Pour un ane enlevé deux voleurs se battoient : L'un vouloit le garder, l'autre le vouloit vendre. Tandis que coups de poing trottoient, Et que nos champions songeoient à se défendre, Arrive un troisième larron Qui saisit maître Aliboron 1. Au lieu de deux, j'en ai rencontré trois : De nul d'eux n'est souvent la province conquise : 1 Maître Aliboron, expression usitée autrefois pour désigner un ane, ou un ignorant. Rabelais, liv. m, chap. xx, appelle un avocat maître Aliborum. 2 Pour un quatrième voleur. On ne peut trop louer trois sortes de personnes : La louange chatouille et gagne les esprits : Simonide avoit entrepris L'éloge d'un athlète; et, la chose essayée, Son père, un bon bourgeois; lui, sans autre mérite : Matière infertile et petite. Le poëte d'abord parla de son héros. Après en avoir dit ce qu'il en pouvoit dire, Il se jette à côté, se met sur le propos Faisoit les deux tiers de l'ouvrage. N'en donna que le tiers, et dit fort franchement Faites-vous contenter par ce couple céleste. Mes parents, mes meilleurs amis; Simonide promit. Peut-être qu'il eut peur Un domestique accourt, l'avertit qu'à la porte Il sort de table; et la cohorte N'en perd pas un seul coup de dent. Ces deux hommes étoient les gémeaux de l'éloge. Ils l'avertissent qu'il déloge, Et que cette maison va tomber à l'envers. La prédiction en fut vraie. Un pilier manque; et le plafonds, Ne trouvant plus rien qui l'étaie, Tombe sur le festin, brise plats et flacons, N'en fait pas moins aux échansons. Ce ne fut pas le pis: car, pour rendre complète Une poutre cassa les jambes à l'athlète, Pour la plupart estropiés. La renommée eut soin de publier l'affaire. Que méritoient les vers d'un homme aimé des dieux. Il n'étoit fils de bonne mère Qui, les payant à qui mieux mieux, Je reviens à mon texte et dis premièrement, Jadis l'Olympe et le Parnasse |