Page images
PDF
EPUB

Spes, l'efpérance, fe dit fouvent pour ce Prov. c. qu'on efpère. Spes que différtur affligit ánimam. XIII. V. 12. Petitio, demande, fe dit auffi pour la cho 1. Reg.c.1. fe demandée. Dedit mihi dóminus petitionem

V. 27.

Lib.I.fab.3.

meam.

[ocr errors]

que

C'est ainfi que Phèdre a dit, tua calamitas non fentiret, c'est-à-dire, tu calamitófus non fentires. Tua calamitas eft un terme abftrait, au lieu tu calamitófus eft le concret. Credens colli longitus*ibid.fab.8. dinem pour collum longum : & encore corvi ** ibid.fab. ftupor ** qui eft l'abftrait, pour corvus ftúpidus 13. qui eft le concret. Virgile a dit de même, ***Georg. ferri rigor *** qui eft l'abftrait, au lieu de fer1. I. V.143. rum rigidum qui eft le concret.

VII. Les parties du corps qui font regardées come le fiège des paffions & des fentimens intérieurs, fe prènent pour les fentimens mêmes : c'est ainsi qu'on dit il a du cœur, & cállida, c'eft-à-dire, du courage.

* Cata eft

habet cor.

Plaute. Per

4. V. 71.

Si eft mihi

Obfervez que les anciens regardoient le fa.act.4. fc. cœur come le fiège de la fageffe, de l'efprit, de l'adreffe: ainsi habet cor ✶ dans Plaute, ne cor. fi j'ai veut pas dire come parmi nous, elle a du de l'efprit courage, mais elle a de l'efprit; vir cordátus ligence. veut dire en latin un home de fens, qui a un

de l'intel

Plaute.мof bon difcernement.

tel. act. 1.

fc. 2. V. 39

Cornutus, philofophe Stoïcien, qui fut le

maitre de Perfe, & qui a été enfuite le comentateur de ce poète, fait cette remarque für ces paroles de la première fatire: Sum petulánti fplene cachinno. » Phyfici dicunt hómines » fplene ridére, felle iráfci, jécore amáre, cor» de fapere & pulmóne jactári. « Aujourd'hui on a d'autres lumières.

Perfe dit que le ventre c'est-à-dire, la faim, Perfe le befoin, a fait aprendre aux pies & aux corbeaux prolog. à parler.

La cervèle fe prend auffi pour l'efprit, le jugement; O la belle tête ! s'écrie le renard dans O quanta Phédré, quel domage,elle n'a point de cervèle! On

dit d'un étourdi que c'eft une tête fans cervèle

rebrum non fpécies ! cé habet. Ph. l. 1. fab. 74

Ulyffe dit à Uryale, felon la traduction de Madame Dacier, jeune home vous avez tout l'air Odyff. T.2« d'un écervelé: c'est-à-dire,come elle l'explique P. 13. dans fes favantes remarques, vous avez tout l'air d'un home peu fage. Au contraire, quand on dit, c'eft un home de tête,c'est une bone tête, on veut dire que celui dont on parle, eft un habile home un home de jugement. La tête lui a tourné,c'està-dire, qu'il a perdu le bon fens, la préfence d'efprit. Avoir de la tête, fe dit auffi figurément d'un opiniatre: Tête de fer, fe dit d'un home apliqué fans relâche, & encore d'un entêté. La langue, qui eft le principal organe de la

parole, fe prend pour la parole: c'est une mè→ chante langue, c'est-à-dire, c'est un médifant avoir la langue bien pendue, c'est avoir le talent de la parole, c'eft parler facilement. VIII. Le nom du maitre de la maison se Æn. 2. v. prend auffi pour la maison qu'il ocupe :

[ocr errors]

Virgile a dit,jam próximus ardet Ucálegon, c'est-à-dire, le feu a déja pris à la maison d'Ucalégon. On done auffi aux pièces de monoie le nom du Souverain dont elles portent l'emPlaute Bac- preinte. Ducentos Philippos reddat aureos: qu'elle chid.act.iv. rende deux cens Philipes d'or: nous dirions fc. 2. v.8. deux cens Louis d'or.

Voilà les principales efpèces de métonymie. Quelques uns y ajoutent la métonymie par laquelle on nome ce qui précède pour ce qui fuit, où ce qui fuit pour ce qui précède; c'eft ce qu'on apèle L'ANTECEDENT POUR LE CONSEQUENT OU LE CONSEQUENT POUR L'ANTECEDENT, on en trouvera des exemples dans la métalepfe qui n'eft qu'une espèce de métonymie à laquelle on a doné un nom particulier: au lieu qu'à l'égard des autres espèces de métonymie, dont nous venons de parder, on fe contente de dire métonymie de la cause pour l'éfet, métonymie du contenant pour le contenu, métonymie du figne, &c.

III.

L

METALEP S E.

τάιιο:μετὰς

A Métalepfe eft une efpèce de métony- Μετάληψι mie, par laquelle on exprime ce qui fuit Tranfmu pour faire entendre ce qui précèdes ou ce qui trans. Aque précède pour faire entendre ce qui fuit ; elle Barw,cápio. ouvre, pour ainfi dire, la porte, dit Quintilien, afin que vous paffiez d'une idée à une

VIII. G. 64

autre, ex álio in áliud viam præftat: c'est l'anté- Inft. orat.l. cédent pour le conféquent, ou le conféquent pour l'antécédent, & c'eft toujours le jeu des idées acceffoires dont l'une réveille l'autre.

Le partage des biens fe fefoit fouvent & fe fait encore aujourd'hui, en tirant au fort: Jofué fe fervit de cette manière de partager.

*

Le fort précède le partage; delà vient que fors en latin fe prend souvent pour le partage même, pour la portion qui eft échue en partage; c'est le nom de l'antécédent qui est doné au conféquent.

Cumque furrexiffent viri, ut pérgerent ad defcribéndam terram, præcépit eis Jófue dicens : circuite terram` & defề críbite cam ac revertímini ad me ; ut hîc coram dómino, Silo mittam vobis fortem. Jofue, ch. xvIII. v. 8.

in

Crédidi, propter

quod locú

2

Sors fignifie encore jugement, arrêt, c'ëtoit le fort qui décidoit chez les Romains, du rang dans lequel chaque caufe devoit être plaidée: ainfi quand on a dit fors pour jugement, on a pris l'antécédent pour le conféquent.

Sortes en latin fe prend encore pour un oraele, foit parce qu'il y avoit des oracles qui se rendoient par le fort, foit parce que les réponses des oracles étoient come autant de jugemens qui régloient la deftinée, le partage, l'état de ceux qui les confultoient.

*

On croit avant que de parler ; je crois, dit le Prophète, & c'eft pour cela que je partus fum.Pf. le: Il n'y a point là de métalepfe: mais il y 115. V. I. a une métalepfe quand on fe fert de par

ler ou de dire pour fignifier croire ; direzvous après cela que je ne fuis pas de vos amis? c'est-à-dire, croirez-vous aurez vous sujet de dire?

Cedo veut dire dans le fens propre,je cède, je me

[ocr errors]

* Ex more románo non audiebántur caufæ, nifi per fortem ordinátæ. Témpore quo caufæ audiebántur, conveniébant omnes unde & concílium : & ex forte diérum órdi¬ nem accipiébant, quo poft diem trigefimum fuas caufas exequeréntur,unde eft urnam movet.Servius in illud Virgilii, Nec vero ha fine forte datæ, fine júdice fedes. Æn. 1, vI. Y. 43:

« PreviousContinue »