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Bertrand avec Raton, l'un singe et l'autre chat,
Commensaux d'un logis, avoient un commun maître.
D'animaux malfaisants c'étoit un très-bon plat :
Ils n'y craignoient tous deux aucun, quel qu'il pût être.
Trouvoit-on quelque chose au logis de gâté,
L'on ne s'en prenoit point aux gens du voisinage :
Bertrand déroboit tout: Raton, de son côté,
Étoit moins attentif aux souris qu'au fromage.
Un jour, au coin du feu, nos deux maîtres fripons
Regardoient rôtir des marrons.

Les escroquer étoit une très-bonne affaire,
Nos galants y voyoient double profit à faire :
Leur bien premièrement, et puis le mal d'autrui.
Bertrand dit à Raton Frère, il faut aujourd'hui
Que tu fasses un coup de maître;

Tire-moi ces marrons. Si Dieu m'avoit fait naître
Propre à tirer marrons du feu,

Certes, marrons verroient beau jeu.

Aussitôt fait que dit: Raton, avec sa patte,
D'une manière délicate,

Écarte un peu la cendre, et retire les doigts;
Puis les reporte à plusieurs fois;

Tire un marron, puis deux, et puis trois en escroque :
Et cependant Bertrand les croque.

Une servante vient : adieu mes gens. Raton
N'étoit pas content, ce dit-on.

Aussi ne le sont pas la plupart de ces princes
Qui, flattés d'un pareil emploi,

Vont s'échauder en des provinces

Pour le profit de quelque roi.

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Après que le milan, manifeste voleur,
Eut répandu l'alarme en tout le voisinage,
Et fait crier sur lui les enfants du village.
Un rossignol tomba dans ses mains par malheur.

Le héraut du printemps lui demande la vie.

Aussi bien, que manger en qui n'a que le son?
Écoutez plutôt ma chanson :

Je vous raconterai Térée et son envie.

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Qui, Téréc? est-ce un mets propre pour les milans?

Non

pas;

c'étoit un roi dont les feux violents

Me firent ressentir leur ardeur criminelle.

Je m'en vais vous en dire une chanson si belle,
Qu'elle vous ravira: mon chant plaît à chacun.
Le milan alors lui réplique :

Vraiment, nous voici bien! lorsque je suis à jeun,
Tu me viens parler de musique?

J'en parle bien aux rois.

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Quand un roi te prendra,

Tu peux lui conter ces merveilles :

Pour un milan, il s'en rira.

Ventre affamé n'a point d'oreilles.

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Quoi! toujours il me manquera
Quelqu'un de ce peuple imbécile !

Toujours le loup m'en gobera!

J'aurai beau les compter! Ils étoient plus de mille,
Et m'ont laissé ravir notre pauvre Robin!

Robin Mouton, qui par la ville

Me suivoit pour un peu de pain,

Et qui m'auroit suivi jusques au bout du monde !

Hélas! de ma musette il entendoit le son;

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