Une jeune souris, de peu d'expérience, Crut fléchir un vieux chat, implorant sa clémence, Et payant de raisons le Rominagrobis : De ma taille et de ma dépense D'un grain de blé je me nourris Une noix me rend toute ronde. A présent je suis maigre; attendez quelque temps ; Réservez ce repas à messieurs vos enfants. Ainsi parloit au chat la souris attrapée. L'autre lui dit: Tu t'es trompée : Selon ces lois, descends là-bas; Mes enfants trouveront assez d'autres repas. Il tint parole. Et pour ma fable, Voici le sens moral qui peut y convenir: La jeunesse se flatte, et croit tout obtenir; En pays plein de cerfs, un cerf tomba malade. Accourt à son grabat le voir, le secourir, Eh! messieurs, laissez-moi mourir : La Parque m'expédie; et finissez vos pleurs. De ce triste devoir tout au long s'acquittèrent, A jeûner et mourir de faim. LA CHAUVE-SOURIS, LE BUISSON ET LE CANARD. Le buisson, le canard et la chauve-souris, Voyant tous trois qu'en leur pays Ils faisoient petite fortune, Vont trafiquer au loin, et font bourse commune. Non moins soigneux qu'intelligents, Des registres exacts de mise et de recette. |