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encore cette connaissance du vrai système du monde ne fut en Chaldée

que le Partage du petit nombre des philosophes. C'est le sort de toutes les grandes vérités; et les Grecs, qui vinrent ensuite, n'adoptèrent que le système commun, qui est le système des enfants.

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Quatre cent soixante et dix mille ans *), c'est beaucoup pour nous autres qui sommes

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Notre sainte religion, si supérieure en tout à nos lumières, nous apprend que le monde n'est fait que depuis environ six mille années, selon ·la Vulgate, ou environ sept mille suivant les Septante. Les interprètes de cette religion ineffable nous enseignent qu'Adam eut la science infuse, et que tous les arts se perpétuèrent d'Adam à Noé. Si c'est là en effet le sentiment de. nous l'adoptons d'une for ferme et constante, soumettant d'ailleurs tout ce que nous écrivons au jugement de cette sainte Église, qui est infaillible. C'est vainement que l'empereur Julien, d'ailleurs si respectable par sa vertu, sa valeur et sa science, dit, dans son discours censuré par le grand et modéré saint Cyrille, que, soit qu'Adam eût la science infuse ou non, Dieu ne pouvait lui ordonner de ne point toucher à l'arbre de la science du bien et du mal, que Dieu devait au contraire lui commander de manger beaucoup de fruits de cet arbre, afin de se perfectionner dans la science infuse s'il l'avait, et de l'acquérir, s'il ne l'avait pas, On sait avec quelle sagesse saint Cyrille a réfuté cet argument. En un mot, nous prévenons toujours le lecteur

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d'hier; mais c'est bien peu de choses pour l'univers entier. Je sais bien que nous ne pouvons adopter ce calcul; que Cicéron s'en est moqué, qu'il est exorbitant, et que surtout nous devons croire au Pentateuque, plu- tôt qu'à Sanchoniathon et à Bérose; mais, encore une fois, il est impossible (humainement parlant) que les hommes soient parvenus, en dix-neuf cents ans, à deviner de si étonnantes vérités. Le premier art est celui de pourvoir à la subsistance; ce qui était autrefois beaucoup plus difficile aux hommes qu'aux brutes: le second, de former un langage; ce qui certainement demande un espace de temps très-considérable: le troisième, de se bâtir quelques huttes: le quatrième, de se vêtir. Ensuite, pour forger le fer, ou pour y suppléer, il faut tant de hasards heureux, tant d'industrie, tant de siècles, qu'on n'imagine pas même comment les hommes en sont venus à bout. Quel saut, de cet état à l'astronomie!!

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Long-temps les Chaldéens gravèrent leurs observations et leurs lois sur la brique, en hieroglyphes, qui étaient des caractères parlants; usage que les Egyptiens connurent après plusieurs siècles. L'art de transmettre

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que nous ne touchons en aucune manière aux choses sacrées. Nous protestons contre toutes les fausses interprétations, contre toutes les inductions malignes que l'on voudrait tirer de nos paroles.

ses pensées par des caractères alphabétiques ne dut être inventé que tres-tard dans cette partie de l'Asie.

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Il est à croire qu'au temps où les Chal déens bâtirent des villes, ils commençèrent à se servir de l'alphabet. Comment faisait-on auparavant? dira-t-on. Comme on fait dans mon village, et dans cent mille villages du monde, où personne ne sait ni lire ni écrire, et cependant où l'on s'entend fort bien; où les arts nécessaires sont cultivés, et même quelquefois avec génie,

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Babylone était probablement une très-ancienne bourgade avant qu'on en eût fait une ville immense et superbe. Mais qui a bâti cette ville? je n'en sais rien. Est-ce Semiramis? est-ce Belus? est-ce Nabonassar? Il n'y a peut-être jamais eu dans l'Asie ni de femme appelée Semiramis, ni d'homme appelé Bélus *). C'est comme si nous donnions à des villes grecques les noms d'Armagnae et d'Abbeville. Les Grecs, qui changèrent toutes les terminaisons barbares en mots grecs, dénaturerent tous les noms asia-. tiques. De plus, l'histoire de Sémiramis ressemble en tout aux contes orientaux.

Nabonassar, ou plutôt Nabon-assor, est probablement celui qui embellit et fortifia Babylone, et en fit à la fin une ville si superbe. Celui-la

dans est un véritable monarque, conna

par Fère qui porte son nom.

"Bel est le nom de Dieu.

Cette ere incontestable ne commence que 747 ans avant la nôtre; ainsi elle est très-moderne par rapport au nombre des siècles nécessaires pour arriver jusqu'à l'établissement des grandes dominations. Il paraît, par le nom même de Babylone, qu'elle existait long-temps avant Nabonassar. C'est la ville du père Bel. Bab signifie père en chaldéen, comme l'avoue d'Herbelot. Bel est le nom du seigneur. Les Orientaux ne la connurent jamais que sous le nom de Babel, ville du seigneur, la ville de Dieu, ou, selon d'autres, la porte de Dieu.

Il n'y a pas eu probablement plus de Ninus, fondateur de Ninvah, nommée par nous Ninive, que de Bélus, fondateur de Babylone. Nul prince asiatique ne porta un nom en us.

Il se peut que la circonférence de Babylone ait été de vingt-quatre de nos lieues moyennes; mais qu'un Ninus ait bâti sur le Tigre, si près de Babylone, une ville appellée Ninive, d'une étendue aussi grande, e'est ee qui ne paraît pas croyable. On nous parle

de trois puissants empires qui subsistả

la fois, celui de Babylone, celui d'Assyrie ou de Ninive, est celui de Syrie ou de Damas. La chose est peu vraisemblable: c'est comme si l'on disait qu'il y avait à la fois dans une partie de la Gaule trois puissants empires, dont les capitales, Paris, Soissons et Orleans, avaient chacune vingt-quatre lieues de tour.

J'avoue que je ne comprends rien aux deux empires de Babylone et d'Assyrie. Plusieurs

savants, qui ont voulu porter: quelques lumières dans ces ténèbres, ont affirmé que l'Assyrie et la Chaldée n'étaient que le même empire, gouverné quelquefois par deux princes, l'un résidant à Babylone, l'autre à Ninive; et ce sentiment raisonnable peut être adopté, jusqu'à ce qu'on en trouve un plus raisonnable

encore.

Ce qui contribue à jeter une grande vrai semblance sur l'antiquité de cette nation, c'est cette fameuse tour élevée, pour observer les astres. Presque tous les commentateurs, ne pouvant contester ce monument, se croient obligés de supposer que c'était un reste de la tour de Babel que les hommes voulurent élever jusqu'au ciel. On ne sait pas trop ce le ciel; que les commentateurs entendent par est-ce la lune? est-ce la planète de Vénus? il y a loin d'ici là. Voulaient-ils seulement élever une tour un peu haute? Il n'y a là ni aucun mal ni aucune difficulté, supposé qu'on ait beaucoup d'hommes, beaucoup d'instruments et de vivres.

La tour de Babel, la dispersion des peuples, la confusion des langues, sont des choses, comme on sait, très-respectables, auxquelles nous ne touchons point. Nous ne parlons ici que de Nobservatoire, qui n'a rien de commun avec les histoires juives.me

Si Nabonassar éleva cet édifice, il faut au moins avouer que les Chaldéens eurent un observatoire plus de deux mille quatre cents ans avant nous.. Concevez ensuite combien

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