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Nos sacrés ongles: venez, loups,
Vengez la reine; immolez, tous,
Ce traître à ses augustes mânes.

Le cerf reprit alors: Sire, le temps des pleurs
Est passé: la douleur est ici superflue;

Votre digne moitié, couchée entre des fleurs,
Tout près d'ici m'est apparue;
Et je l'ai d'abord reconnue.

Ami, m'a-t-elle dit, garde que ce convoi,
Quand je vais chez les dieux, net'oblige à des larmes :
Aux champs élysiens j'ai goûté mille charmes,
Conversant avec ceux qui sont saints comme moi.
Laisse agir quelque temps le désespoir du roi :
J'y prends plaisir. A peine on eut ouï la chose,
Qu'on se mit à crier: Miracle! Apothéose!
Le cerf eut un présent, bien loin d'être puni.

Amusez les rois par des songes, Flattez-les, payez-les d'agréables mensonges : Quelque indignation dont leur cœur soit rempli, Ils goberont l'appât, vous serez leur ami.

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SE croire un personnage est fort commun en France:
On y fait l'homme d'importance,
Et l'on n'est souvent qu'un bourgeois.
C'est proprement le mal françois:

La sotte vanité nous est particuliere.
Les Espagnols sont vains, mais d'une autre maniere:
Leur orgueil me semble, en un mot,
Beaucoup plus fou, mais pas si sot.
Donnons quelque image du nôtre,
Qui sans doute en vaut bien un autre.

Un rat des plus petits voyoit un éléphant

Des plus gros, et railloit le marcher un peu lent

De la bête de haut parage,

Qui marchoit à gros équipage.

Sur l'animal à triple étage

Une sultane de renom,

Son chien, son chat, et sa guenon,

Son perroquet, sa vieille, et toute sa maison
S'en alloit en pélerinage.

Le rat s'étonnoit que les gens
Fussent touchés de voir cette pesante masse:
Comme si d'occuper ou plus ou moins de place
Nous rendoit, disoit-il, plus ou moins importants.
Mais qu'admirez-vous tant en lui, vous autres

hommes?

Seroit-ce ce grand corps qui fait peur aux enfants? Nous ne nous prisons pas, tout petits que nous

sommes,

D'un grain moins que les éléphants.
Il en auroit dit davantage;
Mais le chat, sortant de sa cage,
Lui fit voir en moins d'un instant
Qu'un rat n'est pas un éléphant.

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L'Horoscope.

ON rencontre sa destinée

Souvent par des chemins qu'on prend pour l'éviter.

Un pere eut pour toute lignée

Un fils qu'il aima trop, jusques à consulter
Sur le sort de sa géniture
Les diseurs de bonne aventure.

Un de ces gens lui dit que des lions sur-tout
Il éloignât l'enfant jusques à certain âge,
Jusqu'à vingt ans, point davantage.
Le pere, pour venir à bout
D'une précaution sur qui rouloit la vie

De celui qu'il aimoit, défendit que jamais
On lui laissât passer le seuil de son palais.
Il pouvoit, sans sortir, contenter son envie,
Avec ses compagnons tout le jour badiner,
Sauter, courir, se promener.
Quand il fut en l'âge où la chasse
Plaît le plus aux jeunes esprits,
Cet exercice avec mépris

Lui fut dépeint. Mais, quoi qu'on fasse,

Propos, conseil, enseignement,
Rien ne change un tempérament.

Le jeune homme,inquiet, ardent, plein de courage
A peine se sentit des bouillons d'un tel âge,

Qu'il soupira pour ce plaisir.

Plus l'obstacle étoit grand, plus fort fut le desir.
Il savoit le sujet des fatales défenses;
Et comme ce logis, plein de magnificences,
Abondoit par-tout en tableaux,
Et que la laine et les pinceaux

Traçoient de tous côtés chasses et paysages,
En cet endroit des animaux,
En cet autre des personnages,

Le jeune homme s'émeut, voyant peint un lion:
Ah! monstre! cria-t-il; c'est toi qui me fais vivre
Dans l'ombre et dans les fers! A ces mots il se livre
Aux transports violents de l'indignation,

Porte le poing sur l'innocente bête. Sous la tapisserie un clou se rencontra: Ce clou le blesse, il pénétra

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