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» agités que par le zéphire; « & pour mar quer ces campagnes il fe fert de Tempe :

Somnus agréstium

Lenis virórum, non húmiles domos
Faftídit, umbrofamque ripam,

Non zéphyris agitáta Tempe.

Hor. 32

ode 1. v.22

Le mot de corps & le mot d'ame se prè nent auffi quelquefois féparément pour tout l'home: on dit populairement, furtout dans les provinces, ce corps là pour cet home là ; voilà un plaisant corps,pour dire un plaisant perfonage. On dit auffi qu'il y a cent mile ames: dans une vile, c'est-à-dire, cent mile habitans. Omnes ánima domus Jacob, toutes les perfones: Gen. c. 481 de la famille de Jacob. Génuit fexdecim ánimas, Y. 27 il eut feize enfans.

III. SYNECDOQUE DANS LE NOMBRE. c'est lorsqu'on met un fingulier pour un plurier, ou un plurier pour un fingulier.

1. Le Germain revolté, c'est-à-dire, les Germains, les Alemans, l'énemi vient à nous, c'està-dire, les énemis. Dans les hiftoriens latins on trouve souvent pedes pour pédites ; le fantaffin pour les fantaffins, l'Infanterie.

2. Le plurier pour le fingulier. Souvent dans le ftile férieux on dit nous au lieu de je G

ibid. v. 184

Quod dic. & de même, Il eft écrit dans les Prophètes, c'eft.
tum eft per à-dire, dans un des livres de quelqu'un des
Prophétas.
Matt. c. 2. Prophètes.

7.23.

3. Un nombre certain pour un nombre incertain. Il me l'a dit, dix fois, vint fois, cent fois, mile fois, c'est-à-dire, plufieurs fois.

4. Souvent pour faire un compte rond, on ajoute ou l'on retranche ce qui empêche que le compte ne foit rond:ainfi on dit la verfion des feptante, au lieu de dire la verfion des foixante & douze interprètes, qui, felon les Péres de l'Eglife, traduifirent l'Ecriture Sainte en grec, à la prière de Ptolomée Philadelphe Roi d'Egypte, environ trois cens ans avant Jésus-Chrift. Vous voyez que c'eft toujours ou le plus pour le moins, ou au contraire le moins pour le plus.

IV. LA PARTIE POUR LE TOUT, & LE TOUT POUR LA PARTIE. Ainfi la tête fe prend quelquefois pour tout l'home: c'est ainsi qu'on dit comunément, on a payé tant par tête, c'est-à-dire, tant pour chaque perfone; une tête fi chère, c'est-à-dire, une perfone si précieuse, si fort aimée.

Quand les Poètes difent après quelques moifJons, quelques étés, quelques hivers, c'est-à-dire, après quelques années.

L'onde, dans le fens propre fignifie ùne vague, un flot; cependant les poètes prènent ce mot ou pour la mer, ou pour l'eau d'une tivière, ou pour la rivière même.

Quinault Ifis, act. fc. 3.

Vous juriez autrefois que cette onde rebèle Se feroit vers la fource une route nouvèle, Plutot qu'on ne verroit votre cœur dégagé : Voyez couler ces flots dans cette vafte plaine; C'est le mème penchant qui toujours les entraine Leur cours ne change point, & vous avez changé. Dans les poètes latins la poupe ou la proue d'un vaiffeau se prènent pour tout le vaiffeau. On dit en françois cent voiles, pour dire cent vaiffeaux. Tectum, le toit, fe prend en latin pour toute la maifon : Enéan in régia ducit tecta, Virg. An elle mène Enée dans fon palais. I. 2.6354

La porte, & mème le feuil de la porte, fe prènent auffi en latin pour toute la maison, tout le palais, tout le temple. C'est peut-être par cette espèce de fynecdoque qu'on peut doner un fens raisonable à ces vers de Virgile:

Tum foribus Divæ, médiâ teftúdine templi,
Septa armis, folióque altè fubnixa refédit.

Si Didon étoit affife à la porte du temple,
foribus Diva, coment pouvoit-elle être af

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Gij

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1894

file en même tems sous le milieu de la voute, média teftúdine? C'est que par foribus Diva, il faut entendre d'abord en général le temple; elle vint au temple & fe plaça fous la voute.

Lorsqu'un citoyen romain étoit fait ef clave, fes biens apartenoient à fes héritiers; mais s'il revenoit dans fa patrie, il rentroit dans la poffeffion & jouiffance de tous fes biens ce droit, qui eft une espèce de droit de retour, s'apeloit en latin jus poftliminii; de poft, après, & de limen, le feuil de la porte,

l'entrée.

Porte, par fynecdoque & par antonomase, fignifie auffi la cour du Grand Seigneur, de l'Empereur Turc. On dit faire un traité avec la Porte, c'est-à-dire avec la Cour Ottomane. C'est une façon de parler qui nous vient des Turcs: ils noment Porte par excélence la porte du férail, c'est le palais du Sultan ou Empereur Turc, & ils entendent par ce mot ce que nous apelons la Cour.

Nous difons il y a cent feux dans ce vilage, c'est-, à-dire, cent familles.

On trouve auffi des noms de viles, de fleuves, ou de pays particuliers, pour des noms de provinces & de nations. * Les Pélafgiens,

* Eirus ad auróram Nabathæáque regna recéffit. Ovid. Metam. 1. I. v. 61.

les Argiens, les Doriens, peuples particuliers de la Grèce, se prènent pour tous les Grecs, dans Virgile & dans les autres poètes anciens.

On voit fouvent dans les poètes le Tibre t pour les Romains ; le Nil pour les Egyptiens; la Seine pour les François.

* Chaque climat produit des favoris de Mars La Seine a des Bourbons, le Tibre a des Céfars.

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* Boileau

Ep. 1.

tt Fouler aux piés l'orgueil & du Tage & du Tibre. tt id:m}

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Par le Tage il entend les Efpagnols, le Tage eft une des plus célèbres rivières d'Espagne. v. On fe fert fouvent du nom de LA MATIERE le POUR marquer LA CHOSE QUI EN EST FAITE, pin ou quelqu'autre arbre fe prend dans les poètes pour un vaiffeau; on dit comunément de l'argent pour des pièces d'argent, de la monoie. Le fer fe prend pour l'épée:périr par le fer. Virgile s'eft fervi de ce mot pour le foc de la charue:

At prius ignotum ferro quam.

Difcours

au Roi.

fcindimus æquor.

1. Georg. v. so.

† Cum Tiberi Nilo, grátia nulla fuat. Prop. 1. 2. Eleg. 33. v. 20. Per Tiberim Romános, per Nilum Ægyptios intellígito. Beroald. in Propert.

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