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A l'égard du rectè de la 2°. fcène du III. acte de l'Hécyre, il faut fous-entendre ou váleo, rectè vàleo ; ou rectè mihi cónfulo, ou enfin quelqu'autre mot pareil, come res benè fe habet, &c: Pamphile vouloit exciter cette idée dans l'ef prit de fa mére pour en éluder la demande.

2. fc. I.

Pour ce qui eft de l'autre rectè, Clitiphon Heaut. act. vouloit faire entendre à fa maitreffe, qu'il avoit des reffources pour lui trouver de l'argent; que tout iroit bien, & que fes defirs feroient enfin fatisfaits.

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* Dans les

remarques

Ainfi, quoique Madame Dacier nous dise que nous n'avons point de mot en notre langue qui puiffe exprimer la force fur la fc. 2. de ce rectè, je crois qu'il répond à ces façons du 3. act de de parler, cela va bien, cela ne va pas fi mal que vous pensez courage; il y a espérance, cela eft bons tout ira bien, &c.

Dans toutes les nations policées on a toujours évité les termes qui expriment des idées deshonètes. Les persones peu instruites croient que les Latins n'avoient pas cette délicateffe : c'eft une erreur. Il eft vrai qu'au jourd'hui on a quelquefois recours au latin pour exprimer des idées dont on n'oferoit dire le mot propre en françois; mais c'est come nous n'avons apris les mots latins que

que

l'Hecyre

1

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dans les livres, ils fe préfentent à nous avec une idée acceffoire d'érudition & de lecture,' qui s'empare d'abord de l'imagination; elle la partage, elle envelope, en quelque forte, l'idée deshonète, elle l'écarte, & ne la fait voir que de loin ce font deux objets que l'on préfente alors à l'imagination, dont le premier eft le mot latin qui couvre l'idée qui le fuit, ainfi ces mots fervent come de voile & de périphrase à ces idées peu honètes : au lieu que come nous fomes acoutumés aux mots de notre langue, l'efprit n'est pas partagé à les entendre: ainfi il ne s'ocupe que des objets qu'ils fignifient; il les regarde de plus près, Mais dans le tems que le latin & le grec étoient des langues vivantes, & que les Grecs & les Romains eurent ateint un certain degré de politeffe, les honètes gens ménageoient les termes come nous les ménageons en françois, & leur fcrupule aloit même quelquefois fi loin, qu'ils évitoient la rencontre des fylabes, qui, jointes ensemble, auroient pų réveiller des idées deshonètes, Quia fi ita dicerétur, obfcaniùs concurrerent litteræ, Inft.Orat.l. dit Cicéron, & Quintilien a fait la mème remarque.

Orat. n

154. aliter

XLV.

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»Ne devrois tu point mourir de hon

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bte, dit Chrémès à fon fils, d'avoir eu
» l'infolence d'amener à mes yeux, dans
» ma propre maison, une....
je n'ose pro-

» noncer un mot deshonète en présence de
»ta mére, & tu as bien ofé comètre une
» action infâme dans notre propre maison!

C'étoit par la mème figure qu'au lieu de dire je vous abandone, je ne me mets point en peine de vous, je vous quite, les anciens difoient fouvent, vivez, portez-vous bien. Vivez forêts, ** cette expreffion, dans l'endroit où Virgile s'en eft fervi, ne marque pas un souhait que le berger faffe aux forêts, il veut dire fimplement qu'il les abandone.

Ils difoient auffi quelquefois, avoir vécu

* Non mihi per pudet dícere hâc præfente verbum turpe;at te id nullo modo púduit facere. Heaut. act. s. fc. 4. V. 18.

fallácias addúcere ante óculos.

Ego fervo & fervábo Platónis verecundiam. Itaque, tec tis verbis, ea ad te fcripfi, quæ apertiffimis agunt Stóïci. Illi étiam crépitus aiunt æquè liberos, ac ructus, effe oportére. Cic. 1. 1x. Epift. 22.

Equè eâdem modéftiâ, pótiùs cum muliere fuiffe,quàm concubuiffe, dicébant. Varro de ling. fat. 1. v. fub fin.

Mos fuit, res turpes & fœdas prolátu, honestiórum conveftírier dignitáte. Arnob. 1. v.

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** Omnia vel médium fiant mare, vívite sylvæ. Virg. Ec. VIII. V. 58.

Váleant, qui inter nos diffidium volunt. Ter. And. act. v. fc. 2. v. 13.

Caftra peto: valeátque Venus, valeántque puellæ. Tibull. 1. 2. El. 6. v. 9.

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avoir été, s'en être alé, avoir passé par la vie, [ vitâ functus,] au lieu de dire être mort, le terme de mourir leur paroiffoit en certaines ocasions un mot funefte.

Les anciens portoient la fuperftition jufqu'à croire qu'il y avoit des mots de mauvais augure, dont la feule prononciation pouvoit atirer quelque malheur : come fi les paroles, qui ne font qu'un air mis en mouvement, pouvoient produire, par elles mêmes, quelqu'autre éfet dans la nature, que celui d'exciter dans l'air un ébranlement, qui, fe comuniquant à l'organe de l'ouie, fait naitre dans l'efprit des homes les idées dont ils font convenus par l'éducation qu'ils

ont reçue.

Cette fuperftition paroiffoit encore plus dans les cérémonies de la religion: on craignoit de doner aux Dieux quelque nom qui leur fut defagréable. On étoit averti ** au co

Fungi fungor fignifie paffer par, dans un fens métaphorique: être délivré de, s'être aquité de.

**Malè ominátis párcite verbis, on felon d'autres, male nominátis. Hor. 1. 3. od. 14.

Favéte linguis. Hor. l. 3. od. 1.

Ore favéte omnes. Virg. Æn. 1. s. v. 71.

Dicamus bona verba,venit natális, ad aras.

Quifquis ades, linguâ, vir muliérque fave. Tibull. 1. 2, El. 2. v. I.

Prófpera lux oritur,linguífque animífque favéte,

Nunc dicénda bono, funt bona verba, die. Ovid. Faft, 1. I. V. 71.

mencement du facrifice ou de la cérémonie, de prendre garde de prononcer aucun mot qui put atirer quelque malheur, de ne dire que de bones paroles, bona verba fari, enfin d'être favorable de la langue, favete linguis ou linguâ,ou ore; &de garder plutot' le filence, que de prononcer quelque mot funeste qui put déplaire aux Dieux : & c'est delà que favéte linguis fignifie par extenfion faites filence.

Par la mème raison ou plutot par le mème fanatifme, lorsqu'un oiseau avoit été de bon augure, & que ce qu'on devoit atendre de cet heureux préfage étoit détruit par un augure contraire, ce fecond augure ne s'apeloit point mauvais augure; mais fimplement l'autre augure, * ou l'autre oifeau. C'eft pourquoi, dit Feftus, ce terme alter, veut dire quelquefois contraire, mauvais.

Il y avoit des mots consacrés pour les facrifices, dont le fens propre & litéral étoit bien diférent de ce qu'ils fignifioient dans ces cérémonies fuperftitieuses; par exemple: mattáre, qui veut dire magis auctáre, augmenter davantage, se difoit des victimes qu'on

*Alter, & pro non bono pónitur, ut in augúriis, áltera cum appellátur avis quæ útique prófpera non eft; fic alter nonnunquam pro advérfo dícitur & malo. Feftus,v.alter

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