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nous autres hommes nous avons besoin pour nos moissons d'un peu de pluie, de quelque chose de moins, d'un peu de rosée : faites de la rosée, envoyez sur la terre une goutte d'eau.

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L'ordre, la décoration, les effets de la nature, sont populaires les causes, les principes ne le sont point: demandez à une femme comment un bel œil n'a qu'à s'ouvrir pour voir, demandez-le à un homme docte.

Plusieurs millions d'années, plusieurs centaines de millions d'années, en un mot, tous les temps ne sont qu'un instant, comparés à la durée de Dieu, qui est éternelle tous les espaces du monde entier ne sont qu'un point, qu'un léger atome, comparés à son immensité. S'il est ainsi, comme je l'avance, car quelle proportion du fini à l'infini? je demande, qu'est-ce que le cours de la vie d'un homme? qu'est-ce qu'un grain de poussière qu'on appelle la terre? qu'est-ce qu'une petite portion de cette terre que l'homme possède et qu'il habite ? Les méchans prospèrent pendant qu'ils vivent : quelques méchans, je l'avoue. La vertu est opprimée, et le crime impuni sur la terre : quelquefois, j'en conviens. C'est une injustice. Point du tout. Il faudrait, pour tirer cette conclusion, avoir prouvé qu'absolument les méchans sont heureux, que la vertu ne l'est pas, et que le crime demeure impuni : il faudrait du moins que ce peu de temps où les bons souffrent, et où les méchans prospèrent, eût une durée, et que ce que nous appelons prospérité et fortune ne fût pas une apparence fausse et une ombre vaine qui s'évanouit ; que cette terre, cet atome, où il paraît que la vertu et le crime rencontrent si rarement ce qui leur est dû, fût le seul endroit de la scène où se doivent passer la punition et les récompenses.

De ce que je pense, je n'infere pas plus clairement que je suis esprit, que je conclus de ce que je fais, ou ne fais point, selon qu'il me plaît, que je suis libre: or liberté, c'est choix, autrement une détermination volontaire au bien ou au mal, et ainsi une action bonne ou mauvaise, et ce qu'on appelle vertu ou crime. Que le crime absolument soit impuni, il est vrai, c'est injustice; qu'il le soit sur la terre, c'est un mystère. Supposons pourtant, avec l'athée, que c'est injustice : toute injustice est une négation ou une privation de justice; donc toute injustice suppose justice. Toute justice est une conformité à une souveraine raison je demande, en effet, quand il n'a pas été raisonnable que le crime soit puni, à moins qu'on ne dise que c'est quand le triangle avait moins de trois angles or toute conformité à la raison est une vérité; cette conformité, comme il vient d'être dit, a toujours été, elle est donc de celle que l'on appelle des éternelles vérités. Cette vérité d'ailleurs, ou n'est

point, et ne peut être, ou elle est l'objet d'une connaissance : elle est donc éternelle cette connaissance : et c'est Dieu.

Les dénoûmens qui découvrent les crimes les plus cachés, et où la précaution des coupables pour les dérober aux yeux des hommes a été plus grande, paraissent si simples et si faciles, qu'il semble qu'il n'y ait que Dieu seul qui puisse en être l'auteur ; et les faits d'ailleurs que l'on en rapporte sont en si grand nombre, que s'il plaît à quelques uns de les attribuer à de purs hasards, il faut donc qu'ils soutiennent que le hasard de tout temps a passé en coutume.

Si vous faites cette supposition, que tous les hommes qui peuplent la terre, sans exception, soient chacun dans l'abondance, et que rien ne leur manque, j'infère de là que nul homme qui est sur la terre n'est dans l'abondance, et que tout lui manque. Il n'y a que deux sortes de richesses, et auxquelles les autres se réduisent, l'argent et les terres : si tous sont riches, qui cultivera les terres, et qui fouillera les mines? Ceux qui sont éloignés des mines ne les fouilleront pas, ni ceux qui habitent des terres incultes et minérales ne pourront pas en tirer des fruits on aura recours au commerce, et on le suppose. Mais si les hommes abondent de biens, et que nul ne soit dans le cas de vivre par son travail, qui transportera d'une région à une autre les lingots, ou les choses échangées? qui mettra des vaisseaux en mer? qui se chargera de les conduire? qui entreprendra des caravanes? on manquera alors du nécessaire et des choses utiles. S'il n'y a plus de besoins, il n'y a plus d'arts, plus de sciences, plus d'invention, plus de mécanique. D'ailleurs cette égalité de possessions et de richesses en établit une autre dans les conditions bannit toute subordination, réduit les hommes à se servir euxmêmes, et à ne pouvoir être secourus les uns des autres; rend les lois frivoles et inutiles; entraîne une anarchie universelle ; ; attire la violence, les injures, les massacres, l'impunité.

Si vous supposez, au contraire, que tous les hommes sont pauvres, en vain le soleil se lève pour eux sur l'horizon, en vain il échauffe la terre et la rend féconde, en vain le ciel verse sur elle ses influences, les fleuves en vain l'arrosent, et répandent dans les diverses contrées la fertilité et l'abondance; inutilement aussi la mer laisse sonder ses abîmes profonds, les rochers et les montagnes s'ouvrent pour laisser fouiller dans leur sein, et en tirer tous les trésors qu'ils y renferment. Mais si vous établissez que de tous les hommes répandus dans le monde, les uns soient riches, et les autres pauvres et indigens, vous faites alors que le besoin rapproche mutuellement les hommes, les lie, les réconcilie ceux-ci servent, obéissent, inventent, travaillent, cul

tivent, perfectionnent; ceux-là jouissent, nourrissent, secourent, protégent, gouvernent: tout ordre est rétabli, et Dieu se découvre.

Mettez l'autorité, les plaisirs et l'oisiveté d'un côté, la dépendance, les soins et la misère de l'autre; ou ces choses sont déplacées par la malice des hommes, ou Dieu n'est pas Dieu.

Une certaine inégalité dans les conditions, qui entretient l'ordre et la subordination, est l'ouvrage de Dieu, ou suppose une loi divine: une trop grande disproportion, et telle qu'elle se remarque parmi les hommes, est leur ouvrage, ou la loi des plus forts.

Les extrémités sont vicieuses, et partent de l'homme toute compensation est juste, et vient de Dieu.

Si on ne goûte point ces caractères, je m'en étonne; et si on les goûte, je m'en étonne de même.

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(4) Fontenelle.

(17) Jean

Baptiste Poquelin, si connu sous le nom de Molière, fils d'un valet-de-chambre-tapissier du roi; il naquit à Paris, environ l'an 1620.

(18) Le P. Malebranche, qui pense trop, et Nicole de Port-Royal, qui ne

pense pas assez.

(19) Fait par le sieur de Visé.

(20) Lulli, ou Francine, son gendre. Le premier était originairement laquais, ensuite violon."

(21) Mansard, architecte du roi, qui

(5) Charles Perrault, de l'Académie a prétendu avoir donné l'idée de la

francaise.

(6) Boileau et Racine.

(7) L'abbé Dangeau, frère du marquis de ce nom.

(8) Le présent livre des Caractères. (9) Le marquis de Tréville, ou l'abbé de Choisy.

(10) L'abbé Dangeau, ou de Brie, auteur des Amours du duc de Guise.

(11) Les cartes de l'abbé Dangeau. (12) Allusions aux différentes applications que l'on fait des caractères du présent livre.

(13) Cette pièce excita la jalousie du cardinal de Richelieu, qui obligea l'Académie francaise à la critiquer. (14) Boursault, auteur de la comédie d'Esope, et de quelques autres

ouvrages.

(15) Boileau.

belle fete de Chantilly.

(22) Quinault.

(23) Il parle contre l'Opéra.

(24) Sedition, dénoûment vulgaire

des tragédies.

(25) Les comédies de Baron. (26) L'Homme à bonnes fortunes, comédie de Baron.

(27) Le cardinal de Richelieu se déclara et s'anima contre Corneille l'aîné, auteur de la tragédie du Cid.

(28) Les romans.

(29) Les jésuites et les jansenistes. (30) Le P. Bouhours et le P. Bourdaloue, tous deux jésuites. (31) Ménage.

(32) L'abbé de Villiers, qui avait été jésuite.

(33) Le Noble, procureur général au parlement de Metz, auteur de quan

(16) La Bruyère, auteur du présent tité d'ouvrages d'esprit et d'érudition.

livre.

La Bruyère.

(34) Varillas et le P. Maimbourg. 17

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CHAPITRE II.

DU MÉRITE PERSONNEL.

(1) De Harlay, avocat-général, fils du premier président : madame de Harlay, fille du président, religieuse à Sainte-Elisabeth, où elle fut mise à cause de ses habitudes avec Dumesnil, musicien de l'Opéra.

(11) Le Basque, danseur de l'Opéra, ou Beauchamp.

(12) Philibert, joueur de la flûte allemande, dont la femme ayant empoisonné son premier mari, fut pendue et brûlée.

(13) Mademoiselle de Briou, qui, depuis son veuvage, se déclara absolument pour Philibert.

(14) La duchesse d'Aumont et ma

(2) De Courtanvaux, fils de M. de dame la maréchale de la Ferté.

Louvois.

(3) Louvois et ses enfans. (4) Le cardinal de Richelieu. (5) Vignon, peintre; Colasse, compositeur; Pradon, poëte dramatique. (6) L'archevêque de Reims, frère de M. de Louvois.

(7) De Harlay, archevêque de Paris. (8) Bénigue Bossuet, évêque de Meaux.

(9) Le comte d'Aubigné, frère de madame de Maintenon, ou milord Stafford, Anglais d'une grande dépense, mais très-pauvre d'esprit.

(10) M. de Mennevillette, receveur général du clergé.

(11) L'abbé Boileau, fameux prédicateur.

(12) Le P. Mabillon, bénédictin. (13) Le grand Condé.

(14) Turenne.

(15) Le duc d'Orléans, régent, qui a épousé une des filles du roi et de madame de Montespan.

(15) Madame la duchesse. (16) La duchesse d'Aumont et la duchesse de Lesdiguières. (17) Fausse dévote.

(18) La duchesse d'Aumont.
(19) La présidente de Bocquemare,
qui a conservé son nom d'Osambray.
(20) Mesdemoiselles Baré, Bolot et
Hamelin.

(21) Madame de la Ferrière.
(22) Le président de Bocquemare.
(23) La présidente d'Osambray.

CHAPITRE IV.

DU COEUR.

(1) Le comte de Tonnerre, de la maison des comtes de Tonnerre-Clermont. Ils portaient autrefois pour armes un soleil au-dessus d'une montagne.

CHAPITRE V.

(16) L'abbé de S. Pierre, de l'Aca- DE LA SOCIÉTÉ ET DE LA CONVERSAdémie francaise.

(17) Le baron de Breteuil.

au

(18) Qui arriva entre M. Pelletier et MM. de Louvois et de Seignelai, sujet de la protection à donner au roi Jacques.

(19) Le maréchal de Villeroy. (20) Le même.

(21) Le maréchal de Turenne. CHAPITRE III.

DES FEMMES.

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(1) Perrault.

TION,

(2) Contre les précieuses.

(3) Robert de Châtillon, conseiller aú Châtelet.

(4) Le comte d'Aubigné, frère de madame de Maintenon, gouverneur de Berry.

(5) Il est à peine nécessaire d'avertir qu'on ne doit pas prendre ceci à la lettre, non plus que mille autres pareilles expressions qu'on rencontre dans cet ouvrage et dans les meilleurs écrits, anciens et modernes, en vers

et en prose.

(6) L'abbé de Vassé.
(7) Monnerot de Seve.

nances.

Du Buisson, intendant des fi

(9) L'abbé de Robbe. (10) M. de Harlay, premier président.

(11) C'était la manière de l'abbé de Rubec, neveu de l'évêque de Tournay.

(12) MM. Courtain et de Saint-Romain intimes amis très-long-temps, et enfin devenus ennemis.

(13) L'Oiseau, ci-devant receveur à Nantes.

(14) Vedeau de Grammont, conseiller, eut un long procès avec M. Hervé, doyen du Parlement, au sujet d'une bêche. Cette affaire alla si loin qu'il fut dégradé publiquement, sa robe déchirée sur lui; outre cela, il fut condamné à un bannissement perpétuel, depuis converti en une prison à Pierre-Ancise.

(15) La ville de Richelieu.
(16) Boursault.

(17) Perrault, de l'Académie.

CHAPITRE VI.

DES BIENS DE FORTUNE.

(1) De Louvois, ou Fremont.
(2) Un marchand de Paris, qui avait
pour enseigne les Rats.

(3) Le duc de Ventadour.
(4) De S. Pouange.

(5) Le Camus, le lieutenant civil, le premier président de la cour des Aides, le cardinal le Camus, et le Camus, maître des comptes, sont petits-fils d'un marchand dans la rue S. Denis, qui avait pour enseigne le Pélican, que ces messieurs ont pris pour leurs armes.

(6) Delpêche, ou Berrier, fermiergénéral et économe de l'abbaye de S. Denis.

(7) Madame Belisany, ou de Courchamp.

(8) De Guénégaud, fameux partisan du temps de Fouquet, que l'on tenait riche de plus de quatre millions.

(9) Monnerot, fameux partisan, mort prisonnier au Petit - Châtelet, n'ayant pas voulu payer la taxe de deux millions à laquelle il avait été condamné par la Chambre de Justice en 1666.

(10) Georges, fameux partisan, qui a acheté le marquisat d'Antragues, dont il a pris le nom.

(11) De Guénégaud.

(12) De Langlée, qui a gagné beaucoup de bien au jeu et est devenu maréchal des camps et armées du roi; ou Pufort, conseiller d'Etat, oncle de Colbert.

(13) Laugeois, qui a acheté la seigneurie d'imbercourt.

(14) Le Tellier, archevêque de Reims.

(15) Laugeois, fermier-général.
(16) Le baron de Beauvais.

(17) Berrier, simple sergent de bois; il se fit connaître à Colbert du temps

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de la réforme des forêts de Normandie.

(18) De Pontchartrain à l'institution des pères de l'Oratoire; ou Berrier, dont on a fait courir les méditations. (19) Pelletier de Sousy. (20) De Pontchartrain. (21) De Louvois.

(22) Thomé de Lisse, et Tirman. (23) Nicolas d'Orville, fils de madame Nicole, qui était la confidente des amours du roi et de mademoiselle de la Vallière.

(24) Boutet, à la tête noire, rue des Bourdonnais. Son père a acheté le marquisat de Franconville. (25) De Seignelai.

(26) De la Ravoie, maître des comptes, homme de fortune.

Pologne, était venu s'établir à Paris. (27) Morstein, grand trésorier de Il était fort avare.

ou

(28) Le marquis de Dangeau, une grande fortune au jeu. Morin, qui avait fait en Angleterre

Ro

bert, qui avait apporté beaucoup d'ar(29) Le président des comptes, qu'il a presque tout perdu au jeu. gent de son intendance de Flandres,

(30) De Gourville, intendant de M.

le Prince.

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