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Boil. Art.
Poet.chant.

2.

TTITÚTUCS

Exemplar.

υποτυπόω, delineo izi fub, TVwix figúra,

act. v. fc.6.

» plie. Cette figure eft la ressource des petits efprits qui écrivent pour le bas peuple.

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Juvénal élevé dans les cris de l'école,
Pouffa jufqu'à l'excès fa mordante hyperbole.

» Mais quand on a du génie & de l'usage du
» monde, on ne se sent guère de gout pour
»ces fortes de pensées fauffes & outrées.

**

L

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Hypotypofe eft un mot grec qui fignifie image, tableau. C'eft lorfque dans les defcriptions on peint les faits dont on parle, come fi ce qu'on dit étoit actuèlement devant les yeux; on montre, pour ainfi dire, ce qu'on ne fait que raconter ; on done en quelque forte l'original pour la copie, les objets pour les tableaux vous en trouverez un bel exemple dans le récit de la mort d'Hyppolite.

Rac-Phedre Cependant, fur le dos de la plaine liquide, S'élève à gros bouillons une montagne humide; L'onde aproche, fe brife, & vomit à nos yeux Parmi les flots d'écume, un monftre furieux; Son front large eft armé de cornes menaçantes,

Tout fon corps eft couvert d'écailles jauniffantes;
Indomtable taureau, dragon impétueux;

Sa

croupe

fe recourbe en replis tortueux,
Ses longs mugiffemens font trembler le rivage;
Le ciel avec horreur voit ce monftre sauvage,
La terre s'en émeut, l'air en eft infecté,
Le flot qui l'aporta recule épouvanté.

Ce dernier vers a paru afecté; on a dit que les
flots de la mer aloient & venoient fans le mo-
tif de l'épouvante, & que dans une ocafion
auffi trifte que celle de la mort d'un fils, il ne
convenoit point de badiner avec une fiction
auffi peu naturèle. Il eft vrai que nous
avons plufieurs exemples d'une semblable
profopopée ; mais il eft mieux de n'en faire
ufage que dans les ocafions où il ne s'agit
que d'amufer l'imagination, & non quand
il faut toucher le coeur. Les figures qui plai-
fent dans un épithalame, déplaisent dans une
oraison funèbre ; la trifteffe doit parler plus Hor.

Art

fimplement, fi elle veut nous intéreffer: mais Poét. v. 97. revenons à l'hypotypofe.

Remarquez que tous les verbes de cette narration font au préfent, l'onde aproche, fe brife, &c. c'est ce qui fait l'hypotypose, l'image, la peinture; il femble que l'action se paffe fous vos yeux.

Paneg. de

S. Louis,en

1729.P.22.

>>

M. l'Abé Ségui, dans fon panégyrique de S. Louis, prononcé en présence de l'Académie françoise, nous fournit encore un bel exemple d'hypotypose, dans la defcription qu'il fait du départ de S. Louis, du voyage de ce prince, & de fon arivée en Afrique. » Il part baigné de pleurs, & comblé des » bénédictions de fon peuple: dèja gémiffent >> les ondes fous le poids de fa puiffante flote; »dèja s'ofrent à fes yeux les côtes d'Afrique; » dèja font rangées en bataille les innombra»bles troupes des Sarafins. Ciel & terre, foyez témoins des prodiges de fa valeur. Il fe jette avec précipitation dans les flots, » fuivi de fon armée que fon exemple encou

rage, malgré les cris éfroyables de l'éne» mi furieux, au milieu des vagues & d'une » grêle de dards qui le couvrent : il s'avance » come un géant vers les chams où la victoire » l'apèle: il prend terre, il aborde, il pénè>>tre les bataillons épais des barbares ; & cou>>vert du bouclier invifible du Dieu qui fait » vivre & qui fait mourir, frapant d'un bras puiffant à droit & à gauche ; écartant la » mort, & la renvoyant à l'énemi ; il semble >> encore se multiplier dans chacun de ses fol» dats. La terreur que les infidèles croyoient

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>> porter dans les cours des fiens, s'empare
d'eux mêmes. Le Sarafin éperdu, le blaf-

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phème à la bouche, le défespoir dans le » cœur, fuit, & lui abandone le rivage.

Je ne mets ici cette figure au rang des tropes, que parce qu'il y a quelque forte de trope à parler du paffé come s'il étoit présent; car d'ailleurs les mots qui font employés dans cette figure confervent leur fignification propre. De plus, elle est fi ordinaire, que j'ai cru qu'il n'étoit pas inutile de la remarquer ici.

XXXXXXXXXXXXXXXXX:

X.

(XXXXXXXX

LA METAPHORE.

Μεταφέρου

A Métaphore eft une figure par laquelle Mera. L on transporte, pour ainsi dire, la figni- tranfátio fication propre d'un nom à une autre fignifi- Transfero. cation qui ne lui convient qu'en vertu d'une comparaison qui eft dans l'efprit. Un mot pris dans un fens métaphorique perd fa fignification propre, & en prend une nouvèle qui ne se présente à l'efprit que par la comparai fon que l'on fait entre le fens propre de ce mot, & ce qu'on lui compare, par exemple, quand on dit que le menfonge fe pare fouvent des couleurs de la vérité : en cette phrase couleurs n'a plus fa fignification propre & primitive; ce mot ne

marque plus cette lumière modifiée qui nous fait voir les objets ou blancs, ou rouges, ou jaunes, &c : il fignifie les dehors, les aparences; & cela par comparaifon entre le fens propre de couleurs & les dehors que prend un home qui nous en impofe fous le mafque de la fincérité. Les couleurs font conoitre les objets fenfibles, elles en font voir les dehors & les aparences: un home qui ment,imite quelquefois fi bien la contenance & les difcours de celui qui ne ment pas, que lui trouvant les mèmes dehors, & pour ainfi dire, les mèmes couleurs, nous croyons qu'il nous dit la vérité: ainfi come nous jugeons qu'un objet qui nous paroit blanc eft blanc,de même nous somes fouvent la dupe d'une fincérité aparen te, & dans le tems qu'un impofteur ne fait que prendre les dehors d'home fincère, nous croyons qu'il nous parle fincérement.

Quand on dit la lumière de l'efprit, ce mot de Lumière eft pris métaphoriquement; car come la lumière dans le fens propre nous fait voir les objets corporels, de même la faculté de conoitre & d'apercevoir éclaire l'efprit & le met en état de porter des jugemens fains.

La métaphore eft donc une espèce de trope, le mot dont on fe fert dans la métaphore eft

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