Un jour deux pèlerins sur le sable rencontrent L'un se baissoit déjà pour amasser la proie; Celui qui le premier a pu l'apercevoir En sera le gobeur; l'autre le verra faire. Dit l'autre; et je l'ai vue avant vous, sur ma vie. Perrin Dandin arrive: ils le prennent page. la gruge, Nos deux messieurs le gardant. Ce repas fait, il dit d'un ton de président : Tenez, la cour vous donne à chacun une écaille Sans dépens; et qu'en paix chacun chez soi s'en aille. Mettez ce qu'il en coûte à plaider aujourd'hui; Autrefois Carpillon fretin Eut beau prècher, il eut beau dire, On le mit dans la poêle à frire. Je fis voir que lâcher ce qu'on a dans la main, Est imprudence toute pure. Le pêcheur eut raison, Carpillon n'eut pas tort : Maintenant il faut que j'appuie Ce que j'avançai lors, de quelque trait encor. S'en alloit l'emporter. Le chien représenta De me prendre en cet état-là; Sa fille unique, et vous jugez Le loup, quelques jours écoulés, Revient voir si son chien n'est pas meilleur à prendre; Mais le drôle étoit au logis. Il dit au loup par un treillis : Ami, je vais sortir; et, si tu veux attendre, Le portier du logis et moi Nous serons tout à l'heure à toi. Ce portier du logis étoit un chien énorme, Celui-ci s'en douta. Serviteur au portier, Mais il n'étoit pas fort habile : Ce loup ne savoit pas encor bien son métier. |