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parfois même elle se bornait à copier les projets pré

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Quant aux événements des fêtes de Paris, à l'occasion du mariage, la Dauphine avait raison de craindre qu'on ne lui dit pas tout. On cachait à la cour une partie du mal pour ne pas trop augmenter son affliction. Près de douze cents personnes, tant tuées que blessées, par suite des mesures mal prises pour le dégorgement de la foule sur la place Louis XV, avaient été comptées. Les morts furent déposés au cimetière de la Madeleine, où vingt-trois ans après..... Mais n'anticipons pas. Le prince de Montbarey, depuis ministre de la guerre, qui parle de l'événement au commencement du tome second de ses Mémoires, avait failli tomber au nombre des victimes avec le maréchal duc de Biron. Le Dauphin et la Dauphine s'épuisèrent en secours pour soulager les plus grandes misères, mais la pauvre MarieAntoinette ne pouvait perdre le souvenir des cris des blessés et des mourants qu'elle avait entendus à son entrée à Paris par le Cours-la-Reine. Sa sensibilité profonde en souffrait cruellement. Sans cesse elle en parlait, sans cesse elle en pleurait avec ses dames, et son imagination, un peu romanesque, frappée comme d'un du mariage. présage, lui rappelait, malgré elle, que le tremblement de terre de Lisbonne avait signalé le jour de sa naissance. Elle ne pouvait ignorer qu'interrogé sur elle, alors qu'elle était encore au berceau, un fameux thaumaturge, le docteur tyrolien Gassner, avait pâli et fait à Marie-Thérèse une réponse sinistre. Elle pouvait aussi avoir fait le rapprochement funèbre dont Goethe, qui achevait alors ses études à Strasbourg, avait été si vive

Suite des événements

funèbres

des fêtes

L'ambas

sadeur d'Angleterre ajoute

du venin

aux mauvaises

ment frappé. A Kehl, le pavillon destiné à la recevoir avait pour tenture une tapisserie représentant Jason, Créuse et Médée, c'est-à-dire le tableau du plus funeste hymen dont on ait gardé la mémoire. Mari, femme, enfants, tous périrent. Le rapprochement fourni par le hasard étonne sans doute davantage après coup qu'il ne frappa sur l'heure même. Il peut cependant (il y a toujours des officieux pour expliquer ce qui est mauvais) avoir saisi l'esprit de la jeune archiduchesse et soulevé dans son cœur quelqu'un de ces douloureux pressentiments dont sa lettre semblerait empreinte, et dont la raison avait tant de peine à se défendre chez Goethe lui-même. Qu'eût-il dit s'il eût su qu'un événement tragique avait accompagné la naissance du Dauphin? La mère de ce prince ayant été prise, à Versailles, des douleurs de l'enfantement, pendant que le roi était à Choisy, un courrier avait été dépêché vers Louis XV. Le courrier était tombé de cheval et était mort de sa chute. Le message n'avait pu être accompli.

Tout le monde n'est pas esprit fort, et ces présages et pressentiments avaient pu laisser des traces à la cour comme à la ville. Mais ce qui ébranlait davantage sous sa jeune couronne la malheureuse Marie-Antoinette, c'étaient les mauvaises dispositions de la cour et de sa fadispositions mille française entretenues par les ministres étrangers, contre Marie- par l'ambassadeur d'Angleterre surtout, qui ne cessaient de l'avilir; par les défiances résultant des voyages de Joseph II, qui rappelaient trop qu'elle venait d'Autriche, et qu'elle était le gage du traité de 1756; c'était le peu de vue lointaine et politique de Louis XVI, le meilleur des hommes, mais brusque, mais faible, mais os

de la cour

Antoinette.

cillant. Malheureuse princesse qui croyait pouvoir battre en brèche le puritanisme d'étiquette pour faire entrer le naturel à Versailles, pour humaniser le plaisir! Malheureuse femme, l'une des plus délicieusement femmes qui aient orné le trône, et dont, en un autre temps, les défauts eussent été trouvés des grâces, liée à un homme qui ne savait ni l'aimer et honorer en roi, ni la conduire ni la faire respecter! Combien l'inconséquence tient de place dans les choses de ce monde ! Qu'était-ce à côté de Marie-Antoinette que cette enfant venue d'Espagne, la reine Marie-Thérèse, demeurée enfant sous la couronne, et qui, le jour de spectacle du palais, courait vite occuper sa place, de peur qu'on ne la lui prit! Eh bien! qui eût osé sourire de la reine, dans cette cour que remplissait Louis XIV? Lisez SaintSimon, et admirez tout ce qu'on souffrait de cette petite duchesse de Bourgogne, faisant son cabinet de toilette du grand salon de cour. Qui donc, à l'OEilde-bœuf, eût bronché devant les étourderies de cette charmante espiègle mal élevée ? Tandis que Louis XVI lui-même contribuait à livrer désarmée Marie-Antoinette aux sarcasmes subalternes ; tandis que la famille qui eût dû la soutenir lui faisait expier avec malignité le crime de son origine, de sa beauté, de sa jeunesse, de sa grâce, et lui arrachait sa couronne de fleurs. A toutes ces inconséquences venaient se joindre les fureurs et intrigues occultes de la race des maitresses, désormais détrônée. Cette ouverture de cœur, cette honnêteté simple et confiante en elle-même, cette douce et noble senteur de bonnes mœurs et de foi domestique lui offusquaient le cerveau. De là ces calomnies infatigables

qui allaient attaquer la reine dans le cœur du roi, dans le cœur du peuple. De là ces lâchetés de l'ingratitude, ces conspirations immenses du crime, de la sottise et de l'imagination égarée, qui ne se sont pas arrêtées devant l'échafaud. L'histoire, comme on l'a dit, a été fouillée à une si grande profondeur par ce débordement d'infamies, qu'elle en est noire encore, comme la mer après un orage, quand cet orage a été affreux. C'est ainsi qu'une révolution de sang s'est chargée de faire la réputation de la victime dont elle avait fait rouler la tête. Mais le jour de la justice se lève la dignité de la reine et de la femme triomphe des calomnies. Voilà ce que toute l'encre des Champcenetz, des Lausun-Biron, des Michelet, des Lamartine ne saurait noircir. Insulter à la victime, c'est de Marie- glorifier les bourreaux.-Et comme si l'étranger devait être complice de ces horreurs, un roi voisin outrageait à sa manière la jeune reine en faisant sculpter, avec le nom de cette princesse, deux figures en pied, dont la nudité complète est la moindre indécence. Que le ciseau ait représenté entièrement nue madame du Barry, une échappée de nudité était dans le rôle de cette belle abandonnée. Sa statue, en marbre blanc, de grandeur naturelle, et signée Houdon 1780, fait partie du musée de sculpture de l'Hermitage à Saint-Pétersbourg. Mais qu'un roi tel que Frédéric II de Prusse (1) ait accepté le naturalisme de son temps jusqu'à oublier de la sorte envers une jeune souveraine les droits du trône, de la morale et de la décence, c'est révoltant : profanation

Statues indécentes

Antoinette à

Potsdam.

(1) Mort le 17 août 1786, quand Marie-Antoinette régnait depuis douze ans.

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A

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vos deux lettres toute aimable comme vous me sont arrivé depuis longtemps, tendre annie jen ai versée des laimes I'attendrissement comme à toutes vos lettres, et non pauvre coeur brisé avoit bien besoin de vous repondre, mais les communications ont ete forme's jus - quicy, et nous sommes trop observes craint d'expore, pour que je n'est le jecu de personnes dovoney qui nou's Tervent encore, vaci une occasion secrete lettre jus qua it sure de faire tenire cette lettre turin ou ille la jettern a la poste. Jen profite pour vous embrasser de toute warlera 20213

mon Ame, e

et

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a lotur

ouvert non, ne le craignez pas, le poison siecleci, jest la calomnie.

се

n'est pas de ce
qu'on employe, c'estua moyen jolas sur
tuer votre malheureuse amie, on
retourne et on invenime les choses

pour

les plus

simples et les plus invo centes, on aveugle

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