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hommes, à mon avis, ne pouvant pas s'équivoquer plus lourdement, que de prendre des pierres, de l'or & du cuivre, pour Dieu. J'ajoûterai à cela, que la Providence divine, ainfi que je l'établis clairement dans ma Satire, n'ayant permis chez eux cer horrible aveuglement, qu'en punition de ce que leur premier Pere avoit prêté l'oreille aux promesses du Démon, j'ai pû conclure infailliblement que I'Idolatrie eft un fruit, ou pour mieux dire, un veritable enfant de l'Equivoque. Je ne voi donc pas qu'on me puiffe faire fur cela aucune bonne critique; & fur tout (5) ma Satire estant un pur jeu d'efprit, où il feroit ridicule d'exiger une précifion geometrique de pensées & de paroles.

REMARQUES.

(5) Ma Satire eflant un pur jeu d'efprit.] Cette Satire fut compofée en l'année 1705. l'Auteur êtant âgé de 69. ans. Il emploïa onze mois à la faire, & trois ans à la corriger, Pendant ce long intervalle, fes amis l'engageoient fouvent à en réciter des lambeaux; & fur les rapports peu fidèles qu'ils en faifoient dans le monde, on s'imagina que fa principale vue êtoit d'of fenfer les Jéfuites par cet Ouvrage. Mais outre qu'attaquer les Jefuites, & attaquer l'Equivoque, font deux chofes très-différentes, la fameufe Opinion de l'Equivoque êtant enfeignée par beaucoup d'Auteurs qui ne font pas Jéfuites, & fe trouvant des

Cafuiftes relâchés dans tous les Ordres & même parmi les Docteurs féculiers; on peut dire que cette Satire n'attaque que les mauvais Cafuites en général.

L'Equivoque fe prend ici, comme M. Defpréaux le dit lui-même, pour tous les abus & toutes les méprifes de l'Esprit humain , qui nous font prendre fouvent une chofe pour une autre. Mais les Cafuiftes. fuivant le Père Daniel, appellent EQUIVOQUE, toute propofition qui a plufieurs fens, & que l'on fait en prévoiant que la perfonne qui nous écoute, la prendra dans un fens différent de celui que nous donnons dans notre efprit.

Cette Satire ne regarde donc nullement l'Equivoque, dont il s'a、

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Mais il y a une autre objection plus importante & plus confiderable, qu'on me fera peuteftre au fujet des propofitions de Morale relafchée, que j'attaque dans la derniere partie de mon ouvrage. Car ces propofitions ayant esté, à ce qu'on pretend, avancées par quantité de Theologiens, mefme celebres, la moquerie que j'en fais, peut, dira-t'on diffamer en quelque forte ces Theologiens, & caufer ainfi une espece de scandale dans l'Eglife. A cela je répons premierement, Qu'il n'y a aucune des propofitions que j'attaque, qui n'ait efté plus d'une fois condamnée par toute l'Eglife, & tout recemment encore par deux des plus grands Papes qui aient depuis long-temps rempli le Saint Siege. Je dis en fecond lieu, qu'à l'exemple de

REMARQUES.

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de forte que m'eftant quelquefois couché Janfénifle tirant au Calvinifie, je fuis tout étonné ,, que je me réveille Molinifle ap,, prochant du Pélagien. Ainfi fans condamner ni les uns ni les autres, je m'écrie avec S. PAUL Altitudo fapientia! Mais après avoir quelquefois ,, en moi-mefme traduit ces paroles par: 0 que Dieu eft fage! J'ajoûte auffi en mefme temps:

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git dans les Ecoles. M. Defpréaux,,fentiment, &tantoft d'un autre: dit lui-même, que c'est un pur jeu d'efprit. Ainfi c'eft une erreur de croire qu'il ait voulu dogmatifer, foit dans cet Ouvrage, foit dans fon Epitre de l'Amour de Dieu. Il n'époufoit férieufement nul parti à l'égard des matières, qui ne font point encore décidées. On en peut juger par ce qu'il m'en dit luimême dans une Lettre,qu'il m'écrivit le fept de Decembre,, 1703. & où il s'agit de la plus grande conteftation des Théologiens de ce fiécle. "Pour ce qui ,, regarde le Démêlé fur la Grace c'eft fur quoi je n'ay point, 2, pris parti, êtant tantoft d'un

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que les hommes font fous ! Je m'imagine que vous entendez bien pourquoi cette dernière exclamation, & que vous n'y comprenez pas un petit nombre de Volumes. BROSSETTE.

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ces celebres Vicaires de JESUS-CHRIST, (6) je n'ai point nommé les Auteurs de ces propofitions, ni aucun de ces Theologiens dont on dit que je puis caufer la diffamation, & contre lefquels mefme j'avoue que je ne puis rien decider, puifque je n'ay point leu, ni ne fuis d'humeur à lire leurs écrits: ce qui feroit pourtant abfolument neceffaire pour prononcer fur les accufations que l'on forme contre eux, leurs accufateurs pouvant les avoir mal entendus, & s'eftre trompez dant l'intelligence des paffages où ils pretendent que font ces erreurs dont ils les accufent. Je foûtiens en troifieme lieu, qu'il eft contre la droite raifon de penfer que je puiffe exciter quelque fcandale dans l'Eglife, en traitant de ridicules des propofitions rejettées de toute l'Eglife, & plus dignes encore, par leur abfurdité, d'eftre fiflées de tous les Fideles, que refutées ferieufement. C'est ce que je me croi obligé de dire pour me juftifier. Que fi aprés cela il fe trouve encore quelques Theologiens qui fe figurent qu'en décriant ces pro

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REMARQUES.

(6) Je n'ai point nommé les Auteurs de ces propofitions. ] L'Auteur, n'aïant pas voulu dans la partie de fon Ouvrage, où il at taque les Opinions de quelques Cafuiftes condamnées par l'E

glife, fe fervir du privilége que la Satire a de nommer les Auteurs, qu'elle cenfure; il femble que fon exemple & fes intentions ont du fervir de regle à fon Commentateur, quoiqu'en dife

pofitions, j'ay eu en veuë de les décrier euxmefmes, je déclare que cette fauffe idée qu'ils ont de moy, ne fçauroit venir que des mauvais artifices de l'Equivoque, qui, pour fe vanger des injures que je lui dis dans ma piece s'efforce d'intereffer dans fa caufe ces Theologiens, en me faifant penfer ce que je n'ay pas pensé, & dire ce que je n'ay point dit.

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Voilà ce me semble, bien des paroles, & peut-eftre trop de paroles emploiées pour juftifier un auffi peu confiderable ouvrage qu'eft la Satire qu'on va voir. Avant neanmoins que de finir, je ne crois pas me pouvoir difpenfer d'apprendre aux Lecteurs, qu'en attaquant comme je fais dans ma Satire, ces erreurs, je ne me fuis point fié à mes feules lumieres; mais qu'ainfi que je l'ay pratiqué, il y a environ dix ans à l'égard de mon Epitre De l'Amour de Dieu, j'ay non-feulement confulté fur mon ouvrage tout ce que je connois de plus habiles Docteurs, mais que je l'ay donné à examiner au Prelat de l'E

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glife qui, par l'eftenduë de fes connoiflances & par l'éminence de fa dignité, eft le plus capable & le plus en droit de me prefcrire ce que je dois penfer fur, ces matieres. Je veux dire M. le Cardinal de NOAILLES, mon Archevefque. J'ajoûterai, que ce pieux & fçavant Cardinal a eu trois femaines ma Satire entre les mains, & qu'à mes instantes prieres aprés l'avoir leuë & releuë plus d'une fois, il me l'a enfin renduë, en me comblant d'éloges, & m'a affuré qu'il n'y avoit trouvé à redire qu'un feul mot, que j'ay corrigé fur le champ, & fur lequel je lui ay donné une entiere fatisfaction. Je me flate donc qu'avec une approbation fi authentique, fi feure, & fi glorieuse, je puis marcher la tefte levée & dire hardiment des Critiques qu'on pourra faire deformais contre la doctrine de mon ouvrage, que ce ne fçauroient eftre que de vaines fubtilitez d'un tas de miferables Sophiftes formez dans l'Ecole du Menfonge, & auffi affidez amis de l'Equivoque,

REMARQUES.

fur la XII. Satire, je penfe qu'il s'eft conduit très-fagement; & je ne puis que condamner le foin que fon Cenfeur a pris de nous étaler, dans environ une trenLaine de Notes, non feulement

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les noms des Théologiens, dont Mr. Despréaux fronde quelques propofitions, mais les propofitions elles-même, qui font ici d'autant plus inutiles, que le Poëte a pris foin de nous apprendre

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