Je le crois, c'étoit un mari. Il en faisoit sa plainte une nuit. Un voleur La pauvre femme eut si grand'peur Entre les bras de son époux. Ami, voleur, dit-il, sans toi ce bien si doux Celui-ci fit sa main. J'infère de ce conte Que la plus forte passion C'est la peur; elle fait vaincre l'aversion, Qui brûla sa maison pour embrasser sa dame, J'aime assez cet emportement; Le conte m'en a plu toujours infiniment : Un homme n'ayant plus ni crédit ni ressource, S'imagina qu'il feroit bien De se pendre, et finir lui-même sa misère, Puisque aussi bien sans lui la faim le viendroit faire : Genre de mort qui ne duit pas S'ébranle aux premiers coups, tombe avec un trésor. Laisse là le licou, s'en retourne avec l'or, Sans compter ronde ou non, la somme plut au sire. Quoi! dit-il, sans mourir je perdrai cette somme! Ou de corde je manquerai. Le lacs étoit tout près, il n'y manquoit qu'un homme : Celui-ci se l'attache, et se pend bien et beau. Ce qui le consola, peut-être, Fut qu'un autre eût, pour lui, fait les frais du cordeau. Aussi bien que l'argent le licou trouva maître. L'avare rarement finit ses jours sans pleurs; Mais Pour ses parents, ou pour la terre. que dire du troc que la Fortune fit? Ce sont là de ses traits; elle s'en divertit : |