Un certain loup, dans la saison Que les tièdes zéphyrs ont l'herbe rajeunie, Un loup, dis-je, au sortir des rigueurs de l'hiver, Je laisse à penser quelle joie. Bonne chasse, dit-il, qui l'auroit à son croc! Tu me serois assuré. Cette expression vient du jeu de cartes appelé hoc. Au lieu qu'il faut ruser pour avoir cette proie. Qu'il connoît les vertus et les propriétés De tous les simples de ces prés; Qu'il sait guérir, sans qu'il se flatte. Toutes sortes de maux. Si dom coursier vouloit Lui loup, gratis, le guériroit; Paître ainsi, sans être lié, Témoignoit quelque mal, selon la médecine. Un apostume sous le pied. Mon fils, dit le docteur, il n'est point de partie J'ai l'honneur de servir nosseigneurs les chevaux, Mon galant ne songeoit qu'à bien prendre son temps, L'autre, qui s'en doutoit, lui làche une ruade Qui vous lui met en marmelade Les mandibules et les dents. C'est bien fait, dit le loup en soi-même, fort triste: Chacun à son métier doit toujours s'attacher. Tu veux faire ici Farboriste, Et ne fus jamais que boucher. On disait alors arboriste comme herboriste. Un riche laboureur. sentant sa mort prochaine. Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins. Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l'héritage Que nous ont laissé nos parents : Un trésor est caché dedans. Je ne sais pas l'endroit; mais un peu de courage Vous le fera trouver : vous en viendrez à bout. Remuez votre champ dès qu'on aura fait l'oût : Creusez, fouillez, bèchez; ne laissez nulle place Où la main ne passe et repasse. Le père mort, les fils vous retournent le champ, Deçà, delà, partout; si bien qu'au bout de l'an Il en rapporta davantage. D'argent, point de caché. Mais le père fut sage De leur montrer, avant sa mort, Que le travail est un trésor. |