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que la syllabe Hou, adoptée enfin par les Turcs, qui la prononcent avec plus de respect. encore que le mot Allah; car ils se servent d'Allah dans la conversation, et ils n'emploient Hou que dans leurs prières..

Disons ici en passant que l'ambassadeur turc Seid-Effendi, voyant représenter à Paris le Bourgeois gentilhomme, et cette cérémonie ridicule dans laquelle on le fait Turc, quand il entendit prononcer le nom sacré Hou avec dérision et avec des postures extravagantes, il regarda ce divertissement comme la profanation la plus abominable.

Revenons. Les prêtres d'Egypte nourrissaient-ils un bœuf sacré, un chien sacré, un crocodile sacré? Qui. Et les Romains eurent aussi des oies sacrées. Ils eurent des. dieux de toute espèce; et les dévotes avaient parmi leurs pénates le dieu de la chaise percée, Deum stercutium;; et le dieu Pet, Deum crepitum mais en reconnaissaient-ils moins le Deum optimum maximum, le maître des dieux et des hommes? Quel est le pays qui n'ait pas eu une foule de superstitieux et un petit nombre de sages?

Ce qu'on doit surtout remarquer de l'É-gypte et de toutes les nations, c'est qu'elles n'ont jamais eu d'opinions constantes; comme elles n'ont jamais eu de lois toujours uniformes, malgré l'attachement que les hommes ont à leurs anciens usages. Il n'y a d'immuable que la géométries tout le reste est une variation continuelle

Les savants disputent, et disputeront. L'un assure que les anciens peuples ont tous été idolâtres, l'autre le nie. L'un dit qu'ils n'ont adoré qu'un Dieu sans simulacre, Fautre qu'ils ont révéré plusieurs dieux dans plu sieurs simulacres; ils ont tous raison; il n'y a seulement qu'à distinguer le temps et les. hommes qui ont changé: rien ne fut jamais d'accord. Quand les Ptolomées et les principaux prêtres se moquaient du bœuf Apis, le peuple tombait à genoux devant lui.

Juvenal a dit que les Egyptiens adoraient des, ognons: mais aucun historien ne l'avait dit. Il y a bien de la différence entre un ognon sacré et un ognon dieu; on n'adore pas tout ce qu'on place, tout ce que l'on consacre sur un autel. Nous lisons dans Ciceron que les hommes qui ont épuisé toutes les superstitions ne sont point parvenus encore à celle de manger leurs dieux, et que c'est la seule absurdité qui leur manque.

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La circoncision vient-elle des Egyptiens, des Arabes, ou des Ethiopiens? Je n'en sais rien. Que ceux qui le savent le disent. Tout ce que je sais, c'est que les prêtres de l'antiquité s'imprimaient sur le corps des marques de leur consécration; comme depuis on marqua d'un fer ardent la main des soldats romains.. Là, des sacrificateurs se tailladaient le corps, comme firent depuis les prêtres de Bellone: ici, ils se faisaient eunuques, comme les prêtres de Cybèle. Ce n'est point du tout par un principe de

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santé que les Éthiopiens, les Arabes, les Egyptiens, se circoncirent. On a dit qu'ils avaient le prépuce trop long; mais, si l'on peut juger d'une nation par un individu, j'ai vu un jeune Ethiopien qui, né hors de sa patrie, n'avait point été circoncis; je puis assurer que son prépuce était précisément comme les nôtres.

Je ne sais pas quelle nation s'avisa la première de porter en procession le kteis et le phallum, c'est-à-dire la représentation des signes distinctifs des animaux mâles et femelles; cérémonie aujourd'hui indécente, autrefois sacrée: les Egyptiens eurent cette coutume. On offrait aux dieux des prémices; on leur immolait ce qu'on avait de plus précieux: il paraît naturel et juste que les prêtres offrissent une légère partie de l'organe de la génération à ceux par qui tout sengendrait. Les Ethiopiens, les Arabes, circoncirent aussi leurs filles, en coupant une très-légère partie des nymphes; ce qui prouve bien que la santé ni la netteté ne pouvaient être la raison de cette cérémonie, car assurément une fille incirconcise peut être aussi propre qu'une circoncise.

Quand les prêtres d'Egypte eurent consacré cette opération, leurs initiés la subirent aussi; mais, avec le temps, on abandonna aux seuls prêtres cette marque distinc tive. On ne voit pas qu'aucun Ptolomée se soit fait circoncire; et jamais les auteurs romains ne flétrirent le peuple égyptien du

nom d'Apella, qu'ils donnaient aux Juifs. Ces Juifs avaient pris la circoncision des Egyptiens, avee une partie de leurs cérémonies. Ils l'ont toujours conservée, ainsi que les Arabes et les Ethiopiens. Les Turcs s'y sont soumis, quoiqu'elle ne soit pas ordonnée dans TAlcoran. Ce n'est qu'un ancien usage qui commença par la superstition et qui s'est conservé par la coutume.

DES MYSTÈRES DES ÉGYPTIENS.

Je suis bien loin de savoir quelle nation inventa la première ces mystères qui furent si accrédités depuis l'Euphrate jusqu'au Tibre. Les Egyptiens ne nomment point l'auteur des mystères d'Isis. Zoroastre passe pour en avoir établi en Perse; Cadmus et Inachus, en Grèce; Orphée, en Thrace; Minos, en Crète. Il est certain que tous ces mystères annonçaient une vie future; car Celse dit aux chrétiens *): »Vous vous vantez de croire »des peines éternelles, et tous les ministres. >>des mystères ne les annoncèrent-ils pas aux »initiés ?«<

Les Grecs, qui prirent tant de choses des Egyptiens: leur Tartharoth, dont ils firent le Tartare; le lac, dont ils firent l'Achéron; le batelier Caron, dont ils firent le nocher des morts, n'eurent leurs fameux mystères d'Eleusine que d'après ceux d'Isis. Mais que

* Origène, liv. VIII.

les mystères de Zoroastre n'aient pas précédé ceux des Egyptiens, c'est ce que personne ne peut affirmer. Les uns et les autres étaient de la plus haute antiquité; et tous les auteurs grecs et latins qui en ont parlé conviennent que l'unité de Dieu, l'immortalité de l'âme, les peines et les récompenses après la mort, étaient annoncées dans ces. cérémonies sacrées..

Il y a grande apparence que les Égyptiens, ayant une fois établi ces mystères, en conservèrent les rites; car, malgré leur extrême légèreté, ils furent constants dans la superstition. La prière que nous trouvons dans Apulée, quand Lucius est initié aux mystères d'Isis, doit être l'ancienne prière. »>Les puis>>sances célestes te servent, les enfers te sont >>soumis, l'univers tourne sous ta main, tes »pieds foulent le Tartare, les astres répon>>dent à ta voix, les saisons reviennent à tes »ordres, les éléments t'obéissent, etc.«

Peut-on voir une plus forte preuve de l'unité de Dieu, reconnue par les Egyptiens. au milieu de toutes les superstitions méprisables?

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DES GREGS DE LEURS ANCIENS DELUGES, DE LEURS ALPHABETS, ET DE LEUR GÉNIE.

LA Grèce est un petit pays montagneux, entrecoupé par la mer, à peu-près de l'étendue de la Grande-Bretagne. Tout atteste, dans cette contrée, les révolutions physiques

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