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me, habit, attitude.

ARTICLE I I.

Divifion des Figures..

ON divife les figures en figures de pen

*

fées, figúra fententiárum, Schémata; & en figures de mots, figuræ verborum. Il y a cette diférence, dit Ciceron, entre les figures de penfées & les figures de mots, que les figures de penfées dépendent uniquement du tour de f'imagination; elles ne confiftent que dans la maniére particuliére de penfer ou de fentir, enforte que la figure demeure toujours la même, quoiqu'on viêne à changer les mots qui l'expriment : De quelque maniére que M. Flêchier eût fait parler M. de Montaufier dans la profopopée que j'ai raportée çi-deffus, il auroit fait une profopopée : Au contraire, les figures de mots font telles que fi vous changez les paroles, la figure s'évanouit par exemple, lorfque parlant d'une armée navale, je dis qu'elle étoit compofée. de cent voiles; c'eft une figure de mots dont

Inter conformatiónem verbórum & Sententiárum hoc. intereft, quòd verbórum tóllitur, fi verba mutáris, fententiarum pérmanet, quibufcúmque verbis uti velis. Cic. de Orat. L. III. n. 201. aliter Lil.

nous parlerons dans la suite ; voiles eft là pour vaisseaux: que fi je substitue le mot de vaisseaux à celui de voiles, j'exprime également ma pen fée; mais il n'y a plus de figure.

I

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Divifion des figures de mots.

Ly a quatre diférentes fortes de figures
qui regardent les mots.

1o. Celles que les Grammairiens apèlent figures de diction: elles regardent les changemens qui arivent dans les lettres ou dans les fylabes des mots ; telle est, par exemple, la fyncope, c'est le retranchement d'une lettre ou d'une fylabe au milieu d'un mot, fcuta virum pour virórum, &c.

L. i. Od.

2o. Celles qui regardent uniquement la construction; par exemple : lorsqu'Horace parlant de Cléopatre, dit monftrum, quæ... nous difons en françois la plupart des homes di- 37..21. fent, & non pas dit : On fait alors la conftruation felon le fens. Cette figure s'apêle fyllepfe. J'ai traité ailleurs de ces fortes de figures, ainfi je n'en parlerai point ici.

3. Il y a quelques figures de mots, dans lefquelles les mots confervent leur significa

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tion propre, telle eft la répétition, &c. C'eft aux Rhéteurs à parler de ces fortes de figures, auffi bien que des figures de pensées. Dans les unes & dans les autres, la figure ne confifte point dans le changement de fignifica→ tion des mots, ainfi elles ne font point de mon fujet.

4°. Enfin il y a des figures de mots qu'on apèle Tropes, les mots prènent par ces figures des fignifications diférentes de leur fignification propre. Ce font là les figures dont j'en→ treprens de parler dans cette partie de la Grammaire.

L

ARTICLE IV.

Définition des Tropes

Es Tropes font des figures par lefquelles on fait prendre à un mot une fignifica tion, qui n'est pas précisément la fignifica tion propre de ce mot: ainfi pour entendre ce que c'est qu'un trope, il faut comencer par bien comprendre ce que c'eft que la figni fication propre d'un mot ; nous l'expliquerons bien-tôt.

Ces figures font apelées tropes du grec tropé converfio, dont la racine eft trepo, verto,je tour

e. Elles font ainfi apelées, parce que quand on prend un mot dans le fens figuré, on le tourne, pour ainfi dire, afin de lui faire fignifier ce qu'il ne fignifie point dans le fens propre voiles dans le fens propre ne fignific point vaiffeaux, les voiles ne font qu'une partie du vaiffeau : cependant voiles fe dit quelquefois pour vaiffeaux, come nous l'avons déja remarqué.

:

Les tropes font des figures, puifque ce font des maniéres de parler, qui, outre la propriété de faire conoitre ce qu'on pense, sont encore diftinguées par quelque diférence particuliére, qui fait qu'on les raporte chacune à une efpéce à part.

Il y a dans les tropes une modification ou diférence générale qui les rend tropes, & qui les diftingue des autres figures: elle confifte en ce qu'un mot eft pris dans une fignification qui n'est pas précisément fa fignification propre mais de plus chaque trope difére d'un autre trope, & cette diférence particuliére confifte dans la maniére dont un mot s'écarte de fa fignification propre ; par exemple: Il n'y a plus de Pyrénées, dit Louis XIV. d'immortèle mémoire, lorfque fon petit-fils lé Duc d'Anjou, aujourd'hui Philipe V. fut

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apelé à la Courone d'Efpagne. Louis XIV: vouloit-il dire que les Pyrénées avoient été abimées ou anéanties? nulement : perfone n'entendit cette expression à la lettre, & dans le fens propre: elle avoit un fens figuré. Boileau faifant allufion, à ce qu'en 1664. le Roi envoya au fecours de l'Empereur des troupes qui défirent les Turcs, & encore à ce que Sa Majesté établit la compagnie des Indes, dit

Difcours Quand je vois ta fageffe.

au Roi.

Rendre à l'Aigle éperdu fa premiere vigueur

La France fous tes loix maitrifer la Fortune
Et nos vaiffeaux domtant l'un & l'autre Neptune..

Ni l'Aigle ni Neptune ne se prènent point là dans le fens propre. Telle eft la modification ou diférence générale, qui fait que ces façons de parler font des tropes.

Mais quelle espéce particuliére de trope? cela dépend de la maniére dont un mot s'écarte de fa fignification propre pour en prendre une autre. Les Pyrénées dans le fens propre font de hautes montagnes qui séparent la France & l'Espagne: Il n'y a plus de Pyrénées, c'eft-à-dire, plus de féparation, plus de divifion, plus de guerre il n'y aura à l'avenir

qu'une

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