FABLE PREMIERE. Le Bûcheron et Mercure. A M. LE C. D. B. VOTRE goût a servi de règle à mon ouvrage : J'y tombe au moins mal que je puis. Dont je ne me pique point, Je tâche d'y tourner le vice en ridicule, La sotte vanité jointe avecque l'envie, Deux pivots sur qui roule aujourd'hui notre vie : II. A Tel est ce chétif animal Qui voulut en grosseur au bœuf se rendre égal. J'oppose quelquefois par une double image Le vice à la vertu, la sottise au bon sens, Les agneaux aux loups ravissans La mouche à la fourmi; faisant de cet ouvrage Une ample comédie à cent actes divers, Et dont la scène est l'univers. Hommes, dieux, animaux, tout y fait quelque rôle, Un bûcheron perdit son gagne-pain, Il répondit: Je n'y demande rien. Une d'argent succède à la première: Il la refuse. Enfin une de bois. Voilà, dit-il, la mienne cette fois : Je suis content si j'ai cette dernière. Tu les auras dit le dieu, toutes trois : Ta bonne foi sera récompensée. En ce cas-là je les prendrai, dit-il. L'histoire en est aussi-tôt dispersée Et boquillons de perdre leur outil, Et de crier pour se le faire rendre. Le roi des dieux ne sait auquel entendre. Son fils Mercure aux criards vient encor: A chacun d'eux il en montre une d'or. Chacun eût cru passer pour une bête De ne pas dire aussi-tôt : La voilà ! Mercure au lieu de donner celle-là, Leur en décharge un grand coup sur la tête. Ne point mentir, être content du sien; II. Le Pot de terre et le Pot de fer. Le pot de fer proposa Au pot de terre un voyage. Se met droit à ses côtés. Mes gens s'en vont à trois pieds Au moindre hoquet qu'ils treuvent. |