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lorfque

men non fuccurrit, Dóminos falutámus ; » nous rencontrons quelqu'un,& que fon nom«< ne nous vient pas dans l'efprit, nous l'ape-«< lons Monfieur. « Cependant come il faut fouvent fe hâter & courir pour venir au fecours de quelqu'un, on a doné infenfiblement à ce mot par extenfion le fens d'aider ou fecourir. Pétere, felon Perizonius, vient du grec peto & petomai, dont le premier fignifie tomber, & Periz. in l'autre voler; enforte que ces verbes une action qui fe fait avec éfort & mouve- a. 46. ment vers quelque objet : ainsi :

marquent

1. Le premier fens de pétere, c'est aler vers, Je porter avec ardeur vers un objet ; enfuite on done à ce mot par extenfion plusieurs autres fens, qui font une fuite du premier.

πέτα

πέτομαι

fanct. min. C. 4.

lib. 4.

2. Il fignifie fouhaiter d'avoir, briguer, deman- ́ ́ der; pétere confulátum, briguer le confulat s pétere núptias alicujus, rechercher une persone en mariage.

3. Aler prendre unde mihi petam cibum Ter.Heaut., 4. Aler vers quelqu'un ; & en conféquence le 5. 2. 25. fraper, Pataquer. Virgile a dit : malo me Galatea Ecl. 3.v.64. petit, & Ovide, à pópulo faxis prætereunte petor. Eleg. de nu5. Enfin pétere veut dire par extenfion aler cc. v. 2. en quelque lieu, enforte que ce lieu foit l'objet de nos demandes & de nos mouvemens. Les

Virg. Æn. I
V. 558.

Virg. Æn.

#2. v. 555.

compagnons d'Enée, après leur naufrage, de mandent à Didon qu'il leur foit permis de fe mettre en état d'aler en Italie, dans le Latium, ou du moins d'aler trouver le Roi Acefte.

Itáliam læti latiúmque petámus.

At freta Sicániæ faltem fedéfque parátas
Unde huc advecti regémque petámus Acésten.

La réponse de Didon eft digne de remarque:

Seu vos Hespériam magnam faturniáque arva,
Sive Ericis fines, regémque optátis Acéften.

où vous voyez qu'optátis explique petámus.
Advertere fignifie tourner vers: advertere agmen
urbi, tourner son armée vers la ville; navem
advértere, tourner fon vaiffeau vers quelque
endroit, y aborder: enfuite on l'a dit
par mé
taphore de l'efprit; advértere ánimum, advértere
mentem ; tourner l'efprit vers quelque objet
faire atention, faire réflexion, confidérer : on
a même fait un mot compofé de ánimum &
d'advertere; anim-advértere, confidérer, remar-
quer, examiner.

Mais parce qu'on tourne fon efprit, fon reffentiment, vers ceux qui nous ont ofenfés, &

* Salufte Catil. 5

&qu'on veut punir ; on a doné ensuite par ex-
tenfion le fens depunir à animadvértere; verbéribus
animadvertébant in cives;*ils tournoient leur ref-
fentiment, leur colère, avec des verges con-
tre les citoyens, c'eft-à-dire, qu'ils conda-
noient au fouet les citoyens. Remarquez qu'á-
nimus fe prend alors dans le fens de colère.
* Animus, dit Faber, fe prend souvent pour Thef.v.ánig
cette partie de l'ame, quæ impetus habet & motus,

Ira furor brevis eft; ánimum rege, qui nifi paret
Imperat; hunc frenis, hunc tu compéfce caténâ.

Ces fortes d'extenfions doivent être autorisées par l'ufage d'une langue, & ne font pas toujours réciproques dans une autre langue; c'està-dire que le mot françois ou alemand, qui répond au mot latin, selon le sens propre, ne fe prend pas toujours en françois ou en alemand dans le même sens figuré que l'on doné au mot latin: demander répond à pétere ; cependant nous ne difons point demander pour ataquer; ni pour aler à:

Oppidò dans fon origine eft le datif d'oppidum, ville; oppido pour la ville, au datif. Les laboureurs en s'entretenant ensemble, dit Feftus, fe demandoient l'un à l'autre, avez vous fait bone récolte Sæpè refpondebátur, quantùm

D

Bafil. Fab

mus.

Epift. 2.

Hor. lib. rà

2.

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vel oppido fatis effet, j'en aurois pour nourir tou. te la ville: & delà eft venu qu'on a dit oppido adverbialement, pour beaucoup; hinc in confuetudinem venit ut dicerétur, óppido pro valdè, multùm. Feftus. v. Oppido

Dont vient de undè, ou plutot de de undè, come nous difons delà, dedans. Aliquid déderis undè utátur, donez lui un peu d'argent dont-il puiffe vivre en le metant à profit: ce mot ne fe prend plus aujourd'hui dans fa fignification primitive; on ne dit pas la ville dont je viens, mais d'où je viens.

Propináre, boire à la fanté de quelqu'un, eft un mot purement grec, qui veut dire à la let tre boire le premier. Quand les anciens vouJoient exciter quelqu'un à boire, & faire à peu près à fon égard ce que nous apelons boire à la fanté ; ils prenoient une coupe pleine de vin, ils en buvoient un peu les premiers, & enfuite ils préfentoient la coupe à celui qu'ils vouloient exciter à boire. * Cet usage s'eft confervé en Flandre, en Holande, & dans le

Hic Regína gravem gemmis auróque popófcit
Implevítque mero páteram.

& in menfam láticum libávit honórem,

Primáque libáto fummo tenus áttigit ore:

Tum Bítiæ dedit incrépitans; ille impiger haufit

Spumántem páteram, & pleno fe próluit auro. En. I. 734

Nord on fait l'effai, c'eft-à-dire, qu'avant que de vous présenter le vafe, on en boit un peu, pour vous marquer que vous pouvez en boire fans rien craindre. Delà, par extension, par imitation, on s'eft fervi de propináre pour livrer quelqu'un, le trahir pour faire plaifir à un autre le livrer, le doner come on done la coupe à boire après avoir fait l'effai. Je vous le livre, dit Térence, en fe fervant par extenfion du mot propino, moquez vous de lui tant qu'il vous plaira, hunc vobis deridéndum propíno.

Nous avons vu dans la cinquiéme partie de cette Grammaire,que la préposition supléoit aux raports qu'on ne fauroit marquer par les terminaifons des mots; qu'elle marquoit un raport général ou une circonftance générale, qui étoit enfuite déterminée par le mot qui fuit la prépofition:

Or, ces raports ou circonftances générales font prefque infinies, & le nombre des prépositions eft extrèmement borné ; mais pour fupléer à celles qui manquent, on done dis vers usages à la même prépofition.

Chaque prépofition a sa première fignification; elle a fa destination principale, fon premier fens propre ; & enfuite par extension, par imitation, par abus, en un mot par cata

Ter. Eun. ne derniére.

Act. v. fcé

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