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refte cependant à dire beaucoup de chofes, qui ne me paroiffent pas moins utiles que celles que j'ai dites. C'est ce qui m'engage à donner, en même tems que cette Edition, des Effais Philologiques, qui lui ferviront en partie de Supplément, & qui Jeront précédés du BOLEANA. Je n'ai pu lui trouver place dans ces quatre Volumes, quoique mon deffein fût de l'y faire entrer, comme on le verra par la manière, dont je le cite en différens endroits. Ce Recueil, ainfi que tous ceux de fon efpèce, est un mêlange de bon & de mauvais. Le Public ne l'a pas autant fêté que fon Editeur l'efpéroit. Je crois qu'il eût êté mieux reçu, lorf que la vogue des Ana duroit encore ; & que ce qu'il peut renfermer d'utile ou d'agréable, m'autorife à ne le pas fupprimer,

IX. Enfin je defens quelquefois M. Def préaux contre les mauvaifes Critiques, que l'on a faites de plufieurs endroits de fes Ouvrages; mais quelquefois auffi je reprens très-librement ce qui me paroît digne de cenfure. C'eft fur tout ce qu'exigeoit de moi le deffein, que j'avois d'être

utile.

J'ai confidéré les Ouvrages de cet illuftre Auteur, comme étant, pour ainfi dire, le feul Livre Claffique que nous euffions en nôtre Langue. L'ufage de ce Livre entre dans tous les plans d'Education; & nous n'en avons point en effet, qui foit plus propre à former l'efprit des jeunes gens par l'inftruction, & par l'exemple. C'est le

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but, on M. Defpréaux, que l'on peut nommer, où jufte titre, le Poëte du Bon-fens & de la Vertu, vouloit atteindre dans tous fes Ecrits; & c'eft ce qu'annonce la Devife, qu'il avoit fait graver au commencement de toutes fes Editions, & que j'ai placée au haut de cet Avertiffement. En rempliffant les vues de M. Defpréaux à l'égard de l'Utile, je n'ai pas du prétendre marcher fur fes traces par rapport à l'Agréable; & fans doute on ne l'exige pas de qui n'a pour devoir unique que d'inftruire.

C'eft principalement aux jeunes gens, que je confacre mon travail; & c'est pour eux fur tout qu'il eft vrai que la Critique doit s'exercer par préférence fur les meilleurs Auteurs, Ces Auteurs font des modèles, dont il est néceffaire de faire remarquer les défauts à des Efprits, qui n'êtant point capables de difcerner par eux-même ce qui doit être regardé comme de véritables fautes,

moins encore ce qui ne doit paffer que pour des négligences, ont befoin qu'on les aide à faire mûrir en eux le Jugement & le Goût. Mais, s'il est important d'apprendre à bien écrire, il est beaucoup plus important de s'accoutumer à penser avec justesse. Je n'ai donc pas borné ma Critique à ce qui m'a paru répréhenfible pour le Stile. Je m'attache auffi trés-fouvent au fonds des chofes ; & lorsque j'avertis, à cet égard, de quelques inexactitudes échappées à M. Defpréaux ; je crois me conformer de plus en plus à fes intentions, & continuer,

en quelque forte, ce qu'il avoit fait pendant toute fa vie, c'est-à-dire, indiquer le véritable but où l'on doit tendre, & montrer la néceffité de préferer la Raifon à l'Esprit.

En travaillant pour les jeunes Gens, j'ai voulu rendre auffi quelque fervice aux jeunes Maîtres. Je conçois quel doit être l'embaras de la plufpart, quand, au lieu de cette abondance d' Idées, qu'ils fentent leur être nécessaire, ils n'en voient chés eux qu'une difette capable de les décourager. Je partage leur peine, & je leur offre ici, fur les matières qui Se font préfentées, des fecours, foibles à la vérité, mais qui, s'uniffant à leurs propres lumières, ne doivent pas leur être abfolument inutiles.

Voilà toutes les vues que je me fuis propofées s &les Lecteurs, auxquels j'ai deftiné mes Notes mes Differtations Critiques. S'il leur en revient quelque avantage; je n'aurai point à me repentir d'avoir mis deux ans à ce travail, qui n'eft rien moins qu'amufant. S'ils n'en retirent au contraire aucun profit, je ferai le premier à me condamner d'avoir fi mal emploïé mon tems, & je ne me croirai pas fuffisamment juftifié par la bonté de

mes intentions.

AVERTISSEMENT

Mis par M. BROSSETTE à la tête de fon Edition, qui parut à Genève en 1717. en 2. Volumes in-4°.

EN publiant un Commentaire fur les Oeuvres de

Monfieur Boileau-Defpréaux, j'ai eu deffein de donner une édition du Texte, plus parfaite que toutes celles qui ont paru. Pour la rendre telle, j'ai raffemblé avec foin tout ce qui eft forti de la plume de cet illuftre Ecrivain. Je donne des Pièces entieres qui n'avoient pas encore vu le jour; je conferve les endroits qu'il avoit retranchés de quelques éditions: enfin jufqu'aux moindres fragmens, tout fe trouve içi, revû plus exactement que jamais.

J'ajoûte des Eclairciffemens hiftoriques au Texte de l'Auteur; & je n'impofe point quand j'annonce dans mon titre, qu'ils m'ont été donnés par l'Auteur lui-même car je n'avance prefque rien qui ne foit tiré ou des converfations que j'ai eues avec lui, ou des lettres qu'il m'a écrites. La haute idée que j'avois de fes Ouvrages, m'aiant fait fouhaiter de le connoître, je ne trouvai en lui ni cette fauffe modeftie, ni cette vaine oftentation, fi ordinaires aux perfonnes qui ont acquis une réputation éclatante: &, bien different de ces Auteurs renommés qui perdent à être vûs de près, il me parut encore plus grand dans fa Converfation que dans fes Ecrits.

Cette premiere entrevûe donna naiffance à un commerce intime qui a duré plus de douze années. La grande inégalité de fon âge & du mien, ne l'empêcha point de prendre confiance en moi: il m'ouvrit

entierement fon cœur; & quand je donne ce Commentaire, je ne fais proprement que rendre au Public le dépôt que cet illuftre Ami m'avoit confié.

S'il eut la complaifance de m'apprendre toutes les particularitez de fes Ouvrages, je puis dire que de mon côté je ne négligeai rien de ce qui pouvoit me donner d'ailleurs une connoiffance exacte de certains faits qu'il touche légerement, & dont il m'avoüoit qu'il ne fçavoit pas trop bien le détail. Mes recherches ne lui déplaifoient pas ; de forte qu'un jour comme je lui rendois compte de mes découvertes: A l'air dont vous y allez, me dit-il, vous sçaurez mieux vôtre Boileau que moi-même.

Ce n'eft donc pas ici un tiffu de conjectures, hazardées par un Commentateur qui devine: c'eft le fimple récit d'un Hiftorien qui raconte, fidellement, & fouvent dans les mêmes termes, ce qu'il a apris de la bouche de l'Auteur original. En un mot, c'eft l'Hiftoire fecrette des Ouvrages de Mr. Defpréaux, Mais c'eft auffi, en quelque façon, l'Hiftoire de fon Siécle. Car comme il y a eu peu d'Ecrivains de ce tems-là qu'il n'ait nommés, en bien ou en mal; peu d'évenemens de quelque importance, qu'il n'ait indiqués; mon Commentaire embraffe le détail de ces diverfes matieres. Ainfi, l'on y trouvera quantité d'anecdotes litteraires & hiftoriques, peut-être affez curieufes d'elles-mêmes pour attacher les Lecteurs, & pour fupléer à ces graces interreffantes que je ferois peu capable de répandre fur mon Ouvrage.

Bien loin de m'abandonner à cette aveugle prévention tant reprochée aux Commentateurs, j'ai raporté affez exactement les critiques qu'on a faites de mon 'Auteur, pour peu qu'elles m'aient paru fenfées. J'ai crû, qu'à l'égard de mes Lecteurs, je devois moins me regarder comme l'Ami de fa Perfonne, que comme l'Interprète & l'Hiftorien de fes Ecrits.

En parlant des perfonnes qui y font nommées, je

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