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aifées & trop comunes;mais les jeunes gens ne viènent point dans le monde avec la conoiffance de ces choses aifées & comunes ; ils ont befoin de les aprendre, s'ils veulent paffer à la conoiffance de celles qui font plus dificiles & plus élevées.

;

D'autres, au contraire, trouveront que ce traité contient des réflexions qui font au deffus de la portée des jeunes gens; mais je les fuplie d'observer que j'adresse ma Grammaire aux Maitres. Je crois les maitres néceffaires pour les raifons que j'explique dans la préface générale de la Grammaire. Mon objet eft que les maitres trouvent dans cet ouvrage les réflexions & les exemples dont ils peuvent avoir besoin, fice n'eft pour eux-mêmes, au moins pour leurs élèves. C'est ensuite aux maitres à régler l'usage de ces réflexions & de ces exemples, felon les lumières, les ta

lens & la portée de leurs disciples. C'eft une réflexion que je prie le Lecteur de ne point perdre de vue, s'il veut entrer dans ma pensée.

Au refte, je rapèle quelquefois dans ce traité certains points,en difant que j'en ai parlé plus au long ou dans la fyntaxe ou dans quelqu'autre partie de la Grammaire, on doit me pardoner de renvoyer ainfi à des ouvrages qui ne font point encore imprimés, parce qu'en ces ocafions je ne dis rien qu'on ne puisse bien entendre fans avoir recours aux endroits que je rapèle, j'ai cru que puisque les autres parties fuivront celle-ci, il y auroit plus d'ordre & de liaison entre elles, à fuposer pour quelque tems ce que j'espère qui arivera.

E ne crois pas qu'il y ait des fautes typogra Jphiques dans cet ouvrage par l'attention des

Imprimeurs, ou s'il y en a,elles ne font pas bien. confidérables. Cependant, come il n'y a point encore en France de manière uniforme d'écrire, je ne doute pas que chacun, felon fon parti, ne trouve ici un grand nombre de fautes.

Mais, 1. mon cher Lecteur, avez-vous jamais mé dité fur l'Orthographe? Si vous n'avez point fait de réflexions férieuses fur cette partie de la Grammaire, fi vous n'avez qu'une orthographe de hazard & d'habitude, permettez-moi de vous prier de ne point vous arêter à la manière dont ce livre eft ortographié, vous vous y acoutumerez infenfiblementa

2. Etes-vous partifan de l'anciène orthographe? Prenez donc la peine de mettre des lettres doubles qui ne se prononcent point, dans tous les mots que vous trouverez écrits fans ces doubles lettres. Ainfi, quoique felon vos principes il faille avoir égard à l'étimologie en écrivant, ajoutez une m à home, quoiqu'on prononce home, & que ce mot viène du latin homo. Ajoutez auffi une mà Come, quoiqu'il fe prononce come Rome, & qu'il viène de l'italien come,ou de l'espagnol como, ou du latin quomodo: Enfin, mettez des lettres doubles à perfone, quoiqu'il viène de perfóna; à doner, qui vient de donare, à boneur, qui vient de honor, à naturèle, qui vient de naturális, &c.

On vous dira peut-être que les lettres font des fignes, que tout figne doit fignifier quelque chofe, qu'ainfi une lettre double qui ne marque ni l'étiq

mologie, ni la prononciation d'un mot est un signe qui ne fignifie rien, n'importe: ajoutez-les toujours, fatisfaites vos yeux, je ne veux rien qui vous bleffe; & pourvu que vous vous doniez la peine d'entrer dans le fens de mes paroles, vous pouvez faire tout ce qu'il vous plaira des fignes qui fervent à l'exprimer.

Vous me direz peut-être que je me fuis écarté de l'usage mais je vous fuplie d'observer, 1o. Que je n'ai aucune manière d'écrire qui me foit particulière, & qui ne foit autorisée par l'exemple de plufieurs auteurs de réputation.

2o. Le P. Bufier prétend même que le grand nombre des Auteurs fuit aujourd'hui la nouvèle orthographe,c'eft-à-dire qu'on ne fuit plus exactement l'anciène. J'ai trouvé la nouvèle orthographe, dit il, ( Gramm. Franç. pag. 388.) dans plus des deux tiers des livres qui s'impriment depuis dix ans. Le P. Bufier nome les Auteurs de ces livres. Le P. Sanadon ajoute que depuis la fuputation du P. Bufier le nombre des partifans de la nouvèle orthographe s'est beaucoup augmenté & s'augmente encore tous Les jours. ( Poéfies d'Horace. Préface, page XVII.) Ainfi, mon cher Lecteur, je conviens que je m'éloigne de votre usage; mais felon le P. Bufier & le P. Šanadon, je me conforme à l'usage le plus fuivi, 3. Etes vous partifan de la nouvèle orthographe Vous trouverez ici à réformer.

Le parti de l'anciène orthographe & celui de la nouvèle fe fubdivifent en bien des branches, de quelque côté que vous foyez, retranchez ou ajou tez toutes les lettres qu'il vous plaira & ne me condânez qu'après que vous aurez vu mes raisons dans mon traité de l'orthographe.

DES TROPES

OU

DES DIFERENS SENS Dans lefquels on peut prendre un même mot dans une même langue.

PREMIERË

THEQUE DE

1894

IN

PARTIE

Des Tropes en général.

ARTICLE PREMIER.
Idée générale des Figures.

VANT que de parler des Tropes. en particulier, je dois dire un mot des figures en général; puisque les Tropes ne font qu'une espèce de figures. On dit comunément que les figures font des maniéres de parler éloignées de celles qui font naturéles & ordinaires : que ce font de certains tours & de certaines façons de s'exprimer, qui s'éloignent en

A

K

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