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chrèfe, on la fait fervir à marquer d'autres raports qui ont quelque analogie avec la deftination principale de la préposition, & qui font fufifamment indiqués par le fens du mot qui eft lié à cette prépofition; par exemple:

La prépofition in eft une prépofition de lieu,c'eft-à-dire, que fon premier ufage eft de marquer la circonftance générale d'être dans un lieu Céfar fut tué dans le fenat, entrer dans une maison, ferrer dans une caffette.

:

Enfuite on confidère par métaphore les diférentes fituations de l'efprit & du corps, les diférens états de la fortune, en un mot les diférentes maniéres d'être, come autant de lieux où l'home peut fe trouver ; & alors on dit par extenfion, être dans la joie, dans la crain te, dans le deffein, dans la bone ou dans la mauvaise fortune, dans une parfaite fanté, dans le defordre, dans l'épée, dans la robe, dans le doute, &c.

On fe fert auffi de cette prépofition pour marquer le tems: c'eft encore par extenfion, par imitation; on confidère le tems come un lieu, nolo me in témpore hoc videat fenex, c'est le dernier vers du quatrième acte de l'Andriène de Térence.

Ubi & ibi font des adverbes de lieu; on les fait fervir auffi par imitation pour marquer le

v. 85.

Térence,

Andr. Act

tems, hac ubi dicta, après que ces mots furent Virg. Ent dits, après ces paroles. Non tu ibi natum? (objurgafti) n'alâtes-vous pas fur le champ gronder votre fils ne lui dites-vous rien alors? On peut faire de pareilles obfervations fur les autres prépofitions, & fur un grand nom

bre d'autres mots.

» geau,

*

1. fc. I. vd

122.

lante fur la

» La prépofition après,dit M. l'Abé de Danmarque premièrement poftériorité *Feuille vo » de lieu entre des perfones ou des choses: prépofition » marcher après quelqu'un ; le valet court après fon après. »maitre les Confeillers font affis après les Préfidens.

Enfuite, confidérant les honeurs, les richeffes, &c, come des êtres réels, on a dit par imitation, courir après les honeurs, foupirer après fa liberté.

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Après, marque auffi poftériorité de tems, » par une espéce d'extenfion de la quantité de » lieu à celle de tems. Pierre eft arivé après Jac»ques. Quand un home marche après un au»tre, il arive ordinairement plus tard ; après demain, après diné, &c.

"Ce Tableau eft fait d'après le Titien. Ce pay»fage eft fait d'après nature: ces façons de par»ler ont raport à la postériorité de tems: >> Le Titien avoit fait le tableau avant que le

peintre le copiat i la nature avoit formé le

» paysage avant que le peintre le représentat. C'est ainfi que les prépofitions latines à & fub marquent auffi le tems, come je l'ai fait voir en parlant de ces prépofitions.

» Il me femble, dit M. l'Abé de Dangeau, qu'il feroit fort utile de faire voir coment » on eft venu à doner tous ces divers ufages à » un même mot; ce qui eft comun à la plu» part des langues.

Le mot d'heures pa, n'a fignifié d'abord que le tems; enfuite par extenfion il a fignifié les quatre faifons de l'année. Lorsqu'HoIliad. L. V. mére dit que depuis le comencement des tems les Trad. P. beures veillent à la garde du haut Olympe, & que le foin des portes du ciel leur eft confié, Madame Dacier remarque qu'Homére apèle les heures ce que nous apelons les faifons.

224.

Rem. P. 478. Herod.L.2.

Herodote dit

Herodote dit que les Grecs ont pris des Bag

biloniens l'ufage de divifer le jour en douze parties. Les Romains prirent enfuite cet ufaPline, L. 7. ge des Grecs, il ne fut introduit chez les Romains qu'après la premiére guerre punique:

60.

ce fut vers ces tems-là que par une autre extenfion l'on dona le nom d'heures aux douze parties du jour, & aux douze parties de la nuit ; celles-ci étoient divifées en quatre veilles, dont chacune comprenoit trois heures.

CATACHRES E. Dans le langage de l'Eglife, les jours de la femaine qui fuivent le dimanche font lés féries par extension.

ape

Il y avoit parmi les anciens des fêtes & des féries, les fêtes étoient des jours Solemnels où l'on faifoit des jeux & des facrifices avec pompe: les féries étoient seulement des jours de repos où l'on s'abftenoit du travail. Feftus prétend que ce mot vient à feriendis viltimis.

L'année chrétiène començoit autrefois au jour de Pâques; ce qui étoit fondé fur ce paffage de S. Paul: Quomodò Chriftus refurrexit à Rom. c. ☎, mórtuis, ita & nos in novitáte vita ambulėmus.

L'Empereur Conftantin ordona que l'on sabftiendroit de toute œuvre fervile pendant la quinzaine de Pâques, & que ces quinze jours feroient feries : cela fut exécuté du moins pour la premiére femaine ; ainfi tous les jours de cette premiére femaine furent feries. Le lendemain du dimanche d'après Pâques fut la feconde férie; ainfi des autres. L'on dona enfuite par extenfion, par imitation, le nom de férie feconde, troifiéme, quatrième, &c, aux autres jours des femaines fuivantes, pour ter de leur doner les noms profanes des Dieux

des payens.

évi

C'est ainsi que chez les Juifs, le nom de

V. 4.

fabat ( fabbatum) qui fignifie repos, fut doné au feptiéme jour de la semaine, en mémoire de ce qu'en ce jour Dieu se repofa, pour ainsi dire, en ceffant de créer de nouveaux êtres : enfuite par extension on dona le même nom à tous les jours de la femaine, en ajoutant premier, fecond, troifiéme, &c. prima, fecunda, &c, fabbatórum. Sábbatum fe dit auffi de la femaine. On dona encore ce nom à chaque feptième année, qu'on apela année fabatique, & enfin à l'année qui arivoit après fept fois fept ans, & c'étoit le jubilé des Juifs ; tems de rémission, de restitution, où chaque particulier rentroit dans fes anciens héritages aliénés, & où les efclaves devenoient libres.

Notre verbe aler fignifie dans le fens propre Je tranfporter d'un lieu à un autre mais enfuite dans combien de fens figurés n'eft-il pas employé par extenfion! Tout mouvement qui aboutit à quelque fin ; toute maniére de procéder, de fe conduire, d'ateindre à quelque but; enfin tout ce qui peut être comparé à des voyageurs qui vont ensemble, s'exprime par le verbe aler; je vais, ou je vas ; aler à fes fins, aler droit au but: il ira loin, c'est-à-dire, il fera de grands progrès, aler étudier, aler lire, &c.

Devoir veut dire dans le fens propre être

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