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"Monfieur, j'avoue que j'ai efté inquiet du bruit », qui a couru, que vous aviez écrit une Lettre par laquelle vous me déchiriez moi & l'Epitre que ,, j'ai écrite au Roi fur la Campagne de Hollande; car outre le jufte chagrin que j'avois de me voir maltraiter l'homme du monde que j'eftime & que j'admire le plus, j'avois de la peine à digérer le plaifir que cela alloit faire à mes ennemis. Je n'en ai pourtant jamais efté bien perfua», dé. Et le moyen de penfer que l'homme de la Cour qui a le plus d'efprit, pût entrer dans les intérêts de l'Abbé Cotin, & fe réfoudre à avoir », raifon même avec lui ! La Lettre que vous avez écrite à M. le Comte de Limoges, a achevé de ›› me défabufer, & je vois bien que tout ce bruit n'a efté qu'un artifice très-ridicule de mes trèsridicules ennemis. Mais quelque mauvais def fein qu'ils ayent eu contre moi, je leur en ai de l'obligation, puifque c'eft ce qui m'a attiré les paroles obligeantes que vous avez écrites fur ,, mon fujet. Je vous fupplie de croire que je fens ,, cet honneur comme je dois, & que je fuis, &c,,.

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REMARQUES.

Comte de Buffs, in-12. p. 288. avec quelques changemens que l'on avoit faits dans le tour & dans les paroles. Il ne falloit point imprimer cette Lettre parmi celles du Comte de Buff, ou bien il la falloit donner telle que l'Auteur l'avoit écrite. Au refte, les Nouvelles Lettres de

M. de Buffs, dont on vient de parler, ont êté inférées dans l'Edition, que l'on fit à Amfterdam en 1715. de toutes les Let tres de ce Comte; dans laquelle on les a toutes rangées par ordre chronologique. Celle de M. Delpréaux eft à la page 383. du Tome II.

Le 30. du même mois de Mai, le Comte de Buffi fit de Chazeu cette (8) Réponse à nôtre

Poëte.

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Je ne faurois affes dignement répondre à vôtre Lettre, Monfieur. Elle eft fi pleine d'honnêtetés & de louanges, que j'en fuis confus. Je ,, vous dirai feulement, que je n'ai rien vu de vô,, tre façon, que je n'aie trouvé très-beau & trèsnaturel, & que j'ai remarqué dans vos Ouvra,,ges un air d'honnête homme que j'ai encore esti" mé plus que tout le refte. C'est ce qui m'a fait », fouhaiter d'avoir commerce avec vous ; & puif,, que l'occafion s'en préfente aujourd'hui, je vous ,, en demande la continuation, & vôtre amitié, », vous affurant de la mienne. Pour mon eftime, vous n'en devés douter, puis que vos ennepas mis mêmes vous l'accordent dans leur cœur s'ils » ne font pas les plus fottes gens du monde,,.

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REMARQUES.

(8) M. Broffette difoit en 1717. que cette Réponse du Comte de Buffi à M. Defpréaux, n'avoit pas êté imprimée. Il fe

trompoit. On la trouve à la page 385. du II. Tome de l'Edit. des Lettres du Comte de Buffs, de laquelle on vient de parler.

EPISTRE IV.

EPISTRE IV.

AUROY.

EN vain, pour Te louer, ma Muse toûjours preste,

Vingt fois de la Hollande a tenté la conqueste :
Ce païs, où cent murs n'ont pû Te resister,

GRAND ROY, n'est pas en Vers fi facile à domter.
5 Des Villes, que Tu prens, les noms durs & barbares
N'offrent de toutes parts que fyllabes bizarres ;
Et l'oreille effrayée, il faut depuis l'Iffel,
Pour trouver un beau mot, courir jufqu'au Teffel.

REMARQUES.

CHANG. Vers 7. Et l'oreille Dans les premières Editions, effrayée, il faut depuis l'Iffel. ] y avoit :

Pour trouver un beau mot, des rives de l'Iffel, Il faut toujours bronchant, courir jusqu'au Teffel. L'Auteur mit enfuite ainfi dans l'Edition de 1688. Pour trouver un beau mot, il faut depuis l'Iffel, Sans pouvoir s'arrêter, courir jusqu'an Teffel.

Tome I.

V

il

Oui, par tout de fon nom chaque Place munie, 10 Tient bon contre le vers, en détruit l'harmonie. Et qui peut, fans frémir, aborder Woërden? Quel Vers ne tomberoit au feul nom de Heufden? Quelle Muse à rimer en tous lieux difpofée, Oferoit aprocher des bords du Zuiderzée ? 15 Comment en Vers heureux affieger Doëlbourg, Zutphen, Wageninghen, Hardervic, Knotzembourg;

REMARQUES.

Mais n'en êtant pas content, qu'on fit de toutes fes Oeuil tourna ces deux Vers de vres en 1674. in-quarto & incette manière dans l'Edition douze.

On a beau s'exciter: il faut depuis l'Iffel, Pour trouver un beau mot, &c. Ce fut enfin dans l'Edition de 1701. que ces Vers parurent comme ils font ici.

Ibid. Il faut depuis l'Iffel. ] Rivière des Pais-Bas, qui fe jette dans le Zuider-zée, ou la Mer de Sud. Cette Rivière reçoit les eaux du Rhin par un canal qui fut tiré depuis Arnheim jufqu'à Doefbourg, par Drufus Père de l'Empereur Claude & de Germanicus. Le Prince d'Orange, qui commandoit les Troupes des Hollandois, abandonna l'If fel, le 22. de Juin 1672.

VERS 8. -courir jufqu'au Tef fel.] Ile de la Hollande, dans l'Ocean Germanique, à l'entrée du Golphe nommé le Zuiderzée.

VERS II. aborder VVoërden. ] Ville du côté de Hollande, fituée fur le Rhin.

CHANG. Vers 12. -au feul nom de Heulden?] Dans les premières Editions on li.oit, Narden.

Ibid. au feul nom de Heufden? Autre Ville de la même

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Province près de la Meufe. VERS 14. des bords du Zuiderxée. Le Zuider-xée eft un grand Golphe entre les Provinces de Frife, d'Over-Iffel, de Gueldre, & de Hollande. Anciennement c'êtoit un Lac & des Marais, formés la par branche Septentrionale du Rhin jointe à l'iffel; & les anciens Géographes le nommoient Fle vus, ou Flevilacus. Les eaux de la Mer ont dans la fuite couvert & inondé tous ces marais, & il s'en eft formé le Zuider-zéc, Mare Autrinum Sinus Auflrinus. En Flamand, Zuid, fignifie le Sud; & Zée, la Mer.

VERS 15. affieger Doef bourg.] Les Hollandois prononcent Dousbourg. Doesbourg, en Latin Drufiburgum, eft une Ville du Comté de Zutphen, fituée à Pendroit où les eaux du Rhin fe joignent à l'iffel, par le canal de Drufus. Cetre Ville fut prife le 22. de Juin 1672. par MON. SIEUR, Frère du Roi. VV age

VIRS 16. Zutphen,

Il n'eft Fort entre ceux que Tu prends par centaines,
Qui ne puiffe arrester un Rimeur fix femaines :
Et par tout fur le Whal, ainfi que fur le Leck,
20 Le vers eft en déroute, & le Poëte à fec.

Encor, fi Tes exploits, moins grands & moins rapides, Laiffoient prendre courage à nos Muses timides, Peut-être avec le temps, à force d'y rêver,

Par quelque coup de l'art nous pourrions nous fauver. 25 Mais dés qu'on veut tenter cette vaste carriere Pegâze s'effarouche & recule en arriere :

Mon Apollon s'étonne & Nimegue eft à Toy,
Que ma Mufe eft encore au camp devant Orfoy.

REMARQUES.

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VERS 27.

&Nimegue eft Toy. ] Ville confidérable des Provinces-Unies, Capitale du Duché de Gueldre. Elle fut prife le 9. de Juillet 1672. par M. de Turenne, après fix jours de fiége. Cette Ville eft fameufe par la Paix générale, qui y fut concluë en 1678. entre la France, l'Efpagne, & les Provinces-Unies; & en 1679. entre la France & l'Empire.

VERS 28. au Camp devant Orfoy.] Ville & Place forte fur la rive gauche du Rhin, dans le Duché de Clèves. Au commencement de la Campagne, le Roi fit affiéger Orfoy, le premier de Juin, & le prit en deux jours. Il tint long-tems fon Camp devant cette Place,après qu'elle cût êté prife; de forte que les Gazettes & les Lettres particulières, datoient toujours, du Camp devant Orfoy. C'eft à quoi l'Auteur fait allufion,

Vij

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