Que l'un de nos enfants devoit cesser de vivre, Consolons-nous tous deux, et reviens dans ta cage. Crois-tu qu'après un tel outrage Tu m'allégues le Sort: prétends-tu, par ta foi, Je le crois: cependant il me faut, pour le mieux, Sire roi, mon ami, va-t'en, tu perds ta peine; La Lionne et l'Ourse. MERE lionne avoit perdu son faon : Un chasseur l'avoit pris. La pauvre infortunée Que tou te la forêt étoit importunée. Son silence et ses autres charmes, De la reine des bois n'arrêtoient les vacarmes: L'ourse enfin lui dit: Ma commere, Ils en avoient. S'il est ainsi, Et qu'aucun de leur mort n'ait nos têtes rompues, Si tant de meres se sont tues, Que ne vous taisez-vous aussi? Moi, me taire! moi malheureuse! Ah! j'ai perdu mon fils! il me faudra traîner Une vieillesse douloureuse! Dites-moi, qui vous force à vous y condamner? - Misérables humains, ceci s'adresse à vous: A XIV. UCUN chemin de fleurs ne conduit à la gloire. Je n'en veux pour témoin qu'Hercule et ses travaux: Ce dieu n'a guere de rivaux; J'en vois peu dans la fable, encor moins dans l'his toire. En voici pourtant un, que de vieux talismans Il voyageoit de compagnie. Son camarade et lui trouverent un poteau Ayant au haut cet écriteau : • Seigneur aventurier, s'il te prend quelque envie • De voir ce que n'a vu nul chevalier errant, « Tu n'as qu'à passer ce torrent; Puis, prenant dans tes bras un éléphant de pierre « Que tu verras couché par terre, « Le porter d'une haleine au sommet de ce mont « Qui menace les cieux de son superbe front. » L'un des deux chevaliers saigna du nez: Si l'onde Est rapide autant que profonde, Le sage l'aura fait par tel art et de guise pas Au pouvoir d'un mortel ; à moins que la figure Propre à mettre au bout d'un bâton: Les yeux clos, à travers cette eau. Ne purent l'arrêter; et, selon l'écriteau, |