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sublime fit grand honneur à la noblesse de France; on conçut une haute idée d'un pays où la politesse allait jusqu'à l'héroïsme.MADAME ÉMILE DE GIRARDIN.

Grammatical Questions.-1. C'était: what is ce? and conjug. interr. with a neg. the pres. Ind. of était. 2. Transl. into Engl.: C'est mon frère. C'est à moi de vous faire mes excuses. C'est à vous à parler. Qu'est-ce que c'est? 3. Une de ces fêtes: what is ces? when do you use (a) celui, (b) celui-ci, (c) celui-là? Give examples. 4. Give the fem. of duc, grands seigneurs anglais, son hôte;

and the homonyms of verre. 5. Give the 3rd p. pl. pres. Ind. of avait offert, faisait, voulut, prit, boire; and the 2nd p. pl. Imper. of faisait, boire, allait; and form the adv. in -ment of splendide, merveilleux, dernier, excellent. 6. Turn into Fr.: Have the kindness to bring me a bottle of wine. Give me a glass, and I will tuste this claret. It is not good; I cannot drink it.

56. La princesse de Talleyrand et M. Denon.-Le prince de Talleyrand adressa un jour à sa femme ces paroles : "Vous aurez aujourd'hui à côté de vous, madame, un homme fort remarquable et très-aimé de l'empereur; c'est M. Denon. Efforcez-vous de causer raisonnablement, parlez lui de ce qu'il a vu de curieux; passez à ma bibliothèque, feuilletez son voyage et tâchez de retenir ce qui vous frappera le plus. N'oubliez pas de demander le voyage de M. Denon." La princesse se rend à la bibliothèque, mais malheureusement elle a oublié le nom. Cependant elle dit au bibliothécaire: "Donnez-moi, je vous prie, les voyages, les aventures de ce voyageur dont le nom se termine en on.' "Je devine, madame, ce sont les voyages et aventures de Robinson que vous demandez; en voici une belle édition, ornée de gravures." Madame de Talleyrand parcourut avidement l'ouvrage; elle admira le parasol, le chapeau, et jusqu'au perroquet de Robinson. "Quel homme," se dit-elle, "quel plaisir de faire sa connaissance; cette fois mon mari sera content." À l'heure du dîner, elle descend au salon et y trouve les convives réunis. M. Denon lui donne la main et la conduit dans la salle à manger; en passant elle fait au prince un signe qui lui annonce qu'elle a suivi son conseil. Dès que la conversation est engagée, la princesse se tournant vers M. Denon, lui dit: "Monsieur, quelle joie vous avez dû éprouver dans votre île déserte, lorsque vous avez rencontré Vendredi ?" M. Denon reste un moment étourdi, cependant il se remet bientôt et réussit à se faire expliquer la cause de cette méprise. Mais d'autres voisins de table l'ont entendue, et le prince se mord les lèvres de colère, en pensant que le lendemain l'histoire sera connue de tout Paris.

Grammatical Questions.-1. Put in the fem. Très-aimé de l'empereur: why de and not par after aime? 2. Conjug. neg. the past ind. of efforcezvous. 3. What difference of meaning is there between tâcher and tacher? |

4. Quel homme; quel plaisir: what kind of word is quel? why no art.? why is plaisir a s.m.? 5. La salle à manger: what does the prep. à denote in compound subst.? Transl. into Fr.: A windmill, a gold watch.

6. Quelle joie vous avez dû: account | for the non-agreement of the p. p. ; for the circumflex in dû; and give

the 1st p. sing. of the fut. (conjug. interr.) of vous avez dû. What is the meaning of devoir, s.m.?

57. Le bouffon et le paysan.-Le parterre donne souvent ses applaudissements fort mal à propos. Il applaudit même plus rarement au vrai mérite qu'au faux, comme Phèdre nous l'apprend par une fable ingénieuse.

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Tout le peuple d'une ville s'était assemblé dans une grande place pour voir jouer des pantomimes. Parmi ces acteurs, il y en avait un qu'on applaudissait à chaque moment. Ce bouffon, sur la fin du jeu, voulut clore la séance par un spectacle nouveau. Il parut seul sur la scène, se baissa, se couvrit la tête de son manteau, et se mit à contrefaire le cri d'un cochon de lait. Il s'en acquitta de manière qu'on s'imagina qu'il en avait un véritablement sous ses habits. On lui cria de secouer son manteau et sa robe, ce qu'il fit; et comme il ne se trouva rien dessous, les applaudissements se renouvelèrent avec plus de fureur dans l'assemblée. Un paysan, qui était du nombre des spectateurs, fut choqué de ces témoignages d'admiration. "Messieurs," s'écria-t-il, vous avez tort d'être charmés de ce bouffon, il n'est pas si bon acteur que vous le croyez. Je sais mieux faire que lui le cochon de lait; et, si vous en doutez, vous n'avez qu'à revenir ici demain à la même heure." Le peuple, prévenu en faveur du pantomime, se rassembla le jour suivant en plus grand nombre, et plutôt pour siffler le paysan que pour voir ce qu'il savait faire. Les deux rivaux parurent sur le théâtre. Le bouffon commença et fut encore plus applaudi que le jour précédent. Alors le villageois, s'étant baissé à son tour, et enveloppé de son manteau, tira l'oreille à un véritable cochon qu'il tenait sous son bras, et lui fit pousser des cris perçants. Cependant l'assistance ne laissa pas de donner le prix au pantomime, et chargea de huées le paysan, qui, montrant tout à coup le cochon de lait aux spectateurs: "Messieurs," leur dit-il, ce n'est pas moi que vous sifflez, c'est le cochon lui-même. Voyez quels juges vous êtes !"-LESAGE, Gil Blas.

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Grammatical Questions.-1. Il applaudit même: give the three persons sing. of the pres. (Ind. and Subj.) of applaudit. What is même here? Transl. into Engl.: Ce sont les mêmes livres que j'ai déjà vus, and say what kind of word is mêmes. 2. Give the fem. and the adv. of manner of vrai, faux, nouveau, seul. 3. Put in the fem. Il n'est pas si bon acteur. 4. Vous avez tort: translate You

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58. Le voltigeur en sentinelle.-Au commencement de la nuit du 13 au 14 octobre 1806, il avait fait une gelée blanche accompagnée d'un brouillard assez épais. Cette disposition de l'atmosphère engagea Napoléon à former ses troupes en grosses masses qui se

touchaient presque, afin d'être plus facilement déployées le lendemain. Le vaste plateau qu'elles occupaient n'étant pas à plus de deux cents toises de la position des Prussiens, l'empereur voulut donner un dernier coup-d'œil aux avant-postes les plus voisins de sa tente, et s'avança seul dans l'obscurité. Les sentinelles ne distinguant rien à dix pas autour d'elles, et la première entendant quelqu'un marcher dans l'ombre et s'approcher des lignes, cria deux fois : "Qui vive!" en s'apprêtant à faire feu à la troisième interrogation. Napoléon, vivement préoccupé, ne fit pas de réponse. Une balle qui siffla à son oreille le tira de sa rêverie.

S'apercevant du danger qu'il vient de courir et de celui dont il est incessamment menacé, l'empereur se jette ventre à terre. Cette précaution était sage; car à peine s'était-il tenu quelques secondes dans cette posture, que d'autres balles sifflèrent au-dessus de sa tête.

Le premier feu essuyé, il se relève, appelle à lui, se dirige vers le poste le plus rapproché et se fait reconnaître. Il y était encore, lorsque le soldat qui avait fait feu le premier sur lui y arrive, après avoir été relevé de faction. C'était un jeune voltigeur du 12° de ligne. Napoléon lui ordonne d'approcher et le prenant par une oreille qu'il pinça fortement: "Ton nom?" lui demanda-t-il.-" François Morissot," répond le soldat stupéfait; car il vient de reconnaître l'empereur.-"Comment! drôle, tu me prends pour un Prussien ?" Puis, s'adressant aux soldats qui l'entourent, il ajoute en souriant : "M. Morissot, à ce qu'il me paraît, ne jette pas sa poudre aux moineaux; il ne tire qu'aux empereurs."

Le voltigeur était si troublé de l'idée qu'il eût pu tuer le Petit Caporal, que ce fut à grand' peine qu'il parvint à balbutier ces paroles: "Dame! mon empereur. faites excuses! ... c'était la

consigne... si vous ne répondez pas, ce n'est pas de ma faute. Il fallait au moins dire que vous ne vouliez pas répondre." Napoléon le rassura et lui dit en quittant le poste: "Morissot, c'est moi qui ai eu tort; aussi ne te fais-je pas de reproches. Du reste, c'était assez bien ajusté pour un coup tiré à tâtons; mais, écoute: Dans quelques heures il fera jour, tire plus juste et je te prouverai que je ne te garde pas rancune."-Le jeune François Morissot de 1806 est le même François Morissot qui devint maréchal-de-camp en 1830.- Victoires et Conquêtes.

Grammatical Questions.—1. Write | in full, and in Fr.: du 13 au 14 octobre 1806. 2. Give, in Fr., the names of the days of the week, and the months of the year. 3. Give the fem. of épais, and the masc. of grosses; account for the e in engagea, and the s in deux cents. 4. Form the pl. of coup-d'œil, and explain the pl. of avant-postes, and form the pl. of maréchal-de-camp. How was the adv. vivement formed?

5. À peine s'était-il tenu: why the pers. pron. after the v.? Give the 1st p. pl. of the past def. of il se relève, appelle, se dirige. Account for the apostrophe in grand' peine. 6. Turn into Fr. the foll. idiom. sentences about the weather: What kind of weather is it to-day? Is it warm? No, it is cold; it has been raining early this morning; it freezes now, but when the sun comes out, it will be a little warmer.

59. Un tour d'Ésope.-Un certain jour de marché, Xantus, qui avait dessein de régaler quelques-uns de ses amis, lui commanda d'acheter ce qu'il y aurait de meilleur, et rien autre chose. "Je t'apprendrai," dit en soi-même le Phrygien, "à spécifier ce que tu souhaites, sans t'en remettre à la discrétion d'un esclave." Il n'acheta donc que des langues qu'il fit accommoder à toutes les sauces: l'entrée, le second service, l'entremets, tout ne fut que langues. Les conviés louèrent d'abord le choix de ce mets; à la fin ils s'en dégoûtèrent. "Ne t'ai-je pas commandé," dit Xantus, "d'acheter ce qu'il y aurait de meilleur ?" "Eh! qu'y a-t-il de meilleur que la langue ?" reprit Ésope. "C'est le lien de la vie civile, la clef des sciences, l'organe de la vérité et de la raison par elle on bâtit les villes et on les police; on instruit, on persuade, on règne dans les assemblées, on s'acquitte du premier de tous les devoirs, qui est de louer les dieux." "Eh bien !" dit Xantus, qui prétendait l'attraper, "achète-moi demain ce qui est de pire: ces mêmes personnes viendront chez moi; et je veux diversifier."

Le lendemain Ésope ne fit encore servir que le même mets, disant que la langue est la pire chose qui soit au monde : c'est la mère de tous les débats, la nourrice des procès, la source des divisions et des guerres. Si l'on dit qu'elle est l'organe de la vérité, c'est aussi celui de l'erreur, et, qui pis est, de la calomnie. Par elle on détruit les villes, on persuade de méchantes choses. Si d'un côté elle loue les dieux, de l'autre elle profère des blasphèmes contre leur puissance. Quelqu'un de la compagnie dit à Xantus que véritablement ce valet lui était fort nécessaire; car il savait le mieux du monde exercer la patience d'un philosophe.-LA FONTAINE,

Grammatical Questions.-1. Avait dessein: why no art.? What difference of meaning is there between dessein and dessin? 2. Ne fut que langues: what is the meaning of ne before the v., and que after it? Why the v. fut in the sing.? 3. On bâtit: when does on take l' before it? What difference of meaning is there between bâtit and battit? Parse these two verbs and give their prim. tenses. 4. Louer les dieux: to praise the gods; what is the other mean

ing of louer, when not der. from L. laudare? Give the fem. of dieux. 5. Achète-moi: account for the grave accent on the penultimate, and for the place of the pers. pron. after the v. Put in the pl., and in the neg.: achète-moi. 6. Pire chose qui soit au monde: what is pire, and why the subj. soit? Turn into Fr.: Who is this gentleman? He is the best man I know; the best man in the world. Is he your friend? Yes, sir,

he is.

60. Voltaire accusé de plagiat.—Voltaire ayant un jour demandé à Frédéric II la permission de lui lire une pièce de vers qu'il avait composée la veille, le roi la lui accorda gracieusement, mais il remit la lecture au lendemain.

Le roi de Prusse avait dans ses bureaux particuliers un homme dont la mémoire prodigieuse était un véritable phénomène. Il suffisait qu'il eût une seule fois entendu lire un morceau de prose ou de poésie, pour qu'il le répétât sans manquer un seul mot.

L'heure de la lecture arrivée, Frédéric fit cacher l'homme dans un couloir attenant à son cabinet et d'où l'on entendait distinctement les moindres paroles, puis il donna ordre qu'on introduisît Voltaire.

La lecture de la pièce de vers commença immédiatement; mais à mesure qu'elle avançait, le front du roi s'assombrissait; deux ou trois fois il laissa échapper quelques marques d'impatience. Voltaire en apercevant ces signes peu flatteurs devenait de plus en plus inquiet; cependant il parvint à achever sa lecture.

"Sire," dit-il, "j'ai cru voir que mes vers ne vous ont pas plu." "Les vers sont excellents, ce n'est point cela!”

"Eh! qu'est-ce donc qui a pu me mériter ces marques de défaveur de la part de Votre Majesté ?"

"Tenez, mon cher Voltaire, il faut bien vous l'avouer, cela me fait de la peine de voir un génie comme le vôtre emprunter à d'autres; ces vers que vous dites avoir faits hier soir sont connus depuis longtemps et ne sont pas de vous."

"Que dites-vous, sire?" dit Voltaire en pâlissant, "je vous jure. . . ."

"Ne jurez pas, car je les ai entendu réciter il y a déjà longtemps par un homme attaché à mon service. Tenez, il doit être au palais dans ce moment, je vais le faire venir." Le roi sonne, donne un ordre et bientôt après paraît l'homme-mémoire.

"Dites-moi, Wrangel, ne vous ai-je pas entendu réciter une fort jolie pièce de vers? Veuillez en dire le commencement, M. de Voltaire." Celui-ci ayant obéi, Wrangel déclara qu'il connaissait depuis longtemps ce morceau, et offrit de le réciter en entier, ce qu'il fit sans omettre ou changer un seul mot.

Voltaire abasourdi, éperdu, se croyait le jouet d'un songe, il balbutiait sa justification. Frédéric qui jouissait de sa détresse lui dit: 'Allons, monsieur de Voltaire, oublions cela, la pièce de vers est jolie, je vous pardonne volontiers de vous en être emparé.”

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Voltaire n'avait rien à répondre à ces coups d'assommoir. Il se retira encore plus désespéré qu'un auteur dont la pièce a été outrageusement sifflée. Heureusement Frédéric en eut pitié, et lui apprit la vérité dès le soir même.

Grammatical Questions.-1. Give the prim. tenses of the foll. verbs: remit, suffisait, entendu, fit, j'ai cru, plu. 2. Give the 1st pers. sing. of the fut. (in the interr.) of a pu, voir, doit, je vais, venir. 3. Un génie comme le vôtre: what difference is there between votre and vôtre? 11lustrate your answer by two examples. 4. Frédéric en eut pitié: what is en here? why no art. before

pitié? 5. Put in the pl.: Il doit être au palais, je vais le faire venir; celui-ci, ayant obéi, déclara qu'il connaissait ce morceau, et offrit de le réciter. 6. Transl. into Fr.: How many times have you read these verses?

Twice, sir. Do you know them? Not yet. Read them once more, and perhaps you will be able to repeat them without missing a single word,

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