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,,ce. Que par un feul mot & à la voix d'un héraut, la liberté avoit été ren,, due à toutes les villes de la Grèce

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& de l'Afie. Qu'il étoit d'une gran,, de ame de former feulement un tel deffein: mais que de le mettre à exécution, c'étoit l'effet d'un rare bonheur & d'une vertu confommée.

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Ils rappelloient tous les grands Plut. in combats que la Grèce avoit entrepris Flamin. pour la liberté.,, Après avoir foutenu tant de guerres, difoient-ils, cependans jamais fa valeur n'a reçu une fi douce récompenfe, que lorfque des étrangers fout venus combattre », pour elle. C'eft alors que, fans avoir ,, prefque verfé une goutte de fang, ,, & fans avoir perdu un feul homme,

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elle a remporté le plus beau de tous les prix, & le plus digne d'être dif,, puté par des hommes. La valeur & la prudence font rares dans tous les ,,tems: mais de toutes les vertus la plus rare, c'est la juftice. Les Agéfilas, les Lyfandres, les Nicias, les ,, Alcibiades, ont bien fû conduire des ,, guerres, & gagner des batailles par ,, terre & par mer: mais c'étoit pour ,, eux & pour leur patrie, non pour des inconnus & des étrangers. Cette

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gloire étoit réservée aux Romains. Voila les réflexions que les Grecs faifoient fur l'état préfent des affaires; & les effets répondirent promtement à la glorieufe proclamation faite aux Jeux Ifthmiques. Car les Commiffaires fe partagérent pour aller faire exécuter leur décret dans toutes les villes.

Quand Flamininus fut de retour à Argos, il fut fait Préfident des Jeux Néméens. Il s'acquitta parfaitement de cet emploi, & n'oublia rien de tout ce qui pouvoit augmenter la célébrité & la magnificence de la fête ; & il fit publier encore dans ces Jeux, comme il avoit fait dans les autres, la liberté des Grecs par la voix du héraut.

En vifitant toutes les villes, il y établiffoit de bonnes ordonnances, yréformoit la Juftice, rappelloit l'amitié & la concorde entre les citoiens * en appaifant les féditions & les querelles, & en faifant revenir les ban nis; mille fois plus content de pouvoir, par les voies de la perfuafion, porter les Grecs à fe réconcilier les uns avec les autres, & à vivre bien enfemble, qu'il ne l'avoit été d'avoir vaincu les Macédoniens: de forte que

la

la liberté même leur parut le moin

-6 dre des bienfaits qu'ils avoient reçus

de lui.

A quoi en effet leur auroit-el

le fervi, fi la juftice & la concorde n'euffent été rétablies parmi eux? Quel modèle pour un Gouverneur, pour un Intendant de provinces! & quel bonheur pour celles qui en trouvent de tels!

On raporte que le Philofophe Xénocrate aiant été délivré un jour à Athènes par l'orateur Lycurgue des mains des Fermiers, qui le traînoient en prison pour lui faire paier une fomme que les étrangers devoient au Tréfor public, & aiant rencontré bientôt après les fils de fon libérateur, il leur dit: Je paie avec ufure à votre pere le plaifir qu'il m'a fait; car je fuis cause qu'il eft oué de tout le monde. Mais la reconnoiffance que les Grecs témoignérent à Flamininus & aux Romains, n'aboutit pas feulement à les faire louer : elle fervit encore infiniment à aug. menter leur puiffance, en portant tout le monde à fe confier en eux, & à s'abandonner à leur bonne foi. Car on ne fe contentoit pas de recevoir les Généraux qu'ils leur envoioient: on les demandoit avec empreffement,

θες στο

νεφα,

on les appelloit, & on fe remettoit avec joie entre leurs mains. Et non feulement les peuples & les villes mais les Princes & les Rois mêmes qui fe plaignoient de Pinjuftice des Rois voifins, avoient recours à eux & fe mettoient comme fous leur fau

vegan vegarde, de forte qu'en peu de tems, Τέμνη. lés par un effet de la protection divine (c'eft l'expreffion de Plutarque) toute la terre fut foumife à leur domination.

tre,

Cornélius, l'un des Commiffaires qui s'étoient répandus de côté & d'aufe rendit à l'affemblée des Grecs qui fe tenoit à* Therme, ville de l'Etolie. Il y fit un long difcours pour exhorter les Etoliens à demeurer fermes dans le parti qu'ils avoient pris & à ne fe départir jamais du Traité Palliance qu'ils avoient fait avec les Romains. Quelques uns des princi paux d'Etolie se plaignirent, mais d'un ton modefte, que les Romains, de puis la victoire, ne paroiffoient pas auffi bien difpofés pour leur nation,

*Tite Live dit que ce fut aux Thermopyles. On doute s'il a bien- rendu ici Polybe: ἐπὶ τὸν τῶν θερμικῶν σύνοδον. tis s'agit d'une affemblée des Etoliens dans la ville de Therme, qui eft en Etolie.

qu'ils l'avoient été auparavant. D'au tres lui reprochérent, en termes durs & injurieux, que fans les Etoliens, non feulement les Romains n'auroient point vaincu Philippe, mais que même ils n'auroient pas pu mettre le pié dans la Grèce. Cornélius, pour ne point donner lieu à des difputes & à des altercations qui ont toujours un mauvais effet, fe contenta fagement de les renvoier au Sénat; en leur promettant qu'on leur rendroit bonne juftice. C'est le parti qu'ils prirent. Ainfi finit la guerre contre Philippe. S. IV.

Sur les plaintes

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les foupçons formés contre Antiochus, les Romains lui envoient une Ambassade; elle n'aboutit qu'à difpofer les chofes de part d'autre à une rupture ouverte. Confpira tion de Scopas Etolien contre Ptolémée: il est mis à mort avec fes complices. Annibal fe retire chez Antiochus. Guerre de Flamininus contre Nabis. Il l'affiége dans Sparte, l'oblige à demander la paix, & la lui accorde. Il entre à Rome en triomphe.

LA GUERRE de Macédoine avoit

fini

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