Je crains en ce cas pour leur peau; C'est hasard si je les conserve. Comme vous êtes roi, vous ne considérez Qui ni quoi: rois et dieux mettent, quoi qu'on leur die, Tout en même catégorie. Adieu mes nourrissons, si vous les rencontrez. Peignez-les-moi, dit l'aigle, ou bien me les montrez; Je n'y toucherai de ma vie. Le hibou repartit: Mes petits sont mignons, Que chez moi la maudite Parque Il avint qu'au hibou Dieu donna géniture; Il se plaint; et les dieux sont par lui suppliés Quelqu'un lui dit alors: N'en accuse que toi, Ou plutôt la commune loi Qui veut qu'on trouve son semblable Tu fis de tes enfants à l'aigle ce portrait : En avoient-ils le moindre trait? Le lion dans sa tête avoit une entreprise. Il tint conseil de guerre, envoya ses prévôts, Fit avertir les animaux. Tous furent du dessein, chacun selon sa guise, L'éléphant devoit sur son dos Porter l'attirail nécessaire, Et combattre à son ordinaire; L'ours, s'apprêter pour les assauts; Le renard, ménager de secrètes pratiques; Le monarque prudent et sage De ses moindres sujets sait tirer quelque usage, Il n'est rien d'inutile aux personnes de sens. |