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Συνεκδοχή. Compréhenfion

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LE

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LA SYNECDOQUE, *

E terme de Synecdoque fignifie compréhenfion, conception : en éfet dans la Synecdoque on fait concevoir à l'efprit plus ou

* On écrit ordinairement Synecdoche, voici les raifons qui me déterminent à écrire Synecdoque.

1. Ce mot n'eft point un mot vulgaire qui foit dans la bouche des gens du monde, enforte qu'on puiffe les confulter pour conoitre l'ufage qu'il faut fuivre par raport à la prononciation de ce mot.

2o. Les gens de lettres que j'ai confultés le prononcent diférenment, les uns difent Synecdoche à la françoise come Roche, & les autres foutiènent avec Richelet, qu'on doit prononcer Synecdoque.

3. Ce mot est tout grec Even dox; il faut donc le prononcer en confervant aux fa prononciation originale, c'eft ainfi qu'on prononce & qu'on écrit époque izox'; Monarque μονάρχης δε μόναρχος ; Pentateuque, πεντάτευχος; Andremaque, Avspoμáxr; Télémaque, Tuλsuaxos, &c. On comferve la même prononciation dans Echo, 'Hx; Ecole, SchoΤα Σχολή, &c.

Je crois donc que fynecdoque étant un mot fcientifique qui n'eft point dans l'ufage vulgaire, il faut l'écrire d'une manière qui n'induife pas à une prononciation peu convenable à fon origine.

4. L'ufage de rendre par ch le x des Grecs a introduit une prononciation françoise dans plufieurs mots que nous avons pris des Grecs. Ces mots étant devenus comuns & l'ufage ayant fixé la manière de les prononcer & de les écrire, refpectons l'ufage, prononçons catéchisme, machine, chi mére, Archidiacre, Architecte, &c. come nous pronon¬ çons chi dans les mots françois, mais encore un coup Synecdoque n'eft point un mot vulgaire, écrivons donc & pro nonçons Synecdoque,

moins que le mot dont on fe fert ne fignifie: dans le fens propre.

Quand au lieu de dire d'un home qu'il aime le vin, je dis qu'il aime la bouteille, c'est une fimple métonymie, c'est un nom pour un autre : mais quand je dis cent voiles pour cent vaiffeaux, non feulement je prens un nom pour un autre, mais je done au mot voiles une fignification plus étendue que celle qu'il a dans le fens propre ; je prens la partie pour le tout.

La Synecdoque eft donc une espèce de métonymie, par laquelle on done une fignification particulière à un mot, qui dans le sens propre a une fignification plus générale ; ou au contraire, on done une fignification générale à un mot qui dans le fens propre n'a qu'une fignification particulière. En un mot, dans la métonymie je prens un nom pour un autre,au lieu que dans la fynecdoque,je prens le plus pour le moins, ou le moins pour le plus. Voici les diférentes fortes de Synecdoques que les Grammairiens ont remarquées.

1. SYNECDOQUE DU GENRE: come quand on dit les mortels pour les homes, le terme de mortels devroit pourtant comprendre auffi les animaux qui font fujets à la mort

Euntes in mundum univerfum

prædicáte evangélium

auffi bien que nous : Ainfi, quand par les mor tels on n'entend que les homes, c'est une fynecdoque du genre: on dit le plus pour le

moins.

Dans l'Ecriture Sainte, créature ne fignifie ordinairement que les homes; c'est encore ce qu'on apèle la fynecdoque du genre, parce qu'alors un mot générique ne s'entend que túra Marc. d'une espèce particulière : créature est un mot €. 16.V. 15. générique,puifqu'il comprend toutes les espé

omni crea

ces de chofes créées, les arbres, les animaux,
les métaux, &c. Ainfi lorsqu'il ne s'entend
que
des homes, c'est une fynecdoque du gen-
re, c'est-à-dire, que fous le nom du genre, on
ne conçoit, on n'exprime qu'une espèce par
ticulière; on restraint le mot générique à la
fimple fignification d'un mot qui ne marque
qu'une espèce.

Nombre eft un mot qui fe dit de tout affemblage d'unités : les Latins fe font quelquefois fervis de ce mot en le reftraignant à une espèce particulière.

1. Pour marquer l'harmonie, le chant: il y a dans le chant une proportion qui se plus. compte. Les Grecs apèlent auffi ruthmos tout ce qui se fait avec une certaine proportion. quidquid certo modo & ratione fit.

. . . Números mémini, fi verba tenérem. Virg. Ecl.

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Je me reffouviens de la mefure, de l'har- IX. V. 45. » monie, de la cadence, du chant, de l'air; » mais je n'ai pas retenu les paroles.

2. Númerus fe prend encore en particulier pour les vers; parce qu'en éfet les vers font compofés d'un certain nombre de piés ou de fylabes: Scribimus números, nous fefons des Perfe fat. 1.

vers.

V. 13.

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3. En françois nous nous fervons auffi de nombre & de nombreux, pour marquer une certaine harmonie, certaines mefures, proportions ou cadences, qui rendent agréables à P'oreille un air, un vers, une période, un difcours. Il y a un certain nombre qui rend les périodes harmonieufes. On dit d'une pé-! riode qu'elle eft fort nombreuse, numerófa orá- Cic. Orat. tio; c'eft-à-dire, que le nombre des fylabes aliter 198. qui la compofent est si bien distribué, que l'o- &c. reille en eft frapée agréablement : númerus a auffi cette fignification en latin. In oratióne Cic. Orat. númerus latinè, græcè půlμòs, inésse dicitur. ...

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n. LVIII.

n. LI.aliter

170. 17.1.

Ad capiéndas aures, ajoute Cicéron, númeri 172. ab oratore quæruntur: & plus bas il s'exprime en ces termes: Aristóteles versum in oratióne vetat esse, númerum jubet. Ariftote ne veut point qu'il fe trouve un vers dans la profe, c'est-à-dire,\

qu'il ne veut point que lorfqu'on écrit en profe il fe trouve dans le difcours le mème affemblage de piés, ou le même nombre de fylabes qui forment un vers.' Il veut cepen→ dant que la profe ait de l'harmonie ; mais une harmonie qui lui foit particulière, quoiqu'elle dépende.également du nombre des fylabes & de l'arangement des mots.

II.

11. Il y a au contraire la SYNEC DOQUE DE L'ESPECE; c'est lorsqu'un mot, qui dans le fens propre ne fignifie qu'une espèce parti culière, fe prend pour le genre; c'est ainfi qu'on apèle quelquefois voleur un méchant home. C'est alors prendre le moins pour marquer le plus.

Il y avoit dans la Theffalie, entre le mont Offa & le mont Olympe, une fameuse plaine apelée Tempé, qui paffoit pour un des plus beaux lieux de la Grèce, les Poètes grecs & latins fe font fervis de ce mot particulier pour marquer toutes fortes de belles campagnes.

>> Le doux fomeil, dit Horace, n'aime >> point le trouble qui regne chez les grands, >> il fe plait dans les petites maifons des ber» gers, à l'ombre d'un ruiffeau, ou dans ces » agréables campagnes dont les arbres ne font agités

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