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>>cement et sans fin. Il a tout fait, il gou >verne tout. Il est infiniment bon, infini. »ment juste; il éclaire, il soutient, il règle >toute la nature.<<<

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On a reproché, en Europe, aux jésuites, qu'on n'aimait pas, de, flatter les athées de la Chine. Un Français appelé Maigrot, nommé par un pape évêque in partibus de Conon, la Chine fut député par ce même pape pour aller juger le procès sur les lieux. Ce Maigrot ne savait pas un mot de Chinois, cependant il traita Confucius d'athée, sur ces paroles de ce grand homme: >>Le ciel >>m'a donné la vertu, l'homme ne peut me »nuire.« Le plus grand de nos saints n'a jamais débité de maxime plus céleste. Si Confucius était athée, Caton et le chancelier de l'Hospital, l'étaient aussi.

Répétons ici, pour faire rougir la calonnie, que les mêmes hommes qui soutenaient contre Bayle qu'une société d'athées était impossible, avançaient en même temps que le plus ancien gouvernement de la terre était une société d'athées. Nous ne pouvons trop nous faire honte de nos contradictions.

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Répétons encore que les lettres chinois, adorateurs d'un seul Dieu, abandonnèrent le peuple aux superstitions des bonzes. Ils recurent la secte de Laokium, et celle de Fo, et plusieurs autres. Les magistrats sentirent que le peuple pouvait avoir des religions différentes de celle de l'état, comme il a

une nourriture plus grossière; ils souffrirent les bonzes, et les continrent. Presque partout ailleurs ceux qui faisaient le métier de bonzes. avaient l'autorité principale..

Il est vrai que les lois de la Chine ne parlent point de peines et de récompenses après. la mort: ils n'ont point voulu affirmer ce qu'ils ne savaient pas. Cette différence entre eux et tous les grands peuples policés est très-étonnante. La doctrine de l'enfer était utile, et le gouvernement des Chinois ne l'a jamais admise. Ils se contentèrent d'exhorter les hommes à révérer le ciel et à être justes: ils crurent qu'une police exacte, toujours exercée, ferait plus d'effet que des opinions qui peuvent être combattues, et qu'on craindrait plus la loi, toujours présente, qu'une loi à venir. Nous parlerons,, en son temps, d'un autre peuple infiniment moins considérable qui eut à peu près la même idée, ou plutôt qui n'eut aucune idée,. mais qui fut conduit par des voies inconnues. aux autres hommes..

Résumons ici seulement que l'empire chinois subsistait avec splendeur, quand les Chaldéens commençaient le cours de ces. dix-neufs cents années d'observations astronomiques, envoyées en Grèce par Callisthenes. Les brames régnaient alors dans. une partie de l'Inde; les Perses avaient leurs lois; les Arabes, au midi, les Scythes, au septentrion, habitaient sous des tentes; l'E

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gypte, dont nous allons parler, était un puis.

sant royaume.

DE LEGYPTE.

IL me paraît sensible que les Egyptiens, tout antiques qu'ils sont, ne purent être rassemblés en corps, civilisés, policés, industrieux, puissants, que très-long-temps après tous les peuples que je viens de pas ser en revue. La raison, en est évidente, L'Égypte, jusqu'au Delta, est resserrée par deux chaînes de rochers, entre lesquels le Nil se précipite, en descendant l'Ethiopie du midi au septentrion. Il n'y a, des cataractes du Nil à ses embouchures, en ligne droite, que cent soixante lieues de trois mille pas géométriques et la largeur n'est que de dix à quinze et vingt lieues jusqu'au Delta, partie basse de l'Egypte, qui embrasse une étendue de cinquante lieues d'orient en oecident. A la droite du Nil sont les déserts de la Thébaïde; et à la gauche, les sables inhabitables de la Lybie, jusqu'au petit pays. où fut bâti le temple d'Ammon.

Les inondations du Nil durent, pendant des siècles, écarter tous les colons d'une terre submergée quatre mois de l'année; ces eaux croupissantes s'accumulant continuellement durent long-temps faire un marais de toute l'Égypte. Il n'en est pas ainsi des bords de l'Euphrate, du Tigre, de l'Inde, du Gange, et d'autres rivières qui se débordent aussi

presque chaque année, en été, à la fonte des neiges. Leurs débordements ne sont pas si grands, et les vastes plaines qui les environnent donnent aux cultivateurs toute la liberté de profiter de la fertilité de la terre.

Observons surtout que la peste, cé fléau attaché au genre animal, règne une fois en dix ans au moins en Egypte: elle devait être beaucoup plus destructive, quand les eaux du Nil, en croupissant sur la terre, ajoutaient leur infection à cette contagion horrible; et ainsi la population de l'Egypte dut être trèsfaible pendant bien des siècles.

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L'ordre naturel des choses semble done démontrer invinciblement que l'Egypte fut une des dernières terres habitées. Les Troglodytes, nés dans des rochers dont le Nil est bordé, furent obligés à des travaux aussi longs que pénibles pour creuser des canaux qui reçussent le fleuve, pour élever des eabanes et les rehausser de vingt-cinq pieds au-dessus du terrain. C'est là pourtant ce qu'il fallut avant de bâtir Thèbes aux prétendues cent portes, avant d'élever Memphis et de songer à construire des pyramides. Il est bien étrange qu'aucun historien n'ait fait une réflexion si naturelle.

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Nous avons déjà observé que, dans le temps où l'on place les voyages d'Abraham, l'Egypte était un puissant royaume. Ses rois avaient déjà bâti quelques-unes de ces pyramides qui étonnent encore les yeux et Timagination. Les Arabes ont écrit que la

plus grande fut élevée par Saurid plusieurs siècles avant Abraham. On ne sait dans quel temps fut construite la fameuse Thèbes aux cent portes, la ville de Dieu, Diospolis. Il paraît que, dans ces temps reculés, les grandes villes portaient le nom de ville de Dieu, comme Babylone. Mais qui pourra croire que par chacune des cent portes de cette ville il sortait deux cents chariots armés en guerre et dix mille combattants? cela ferait vingt mille chariots et un million de soldats; et, à un soldat pour cinq per sonnes, ce nombre suppose au moins eing millions de têtes pour une seule ville, dans un pays qui n'est pas si grand que l'Espagne ou que la France, et qui n'avait pas, selon Diodoro de Sicile, plus de trois millions d'habitants et plus de cent soixante mille soldats pour sa défense. Diodore, au livre premier, dit que l'Egypte était si peuplée, qu'autrefois elle avait eu jusqu'à sept millions d'habitants, et que de son temps elle en avait encore trois millions.›

Vous ne croyez pas plus aux conquêtes de Sésostris qu'au million de soldats qui sortent par les cent portes de Thèbes. Ne peпsez-vous pas lire l'histoire de Picrocole, quand ceux qui copient Diodore vous disent que le père de Sésostris, fondant ses espérances sur un songe et sur un oracle, destina son fils à subjuguer le monde, qu'il fit élever à sa cour, dans le métier des armes, tous les enfants nés le même jour que ce fils; qu'on

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