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mœurs, des usages, des façons de parler anciennes, par les nôtres; elles ne se ressemblent pas plus que la langue française ne ressemble au chaldéen et à l'arabe.

Le Seigneur ordonne d'abord au prophète Osée, chap. Ir, de prendre pour sa femme une prostituée, et il obéit. Cette prostituée lui donne un fils. Dieu appelle ce fils Jezraël: c'est un type de la maison de Jéhu, qui périra, parce que Jéhu avait tué Joram dans Jezraël. Ensuite le Seigneur ordonne à Osée, chap. III, d'épouser une femme adultère, qui soit aimée d'un autre, comme le Seigneur aime les enfants d'Israël qui regardent les dieux étrangers, et qui aiment le marc de raisin. Le Seigneur, dans la prophétie d'Amos, chap. IV, menace les vaches de Samarie de les mettre dans la chaudière. Enfin, tout est l'opposé de nos mœurs et de notre tour d'esprit; et, si l'on examine les usages de toutes les nations orientales, nous les trouverons également opposés à nos coutumes, non-seulement dans les temps reculės, mais aujourd'hui même, lorsque nous lés connaissons mieux.

DES PRIERES DES JUIFS.

Il nous reste peu de prières des anciens peuples: nous n'avons que deux ou trois formules des mystères, et l'ancienne prière à Isis, rapportée dans Apulée. Les Juifs ont conservé les leurs.

Si l'on peut conjecturer le caractère d'une nation par les prières qu'elle fait à Dieu, on s'apercevra aisément que les Juifs étaient un peuple charnel et sanguinaire. Ils paraissent, dans leurs psaumes, souhaiter la mort du pécheur plutôt que sa conversion; et ils demandent au Seigneur, dans le style oriental, tous les biens terrestres.

»*) Tu arroseras les montagnes, sera rassasiée de fruits.<<

la terre

»**) Produis le foin pour les bêtes, et »l'herbe pour l'homme. Tu fais sortir le »pain de la terre, et le vin qui réjouit le >>cœur; tu donnes l'huile qui répand la joie sur le visage.<<

****) Juda est une marmite remplie de »viandes; la montagne du Seigneur est une montagne coagulée, une montagne grasse. »Pourquoi regardez-vous les montagnes coa»gulées ?«

Mais il faut avouer que les Juifs maudis Bent leurs ennemis dans un style non moins figuré.

†) Demande-moi, et je te donnerai en hé>>ritage toutes les nations; tu les régiras avec yune verge de fer.<<

»tt) Mon Dieu, traitez mes ennemis selon >>leurs œuvres, selon leurs desseins méchants; punissez-les comme ils le méritent.<«<

»ttt) Que mes ennemis impies rougissent, qu'ils soient conduits dans le sépulcre.<<

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»*) Seigneur, prenez vos armes et votre >>bouclier, tirez votre épée, fermez tous les >>passages; que mes ennemis soient couverts »de confusion; qu'ils soient comme la pous >>sière emportée par le vent; qu'ils tombent »dans le piège.<

»**) Que la mort les surprenne, qu'ils des>cendent tout vivants dans la fosse.<<

»***) Dieu brisera leurs dents dans leur >>bouche; il mettra en poudre les mâchoires >>de ces lions.<<<

»****) Ils souffriront la faim comme des »chiens; ils se disperseront pour chercher »à manger, et ne seront point rassasiés.<<

») Je m'avancerai vers l'Idumée, et je la >>foulerai aux pieds.<<

»tt) Réprimez ces bêtes sauvages; c'est »une assemblée de peuples semblables à des >>taureaux et à des vaches.... Vos pieds

seront baignés dans le sang de vos ennemis, >>et la langue de vos chiens en sera abreu>>vée.<<

ttt) Faites fondre sur eux tous les traits de votre colère; qu'ils soient exposés à votre >>fureur; que leur demeure et leurs tentes >>soient désertes.<<

»tttt) Répandez abondamment votre co»lère sur les peuples à qui vous êtes in

>connu.<<

Psaumes XXXIV. **) LIV. ***) LVII.

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††) LXVII.

††††) LXXVIII.

*) Mon Dieu, traitez-les comme les Madia»nites; rendez-les comme une roue qui tourne >>toujours, comme la paille que le vent em>>porte, comme une forêt brulée par le feu.« »**) Asservissez le pécheur; que le ma>>lin soit toujours à son côté droit.<<

»Qu'il soit toujours condamné quand il >plaidera.<<

>>Que sa prière lui soit imputée à péché; »que ses enfants soient orphelins, et sa femme >veuve; que ses enfants soient des mendiants »vagabonds; que l'usurier enlève tout son >bien.<<<

»***) Le Seigneur, juste, coupera leurs »têtes; que tous les ennemis de Sion soient >>comme l'herbe sèche des toits.<<<

»†) Heureux celui qui éventrera tes petits >>enfants encore à la mamelle, qui les écra »sera contre la pierre!<<

On voit que si Dieu avait exaucé toutes les prières de son peuple il ne serait resté que des Juifs sur la terre: car ils détestaient toutes les nations, ils en étaient détestés; et, en demandant sans cesse que Dieu exterminât tous ceux qu'ils haïssaient, ils semblaient demander la ruine de la terre entière. Mais il faut toujours se souvenir que non-seulement les Juifs étaient le peuple chéri de Dieu, mais l'instrument de ses vengeances. C'était par lui qu'il punissait les péchés des

*Psaumes LXXXII. **) CVIII. ***) CXXVIII. †) CXXXVI.

autres nations, comme il punissait son peuplé par elles. Il n'est plus permis aujourd'hui de faire les mêmes prières, et de lui demander qu'on éventre les mères et les enfants encore à la mamelle, et qu'on les écrase contre la pierre. Dieu étant reconnu pour le père commun de tous les hommes, aucun peuple ne fait ces imprécations contre ses voisins. Nous avons été aussi cruels quelquefois que les Juifs; mais en chantant leurs psaumes nous n'en détournons pas le sens contre les peuples qui nous font la guerre. C'est un des grands avantages que la loi de grâce a sur la loi de rigueur: et plût à Dieu que, sous une loi sainte, et avec des prières divines, nous n'eussions pas répandu le sang de nos frères et ravagé la terre au nom d'un Dieu de miséricorde!

DE JOSEPHE, HISTORIEN DES JUIFS.

ON ne doit pas s'étonner que l'histoire de Flavien - Josèphe trouvât des contradicteurs quand elle parut à Rome. Il est vrai qu'il n'y en avait que très-peu d'exemplaires; il fallait au moins trois mois à un copiste ha❤ bile pour la transcrire. Les livres étaient très-chers et très-rares: peu de Romains daignaient lire les annales d'une chétive nation d'esclaves, pour qui les grands et les petits avaient un mépris égal. Cependant il paraît, par la réponse de Josèphe à Apion, qu'il trouva un petit nombre de lecteurs; et

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