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de l'Amour de Dieu; & que non feulement je ne trouveray pas eftrange qu'ils ne lifent que celle-là; mais que je me fens quelquefois moy-mefme en des difpofitions d'efprit, où je

voudrois de bon cœur n'avoir de ma vie com

pofé que ce feul Ouvrage, qui vraisemblablement fera la derniere piece de Poëfie qu'on aura de moy: mon genie pour mon genie pour les Vers commençant à s'épuifer, & mes emplois hiftoriques ne me laiffant gueres le temps de m'appliquer à chercher, & à ramaffer des rimes.

Voilà ce que j'avois à dire aux Lecteurs. Avant neanmoins que de finir cette Préface, il ne fera pas hors de propos, ce me semble, de raffeurer des Perfonnes timides, qui n'ayant pas une fort grande idée de ma capacité en matiere de Théologie, douteront peut-eftre que tout ce que j'avance en mon Epiftre foit fort infaillible, & apprehendront qu'en voulant les conduire je ne les égare. Afin donc qu'elles marchent feurement, je leur diray, vanité à part, que jay leû plufieurs fois cette Epiftre à un fort grand nombre de Docteurs de Sorbonne, de Peres de l'Oratoire & de (2) Jefuites trés-celebres, qui tous y ont ap

REMARQUES.

(2.) Jefuites tres-celebres.] Le P. de La Chaize, le P. Gaillard, & quelques autres.

François d'Aix de la Chaize, né

dans le Château d'Aix en Forêts, le 25. d'Août 1624. petit Neveu du fameux P. Cotton, Confeffeur d'Henri IV. fur choisi par

plaudi, & en ont trouvé la doctrine trés- faine & trés-pure. Que beaucoup de Prelats illuftres, à qui je l'ay recitée, en ont jugé comme Eux. Que Monfeigneur l'Evefque de Meaux (3) c'est-à-dire, une des plus grandes Lumieres qui ayent éclairé l'Eglife dans les derniers Siecles, a eu long-temps mon Ouvrage entre les mains & qu'aprés l'avoir leû & releû plufieurs fois, il m'a non feulement donné fon approbation, mais a trouvé bon que je publiaffe à tout le monde, qu'il me la donnoit. Enfin

REMARQUES.

le feu Roi pour Confeffeur en 1675. Au renouvellement de Académie des Infcriptions & Belles-Lettres en 1701, le Roi l'en nomma Honoraire. Il mourut le 20. de Janvier 1709 âgé de 8. ans. Ce Jéfuite né homme de condition avoit beaucoup d'efprit, & êtoit favant en Philofophie, en Théologie, en Hiftoire & Antiquités. Il avoit à l'égard de ce dernier Article, particulièrement étudié les Mé. dailles.

Honoré Gaillard, né à Aix en Provence, & fils d'un Avocat au Parlement de cette Province, s'êtoit fait une très-grande réputation par fes Sermons. Il ne fut pas moins célèbre pour la Direction; & la Reine d'Angle terre Marie-Beatrix-Eleonor d'Eft, fe mit fous fa conduite les der nières années de fa vie, & y mourut. Il fut enfuite Recteur du Collège de Paris, puis Supérieur de la Maifon Profefle, pofte que fon grand âge lui fit

que

quitter. Il mourut à Paris le 11. de Juin 1727. dans la quatrevingt fixième année de fon âge après 69. ans de Profeilion religieufe,

(3,) M. l'Evefque de Meaux. ] JACQUES BENIGNE BOSSUET, Docteur en Théologie de la Faculté de Paris, Grand Archidiacre & Doïen de Metz, enfuite Abbé de faint Lucien de Beauvais, facré Evêque de Condom en 1670. nommé Précepteur de Louis Dauphin de France la même année; Premier Aumônier de Madame la Dauphine en 1680. Evêque de Meaux en 1681. de l'Académie Françoife en 1671. Supérieur de la Maifon de Navarre en 1695. Confeiller d'Etat en 1697. & premier Aumônier de Madame la Ducheffe de Bourgogne en 1698. êtoit né à Dijon le 27. de Septembre 1627. d'une ancienne Famille du Parlement de cette Ville. Il mourut à Paris le 13. d'Avril 1704. âgé de 76. ans 6. mois 16. jours.

pour mettre le comble à ma gloire, ce faint Archevefque (4) dans le Diocese duquel j'ai le bonheur de me trouver, ce grand Prelat, disje, auffi éminent en doctrine & en vertus, qu'en dignité & en naiffance, que le plus grand Roy de l'Univers, par un choix vifiblement infpiré du Ciel, a donné à la Ville capitale de fon Royaume, pour affeurer l'Innocence, & pour détruire l'Erreur, Monseigneur l'Archevefque de Paris, en un mot, a bien daigné auffi examiner foigneufement mon Epiftre, & a eû mefme la bonté de me donner fur plus d'un endroit des confeils que j'ay fuivis ; & m'a enfin accordé auffi fon approbation, avec des éloges, dont je suis également ravi & confus.

(5) Au refte, comme il y a des Gens qui

REMARQUES.

bus flebilis, dit fon Epitaphe. Il êtoit âgé de 78. ans.

(5.) Au reste, &c. ] L'Auteur fubftitua cet Article dans l'Edition de 1701. à cet autre qui terminoit fa Préface dans l'Edi tion faite en 1695.

(4.) ce faint Archevefque. ] LOUIS ANTOINE DE NOAILLES, Docteur en Théologie de la Faculté de Paris, nommé à l'Evêché de Cahors en 1679. transteré l'année fuivante à Châlons fur Marne; fait Archevêque de Paris en 1695. enfuite Cardinal, Commandeur des Ordres du Roi,,, Provifeur de la Maison & Société de Sorbonne, & Supérieur de celle de Navarre, êtoit un Prélat infiniment eftimable par fes vertus & par fon amour pour la paix ; & très-digne des loiianges, que nôtre Poëte lui donne ici. Il mourut à Paris le 4. de Mai 1729. Plenus dierum, omni

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"Je croïois n'avoir plus rien à dire au Lecteur. Mais dans ,, le temps mefme que cette Préface eftoit fous la preffe, on m'a apporté une miferable Epiftre en Vers que quelque Impertinent a fait imprimer, & qu'on veut faire paffer pour ,, mon Ouvrage fur l'Amour de

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Dieu. Je fuis donc obligé d'a», joûter cet article, afin d'aver

ont

ont publié, que mon Epiftre n'eftoit qu'une vaine declamation, qui n'attaquoit rien de réel, ni qu'aucun Homme eûft jamais avancé : Je veux bien, pour l'intereft de la Verité, mettre ici la Propofition que j'y combats, dans la Langue, & dans les termes qu'on la foûtient en plus d'une Ecole. La voici Attritio ex gehenna metu fufficit, etiam fine ulla Dei dilectione, &fine ullo ad Deum offenfum refpectu ; quia talis honefta & fupernaturalis eft. C'eft cette Propofition que j'attaque, & que je foûtiens fauffe, abominable, & plus contraire à la vraie Reli gion, que le Lutheranifme ni le Calvinifme. Cependant je ne croy pas qu'on puiffe nier qu'on ne l'ayt encore foûtenue depuis peu, & qu'on ne layt mefme inferée ( 6 ) dans quelques Catéchismes en des mots fort appro chans des termes Latins, que je viens de rapporter.

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M

DESPRE AUX aiant été nommé par le Roi en 1677. pour écrire fon Hiftoire, fembloit avoir entièrement abandonné la Poëfie. Néanmoins,feize ans après, en 1693. il compofa fon ODE fur la prife de Namur; & l'année fuivante il publia fa X. Satire. A la vue de ce dernier Ouvrage l'audace des Critiques fe réveilla. Il fut exposé à la cenfure d'une infinité de Poëtes médiocres; & ce fut pour leur répondre qu'il compofa cette Epitre. Elle est écrite avec beaucoup d'art; & c'est une chofe affés fingulière d'y voir un Poëte Satirique couvrir fes Cenfeurs de confufion; rejetter fur eux toute l'indignation du Public; & s'attirer noblement la tendreffe & la compaffion des Lecteurs. Notre Auteur avoit une grande prédilection pour cette Piéce, qu'il apelloit ordinairement fes inclinations. Elle fut faite au commencement de l'année 1695. & l'idée en eft prife d'Horace, Livre I. Epitre XX. Voiés le Bolæana, Nombre LIV.

La Frefnaie-Vauquelin finit le premier Livre de fes Satires par une Pièce, qui porte en titre: A fon Livre, & qui n'eft qu'une ample Imitation de l'Epitre d'Horace. Cette dernière n'a que 28. Vers. Celle de M. Defpréaux en a 132. & la Pièce de La Frefnaie Vauquelin, qui remplit exactement le plan d'Horace, eft de 254. Vers. C'est un des meilleurs Ouvrages de cet Auteur. On en citera quelques Morceaux dans les Remarques.

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