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mort qu'on vouloit lui donner, & enfin voyant qu'il ne pouvoit le fauver, il le déchire lui-même & le met en piéces. Cette hiftoire vous feroit horreur, fi je vous la racontois dans toute fon étendue; c'est une des plus

conjecturérent, que les Etoliens & ceux de Locres auroient guerre ensemble, à cause que ce monftre avoit les deux natures. Et on conclut enfin, qu'il falloit mener la mere & l'enfant hors les limites d'Etolie, & les brûler tous deux. Comme on étoit prêt à faire cette exécution, le Spectre de Polycrite apparoît, & fe met auprès de fon enfant. Il étoit vêtu d'un habit noir de deuil; tout le peuple étant effrayé, & voulant s'enfuir, il les rappella, leur dit de ne rien craindre, & enfuite d'une voix grefle & baffe, fit un beau difcours, par lequel il leur montra, que s'ils brûloient fa femme & fon fils, ils tomberoient dans des calamités extrêmes (on peut voir ce difcours dans l'endroit cité ciaprès. Voyant enfin, qu'après ces remontrances, il ne pouvoit les diffuader de faire ce qu'ils avoient entrepris, prend fon enfant, le meten piéces, & le dévore. Le peuple fit des huées contre lui, & lui jetta une infinité de pierres pour le chaffer. Mais fans fe foucier de toutes ces infultes, il continua de manger fon fils dont il laiffa feulement la tête, puis difparut. Après cet effroyable prodige, on prend deffein d'envoyer confulter l'Oracle d'Apollon à Delphes; mais la tête de l'enfant s'étant mife à par ler, elle leur prédit en vers, toutes les calamités qui leur devoient arriver dans la fuite, & la prédiction réuffit. Phlegon, Le Loyer. p. 249. &c,

tragiques, que l'antiquité nous ait laiffé.

Une fille morte, revient, habite avec un homme, & enfuite difparoît, & le tout avec des circonftances que je ne vous rapporterai pas ici. Pour peu que vous foyez curieux de les favoir, je vous indiquerai l'endroit (n) où vous pourrez les trouver. Un

(n) Je tiens ce que je vais dire de Phlegon, natif de Tralles, affranchi de l'Empereur Adrien, qui ne nous montre point en quel lieu ceci arriva, d'autant que fon livre eft défectueux. Mais s'il y a lieu de conjecturer par les noms de Machates & de Philinnion, dont l'un eft Macédonien & l'autre & dernier Theffalien, je penferois que le fait feroit ayenu en une ville de Theffalie, & même à Hypate, métropolitaine de Theffalie, où, felon ApuJée, de jour à autre, il arrivoit des prodiges auffi grands, que celui de Philinnion. Quoiqu'il en foit, voici l'hiftoire. Philinnion fille unique de Demoftrate & de Charito, décéda en âge nubile, au grand regret de fes parens, qui avec le corps mort, firent enterrer les bagues, joyaux & autres atours que fa fille avoit le plus aimés pendant fa vie. Quelque tems après la mort, un jeune Gentil-homme nommé Machates, vint loger chez fon pere, qui étoit fon ami. Un foir qu'il étoit dans fa chambre, Philinnion, dont il ne favoit pas la mort s'apparut à lui, lui déclare qu'elle l'aime, le careffe & enfin l'engage à répondre à fa paffion. Machates, pour gages de fon amour, donne à Philinnion, une

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Lacédemonien attaque courageufe ment un Phantôme, & fait des ef

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Coupe d'or, & fe laiffe tirer un anneau de fer qu'il avoit au doigt; & Philinnion lui fait préfent d'un anneau d'or & de fon collet, dont elle couvroit fon eftomach, & enfuite fe retire. Le lendemain elle retourne à la même heure. Pendant qu'ils é toient ensemble, Charito envoye une vieille Ser vante dans la Chambre de Machates, pour voir ce qu'il y faifoit. Elle les vit tous deux, & toute éperdue, va avertir fon Maître & fa Maîtreffe que Philinnion étoit avec Machates. On la traita de vifionnaire; mais comme elle s'obstinoit à affurer que ce qu'elle difoit étoit très-vrai, Charito alla trouver fon Hôte, & lui parla de ce que lubavoir appris la vieille. Il avoua, qu'elle n'avoit fait au→ cun menfonge à cet égard, raconta toutes les circonftances de ce qui étoit arrivé, & montra le collet & l'anneau d'or, que la mere reconnut pour apa partenir à fa fille. Auffi-tôt la douleur de la perte qu'elle avoit faite de fa fille, la faisissant, elle jetta des cris épouvantables, & enfin fit promettre à Machates, qu'il l'avertiroit quand elle reviendroit, ce qu'il exécuta. Le pere & la mere la virent, & courant à elle, pour l'embraffer; elle montrant une contenance morne, & ayant le vifage

baiffé, leur dit : « Hélas! mon pere, & vous » ma mere, que vous faites de tort à ma félicité, » ne permettant pas par votre importune venue » que je vécuffe feulement trois jours avec votre Hôte dans ma maifon paternelle; prenant quelque plaifir, fans vous molefter en rien! Vous ferez punis de votre trop grande curiofité; car je m'en » vais au lieu qui m'eft ordonné, & vous me pleurerez autant que quand je fus porté en terre la

forts pour le percer de fa lance (o); Un afpic même, ayant été tué par un Païfan, il fe repréfentoit à lui, & le fuivoit par tout (p). Des Spectres qu'on appelle femmes blanches, viennent fouvent rendre des fervices aux hommes pour qui elles ont pris de l'affection (q). On a vu une fois dans

premiére fois. Mais d'une chofe je puis bien » vous affurer, c'eft que je ne fuis point venue ici, » fans le vouloir des Dieux ». Après ces mots, elle tomba morte, & fon corps fut mis fur le lit expofé à la vue de tous ceux de la maison. Enfin, on alla enfuite vifiter le Sepulcre de Philinnion, où l'on ne trouva point fon corps, mais feulement l'anneau de fer & la Couppe d'or que Machates lui avoit donnés. Machates, pénétré de honte, d'avoir couché avec un Spectre, fe fit mourir lui-même, Le Loyer. p. 245. &C.

(o) Plutarque raconte qu'un certain Laconien;; paffant près d'un monument, vit un Spectre qu'il s'efforça de percer de fa lance, lui difant; quofagis, animabis moritura? où fuis-tu, ame qui dois mourir deux fois?

(p) Elien parle 1. 11. c. 32. D'un afpic fort long, qui ayant été tué de la bêche d'un Vigneron, fe repréfentoit (ou fon Spectre) à lui en quelque lieu qu'il fût.

(9) Schot a écrit ceci p. 339. Delrio dit, qu'il

l'air un Autel, & tout au tour, des hommes qui paroiffoient être comme tout autant de Prêtres, prêts à s'acquitter de quelque exercice de Religion (r). Rien n'eft fi ordinaire, que de voir des ombres, avec qui on peut manger & s'entretenir (). Un

y a une certaine espèce de Spe&res qui apparoif fent en femmes toutes blanches, dans les bois & dans les prairies; quelquefois même il y en a dans les écuries, qui tiennent des chandelles de cire allumées dont ils laiffent tomber des gouttes fur le toupet & crain des Chevaux, qu'ils peignent & qu'ils treffent fort proprement. Les femmes blanches font auffi nommées des Sybilles & des Fées, & l'on dit qu'il y en a une appellée Haband, qui est comme la Reine des autres, & qui leur comman de. Monde Ench. 1. 289.

(r) Que le Philofophe me rende raifon de la place en l'air, au milieu de laquelle, dit Jules Obfequent, de prodigiis, il y avoit un autel, & tout au tour des hommes vêtus d'habits blancs, fous le Confulat de Fabius, furnommé le Verruqueux, pour une verrue qu'il avoit aux lévres. Le Loyer. P. 389

(f) Sur les confins de la mer glaciale, où fe forme une prefqu'Ifle, il y a des peuples nommés Pilapiens, qui boivent, mangent & converfent familiérement avec les ombres.. Olaus Magnus L'incr, fav. p. 74.

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