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rent en même tems fon projet & fa vie, après qu'il eut régné vingt quatre ans, & vécu vingt neuf. Ptolémée Philométor fon fils, âgé de fix ans, lui fuccéda. Cléopatre fa mere fut déclarée Régenté.

ARTICLE SECOND.

CET ARTICLE fecond renferme l'espace de vingt années, depuis l'an du Monde 3821 jufqu'à 3840. Dans cet efpace font comprises:

Les vingt prémiéres années du ré. gne de Ptolémée Philométor en Egypte, qui en régna en tout trentequatre.

Les cinq derniéres de Philippe, qui régna en Macédoine pendant qua rante ans, & qui eut pour fucceffeur Perfée qui en régna onze.

Les huit ou neuf derniéres années du régne de Séleucus Philopator en Syrie, & les onze du régne d'Antiochus Epiphane qui lui fuccéda, & qui exerça d'horribles cruautés contre les Juifs.

On réserve les onze années du régne de Perfée en Macédoine pour le Livre fuivant, quoi qu'elles concou

rent

An. M.

3821. Av. J.C.

183.

39. n

rent avec une partie de l'hiftoire portée dans cet Article.

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S. I.

Plaintes contre Philippe portées à Rome. Démétrius fon fils qui y étoit, eft renvoié vers fon pere avec des Ambaladeurs. Complot fecret de Perfée contre fon frere Démétrius au fujet de la fucceffion au trône. Il l'accufe devant Phi lippe. Plaidoier de l'un de l'autre. Philippe, fur une nouvelle accufation, fait mourir Démétrius. Il reconnoit quelque tems après fon innocence, le crime de Perfee. Dans le tems qu'il Jongeoit à punir celui-ci, il meurt. Perfée lui fuccéde.

DEPUIS que le bruit s'étoit répandu chez les peuples voifins de la Macédoine, que ceux qui alloient à RoLiv. 1. me fe plaindte de Philippe y étoient écoutés, & que plufieurs s'étoient bien 46-47 trouvés de l'avoir fait, grand nom bre de villes, & même de particuliers, y portérent leurs plaintes contre un Prince dont le voisinage leur étoit fort à charge à tous, dans l'efpérance ou d'être effectivement foulagés des torts qu'ils prétendoient avoir reçus, ou du

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moins de s'en confoler en quelque forte par la liberté qu'ils auroient de les déplorer. Le Roi Eumène entr'autres à qui, par l'ordre des Commiffaires Romains & du Sénat, les places de Thrace devoient être remifes, envoia des Ambaffadeurs, à la tête defquels étoit fon frere Athénée, pour donner avis au Sénat que Philippe ne retiroit point fes garnisons de la Thrace comme il avoit promis de le faire, & pour fe plaindre de ce qu'il avoit envoié du fecours en Bithynie à Prufias qui faifoit la guerre à Eumène.

Le

Démétrius, fils de Philippe roi de Macédoine, étoit actuellement à Rome, où nous avons vû que fon pere l'avoit envoié pour veiller à fes inté rêts. C'étoit à lui naturellement à répondre en détail aux divers chefs d'accufation formés contre fon pere. Senat jugeant bien que ce feroit un grand embarras pour un jeune Prince qui n'étoit point accoutumé à parler en public, pour lui épargner cette peine lui ft demander fi le Roi fon pere ne lui avoit point donné quelques mémoires, & fe contenta de lui en entendre fare la lecture. Philippe

s'y

s'y juftifioit le mieux qu'il lui étoit poffible fur la plupart des faits qu'on lui objectoit; mais il faifoit fentir fur tout combien il étoit mécontent des Décrets portés à fon fujet par les Commiffaires que Rome avoit nommés, & de la maniére dont il avoit été traité. Le Sénat comprit aifément où tout cela tendoit ; & comme le jeune Prince tâchoit d'excufer certaines chofes, & pour d'autres affuroit que tout le feroit felon le bon plaifir de Rome, le Sénat lui répondit que Philippe fon pere n'avoit pu rien faire de plus fage, ni qui fût plus agréable au Sénat, que d'envoier Démétrius -fon fils à Rome pour faire fon apologie. Que par raport au paffé, le Sé nat pouvoit diffimuler oublier, & fouffrir beaucoup de chofes : que pour l'avenir, il fe fioit aux paroles que donnoit Démétrius. Que quoiqu'il fût prêt de quitter Rome pour retourner en Macédoine, il y laifoit pour otage de fes difpofitions fon bon coeur, & fon attachement pour Rome, qu'il fauroit conferver inviolablement fans donner jamais d'atteinte au refpect qu'il devoit à fon pere. Que par confidération pour lui, on envoieroit des

Ambaf

Ambaffadeurs en Macédoine, pour rectifier fans bruit & fans éclat ce qui jufques-là auroit pu être fait contre les régles. Qu'au refte le Sénat étoit bien aife que Philippe fentît qu'il étoit redevable à fon fils Démétrius de la maniére dont le peuple Romain agif foit à fon égard. Ces marques de confidération, que le Sénat lui donnoit pour relever fon crédit auprès de fon -pere, ne fervirent qu'à exciter contre lui l'envie, & cauférent dans la fuite La perte.

Le retour de Démétrius en Macé- Liv.lib. doine, & l'arrivée des Ambaffadeurs, 39.n.53. y produifirent différens effets felon la différente difpofition des efprits. Le peuple, qui craignoit extrémement les fuites de la rupture avec les Romains & de la guerre qui fe préparoit, voicit d'un bon œil Démétrius, dans l'efpérance qu'il feroit le conciliateur & l'auteur de la paix. D'ailleurs il le regardoit comme celui qui devoit monter fur le trône après la mort de fon pere. Car, quoique pour l'âge il fût le cadet, il avoit cet avantage sur fon frere d'etre né d'une mere qui étoit femme légitime de Philippe, au lieu que Perfée paffoit pour être né

d'une

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