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Une jeune souris, de peu d'expérience,

Crut fléchir un vieux chat, implorant sa clémence,

Et payant de raisons le Rominagrobis :
Laissez-moi vivre : une souris

De ma taille et de ma dépense
Est-elle à charge en ce logis?
Affamerois-je, à votre avis,
L'hôte et l'hôtesse, et tout leur monde?

D'un grain de blé je me nourris

Une noix me rend toute ronde.

A présent je suis maigre; attendez quelque temps ; Réservez ce repas à messieurs vos enfants.

Ainsi parloit au chat la souris attrapée.

L'autre lui dit: Tu t'es trompée :
Est-ce à moi que l'on tient de semblables discours?
Tu gagnerois autant de parler à des sourds.
Chat, et vieux, pardonner! cela n'arrive guères.

Selon ces lois, descends là-bas;
Meurs, et va-t'en, tout de ce pas,
Haranguer les sœurs filandières :

Mes enfants trouveront assez d'autres repas.

Il tint parole.

Et pour ma fable,

Voici le sens moral qui peut y convenir:

La jeunesse se flatte, et croit tout obtenir;
La vieillesse est impitoyable.

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En pays plein de cerfs, un cerf tomba malade.
Incontinent maint camarade

Accourt à son grabat le voir, le secourir,
Le consoler du moins : multitude importune.

Eh! messieurs, laissez-moi mourir :
Permettez qu'en forme commune

La Parque m'expédie; et finissez vos pleurs.
Point du tout : les consolateurs

De ce triste devoir tout au long s'acquittèrent,
Quand il plut à Dieu s'en allèrent :
Ce ne fut pas sans boire un coup,
C'est-à-dire sans prendre un droit de pâturage.
Tout se mit à brouter les bois du voisinage.
La pitance du cerf en déchut de beaucoup.
Il ne trouva plus rien à frire :
D'un mal il tomba dans un pire,
Et se vit réduit à la fin

A jeûner et mourir de faim.

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LA CHAUVE-SOURIS, LE BUISSON ET LE CANARD.

Le buisson, le canard et la chauve-souris,

Voyant tous trois qu'en leur pays

Ils faisoient petite fortune,

Vont trafiquer au loin, et font bourse commune.
Ils avoient des comptoirs, des facteurs, des agents

Non moins soigneux qu'intelligents,

Des registres exacts de mise et de recette.

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