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Je crains en ce cas pour leur peau;

C'est hasard si je les conserve.

Comme vous êtes roi, vous ne considérez

Qui ni quoi: rois et dieux mettent, quoi qu'on leur die,

Tout en même catégorie.

Adieu mes nourrissons, si vous les rencontrez.

Peignez-les-moi, dit l'aigle, ou bien me les montrez;

Je n'y toucherai de ma vie.

Le hibou repartit: Mes petits sont mignons,
Beaux, bien faits et jolis sur tous leurs compagnons:
Vous les reconnoîtrez sans peine à cette marque.
N'allez pas l'oublier; retenez-la si bien

Que chez moi la maudite Parque
N'entre point par votre moyen.

Il avint qu'au hibou Dieu donna géniture;
De façon qu'un beau soir qu'il étoit en pâture,
Notre aigle aperçut, d'aventure,
Dans les coins d'une roche dure,
Ou dans le trou d'une masure
(Je ne sais pas lequel des deux),
De petits monstres fort hideux,
Rechignés, un air triste, une voix de Mégère.
Ces enfants ne sont pas, dit l'aigle, à notre ami;
Croquons-les. Le galant n'en fit pas à demi;
Ses repas ne sont point repas à la légère.
Le hibou, de retour, ne trouve que les pieds
De ses chers nourrissons, hélas! pour toute chose.

Il se plaint; et les dieux sont par lui suppliés
De punir le brigand qui de son deuil est cause.

Quelqu'un lui dit alors: N'en accuse que toi,

Ou plutôt la commune loi

Qui veut qu'on trouve son semblable
Beau, bien fait et sur tous aimable.

Tu fis de tes enfants à l'aigle ce portrait :

En avoient-ils le moindre trait?

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Le lion dans sa tête avoit une entreprise.

Il tint conseil de guerre, envoya ses prévôts,

Fit avertir les animaux.

Tous furent du dessein, chacun selon sa guise, L'éléphant devoit sur son dos

Porter l'attirail nécessaire,

Et combattre à son ordinaire;

L'ours, s'apprêter pour les assauts;

Le renard, ménager de secrètes pratiques;
Et le singe, amuser l'ennemi par ses tours.
Renvoyez, dit quelqu'un, les ânes, qui sont lourds,
Et les lièvres, sujets à des terreurs paniques.
Point du tout, dit le roi; je les veux employer :
Notre troupe sans eux ne seroit pas complète.
L'âne effraiera les gens, nous servant de trompette;
- Et le lièvre pourra nous servir de courrier.

Le monarque prudent et sage

De ses moindres sujets sait tirer quelque usage,
Et connoît les divers talents.

Il n'est rien d'inutile aux personnes de sens.

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Deux compagnons, pressés d'argent,
A leur voisin fourreur vendirent

La peau d'un ours encor vivant,
Mais qu'ils tueroient bientôt, du moins à ce qu'ils dirent.
C'étoit le roi des ours, au compte de ces gens.
Le marchand à sa peau devoit faire fortune;

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