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V.

AVERTISSEMENT

Mis après la PREFACE en 1694. AU LECTEUR.

J'AY laiffé ici la mesme Préface qui eftoit dans les deux éditions précédentes: à cause de la justice que j'y rens à beaucoup d'Auteurs que j'ay attaques. Je croyois avoir affez fait connoiftre par cette démarche, où perfonne ne m'obligeoit, que ce n'eft point un efprit de malignité qui m'a fait écrire contre ces Auteurs, & que j'ay efté plûtoft fincere à leur égard, que médifant. Monfieur (1) Perrault neanmoins n'en a pas jugé de la forte. Ce galant homme, au bout de prés (2) de vingt-cinq ans qu'il ya que mes Satires ont efté imprimées la premiere fois, eft venu tout à coup, & dans le temps qu'il fe difoit de mes Amis, réveiller des querelles entierement oubliées, & me faire fur mes Ouvrages un procez que mes Ennemis ne me faifoient plus. Il a compté pour rien les bonnes raifons que j'ay mifes en rimes pour montrer qu'il n'y a point de "médifance à fe môquer des méchans écrits:& fans prendre la peine de réfuter ces raifons, a jugé à propos de me traiter (3) dans un Livre, en termes affez

REMARQUES.

V. (1) Perrault] Dans l'Edition de 1694. il n'eft que défigné par P.

(2) de vingt-cinq ans ] Il fal

loit dire: de près de trente ans. Car la première Edition des Sa tires fut faite en 1666.

(3) dant un Livre,] PARA

peu obfcurs, de Médifant, d'Envieux, de Calomniateur, d'Homme qui n'a fongé qu'à établir fa reputation fur la ruine de celle des autres. Et cela fondé principalement fur ce que j'ay dit dans mes Satires, que Chapelain avoit fait des vers durs & qu'on eftoit à l'aise aux fermons de l'Abbé Cotin.

Ce font en effet les deux grands crimes qu'il me reproche; jufqu'à vouloir me faire comprendre que je ne dois jamais efperer de remiffion du mal que j'ay caufé, en donnant par là occafion à la poftérité de croire que fous le Regne de Louis le Grand il y a eu en France un Poëte ennuyeux, & un Prédicateur affez peu fuivi. Le plaifant de l'affaire eft, que dans le Livre qu'il fait pour juftifier noftre fiecle de cette étrange calomnie, (4) il avouë luimefme que Chapelain eft un Poëte tres-peu divertiffant, & fi dur dans fes expreffions, qu'il n'eft pas poffible de le lire. Il ne convient pas ainfi du defert qui étoit aux prédications de l'Abbé Cotin. (5) Au contraire, il affeure qu'il a efté fort preffé à un des fermons de cet Abbé; mais en mefme-temps il nous apprend cette jolie particularité de la vie d'un fi grand Prédicateur: que fans ce fermon, où heureufement quelques-uns de fes Juges fe trouverent, la Juftice, fur la requefte de fes parens, lui alloit donner un Curateur comme à un imbecille. C'eft ainfi que Monfieur Perrault fçait deffendre fes Amis, & mettre en ufage les leçons de cette belle Rhetorique moderne inconnuë aux Anciens, où vrai-femblablement il a appris à dire ce qu'il ne faut point dire. Mais je parle affez de la jufteffe d'ef

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prit de Monfieur Perrault dans mes Reflexions critiques fur Longin; & il eft bon d'y renvoyer les Lecteurs.

Tout ce que j'ay ici à leur dire, c'eft que je leur donne dans cette nouvelle edition, outre mes anciens Ouvrages exactement reveus, ma Satire contre les Femmes, l'Ode fur Namur, quelques Epigrammes, & mes Reflexions critiques fur Longin. Ces Reflexions que j'ay compofées à l'occafion des Dialogues de Mr. Perrault, fe font multipliées fous ma main beaucoup plus que je ne croyois, & font caufe que j'ai divifé mon Livre en deux volumes. J'ay mis à la fin du fecond volume les Traductions Latines qu'ont fait de mon Ode les deux plus celebres Profeffeurs en eloquence de l'Univerfité: je veux dire Monfieur Lenglet & Monfieur Rollin. Ces traductions ont efté generalement admirées, & ils m'ont fait en cela tous deux d'autant plus d'honneur, qu'ils fçavent bien que c'eft la feule lecture de mon Ouvrage qui les a excités à entreprendre ce travail. J'ay auffi joint à ces traductions quatre Epigrammes Latines que (6) le Réverend Pere Fraguier Jefuite a faites contre le Zoile Moderne. Il y en a deux qui font imitées d'une des miennes. On ne peut rien voir de plus poli ni de plus élegant que ces quatres Epigrammes; & il femble que Catulle y foit reffufcité pour vanger Catulle. J'efpere donc que le Public me fçaura quelque gré du préfent que je lui en fais.

Au refte, dans le temps que cette nouvelle edi

REMARQUES.

(6) le Réverend Pere Fraguier] Aujourd'hui (M. l'Abbé Fra guier) de l'Académie Françoife, & de l'Académie Roïale des Infcriptions & des Médailles.

BROSS.

Claude François Fraguier, de l'Académie des Belles-Lettres & de l'Académie Françoife, mort le 13. Mai 1728. EDIT. P. 1740.

tion de mes Ouvrages alloit voir le jour; (7) le Reverend Pere de la Landelle autre celebre Jefuite, m'a apporté une traduction Latine qu'il a auffi faite de mon Ode, & cette traduction m'a paru fi belle, que je n'ai pû refifter à la tentation d'en enrichir encore mon Livre, où on la trouvera avec les deux autres à la fin du fecond tôme.

REMARQUES.

(7) le Reverend Pere de la Landelle ] 1°. C'eft le même qui dans les Editions fuivantes, a pris le nom de Saint Remi. BROSS.

Aujourd'hui M. l'Abbé de Saint Remy, de qui l'on attend une belle Traduction de Virgile. EDIT. P. 1735.......... qui a donné au Public une belle Traduction de Virgile. EDIT. P. 1740.

2. Les plus célèbres Poëtes du Roïaume fe font appliqués à traduire en Vers Latins prefque toutes les Poëfies de M. Defpréaux. dont quelques-unes ont êté auffi traduites en Grec (par M. Boivin, Garde de la Bibliothèque du Roi). Les Etrangers même, qui ne font pas moins de cas que nous de cet excellent Ecri. vain, ont pareillement traduit Les Oeuvres en prefque toutes les Langues de l'Europe. Il y en a une Traduction complette en Anglois. M. le Comte d'Ericeyra, un des plus beaux Efprits & des plus grands Seigneurs de la Cour de l'ortugal, a traduit l'Art Portique en Vers Portugais. M. l'Abbé Mezzabarba, Gentilhomme Milanois, a traduit en Vers Italiens l'Ode fur Namur, & plufieurs autres Piè

ces.

Ce favant Abbé m'aïant donné ces mêmes Traductions, je les envoïai à M. Despréaux, qui m'écrivit le 6. Mars 170.

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en ces termes : Pour ce qui eft de fa Traduction de mon Ode fur Namur je ne vous dirai pas qu'il y eft plus moimefme que moi-mefme; mais je vous dirai hardiment, que bien que j'aie fur tout fongé à ,, y prendre l'efprit de Pindare, M. de Mezzabarha y est beau,, coup plus Pindare que moi Il y a apparence que l'on fera un recueil de toutes ces Traductions. BROSS

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3°. M. Broffette finit par nous annoncer un projet, qu'il avoit apparament formé mais on ignore s'il s'êtoit mis en devoir de l'exécuter. A l'égard des Traductions Latines des différenres Poefies de nôtre Auteur elles ont êté recueillies, pour la plufpart, dans un Volume in-12. qui parut à Paris en 1735. chés Alix, & dont le titre eft: Perilluftris Viri NIC. BOILEAU DESPRE'AUX Opera, è Gallicis numeris in Latinos tranflata à D. GoDEAU antiquo Rectore Univerftatis Studii Parifienfis. ACCESSERE ad calcem que reperiri potuerunt Poëmatum tanti Auctoris in Latinos modos redditorum ab illuf trioribus ejufdem Academia Viris, ROLLINO fcilicet, GRENANO, BizOTO, VAESBERGIO aliifque. Ce Recueil fe trouve chés les mêmes Libraires, qui vendent la préfente Edition. A la fin du

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V I.

(Pour l'EDITION de 1701.)

COMME c'eft ici vrai-semblablement la derniere Edition de mes Ouvrages que je reverrai; & qu'il n'y a pas d'apparence, qu'âgé comme je fuis, (1) de plus de foixante & trois ans, & accablé de

REMARQUES.

duit de génie, un talent tout particulier.

VI. (1) de plus de foixante om trois ans,] C'eft-à-dire, de plus de foixante & quatre ans : car M. Despréaux êtant né le 1. de Novembre 1636. il couroit fa foixante & cinquième année en 1701. quand il compofa cette Préface. Le Roi lui aïant demandé un jour, en quel tems

Volume font toutes les Pièces Latines, que M. Defpréaux indique dans cet Avertiffement de 1694. C'est ce qui m'a fait prendre le parti de les retrancher du Recueil de fes Ouvrages. 4. Dans ce Volume de Traductions Latines, dont je viens de donner le titre en entier, il n'y a de M. l'Abbé Bizot, Docteur de Sorbonne, que le I. & le V. Chants du Lutrin. Cet ex-il êtoit né, M. Despréaux lui récellent Poete Latin a traduit le Poëme entier, & fur la haute idée que fes différentes Poefies ont du faire concevoir de fes talens, on a lieu de regreter qu'il ne s'empreffe pas d'avantage de donner au Public un Ouvrage, qui ne peut qu'être bien reçu des Connoiffeurs.

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pondit, que le tems de fa naiffance êtoit la circonftance la plus glorieufe de fa vie : Je fuis venu au monde, dit-il, une année avant vôtre Majesté, pour annoncer les merveilles de jon Regne. Le Roi fut touché de cette Réponse & les Courtisans ne manquèrent pas d'y applaudir. M. Defpréaux, qui ne fit peutêtre pas alors réflexion fur l'année de fa naiflance, s'eft cru depuis engagé d'honneur à soutenir un mot, qu'il avoit dit en préfence de toute la Cour, & qui avoit fi bien réuffi. C'est ce qui l'a obligé, toutes les fois qu'il a eu occation de parler de fa naiflance, de la mettre en 1637. & c'est ce qui a caufé l'erreur fur les dates de tous les ou

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