, 435.
Ansell, 145.

Antagonisme du travail et du ca-
pital, 39, 287.

Antagonisme de l'alcool et du vin,
427.

Applications scientifiques, 480.
Apprentissage, 16, 273, 440, 451
485, 496, 501, 503.
Approvisionnement (sociétés d'),

201.

Arbel (Lucien), 326.

Arbitrages professionnels, 279.
Arréat (Lucien), VII.

Arts et métiers (écoles d'), 495.
Assistance, charité, philanthropie,
3, 35. 85, 90, 92, 97, 156, 198,
206, 219, 222, 232, 271, 288,
450.

Association mutuelle, 38, 125, 162,
286, 434, 492, 511.

Associations (rôle et nature des`,
38, 69, 76, 127, 132, 147, 303.
Assommoir, 13, 426.
Assurance, 39, 61, 100, 110, 114,
128, 149, 152, 155, 170, 191, 223,
253, 256, 406.

Ateliers préparatoires, 273.
Ateliers dans les écoles. (Voir Tra-
vail manuel.)
Aubry (Maurice), 385.
Audiffred, 427.

Audiganne (A.), 56, 88, 148, 197,

339, 362, 364.

Aumône considérée comme restitu-
tion, 36. (Voir Assistance.)
AUTRICHE, 456.

Auxiliaires de l'épargne et de la

coopération, 62, 192.
Avances (sociétés ou banques d').
Voir Mutualité de crédit, Prêts.
Avances de l'État aux départements

et communes, pour les dépenses
de l'instruction publique, 460.

Baisse des objets de consommation.
(Voir Hausse des salaires.)
Banque de Cannes, 234.
Banque de France, 231.
Banques d'avances, en Allemagne.
(Voir Mutualité de crédit.)
Banques d'Écosse, 5, 60, 75, 106,
293, 295.

Banques de secours, 206, 219, 232.

(Voir Monts-de-piété.)
Barberet (J.), 262, 263, 352.
Barbier (J.), VII.

Barnabé de Terni, 80.

Barodet (Seine), 444, 507.

Barodet (G.-A.), de Londres, 297.

Baron (Louis), VII.

Baux agricoles, 62.
Baux au porteur, 167.
Belfort, 89.

BELGIQUE, 67, 70, 210, 432,446, 479.
Belle, 427.

Beluze (J.-P.) et Cie, 226.

Bénéfices des sociétés de consom-
mation, 161, 174, 179, 188-190,
196.

Bénéfices des banques populaires,

220-221. (Voir Pertes.)
Berger, 476, 477, 478.
Bernardin de Feltre, 80.

Bert (Paul), 326, 443, 446, 459,
468, 488, 490, 495.
Bertrand (Joseph), VII.

Besançon, 495.
Billon et Isaac, 338.
Bixio (Maurice), 326.
Blair, 301.

Blaise (des Vosges), 230.
Blanc (Louis), 507.
Bleneau (Yonne), 186.
Block (Maurice), 305.
Bocquet, 507.

Boissons, (régime fiscal des), 423.
Bolbec, 89.

Bon de commande, 323.
Bordeaux, 147, 196, 495.
Bouchet, 507.

Bouilleurs de cru et de profession,

428.

Bourgeoisie, 48, 95, 235, 290, 331.
Bourse du travail, 270.

Bourses scolaires, 470, 494, 501.
Boutmy, VIII.

Bréal (Michel), 478, 481.
Brelay (Ernest), 178, 194.
Brevet d'aptitude professionnelle,
269, 323, 499.

Briggs, 337.

Budget de l'instruction, 459.
Budget général de 1880, 372.

Building societies, 169.

Buisson (F.), 444, 459.

Bureaux de bienfaisance, 156, 468.
Bureaux de placement, 269.

Cacheux, 95.

Cadastre, 380.
Cail, 365.

Caisse d'épargne belge, 70.
Caisse d'épargne de Milan, 71.
Caisse d'épargne postale, 67.
Caisse de retraites pour la vieillesse,
administrée par l'État, 108, 119,
153, 359.

Caisse d'escompte des associations
populaires de crédit, de produc-
tion et de consommation (1865-
1867), 228.

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