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AVERTISSEMENT

SUR

CETTE NOUVELLE ÉDITION.

L'ACCUEIL favorable que le public a fait à la première édition que nous avons donnée des Vies des Hommes illustres de Plutarque, a fait naître l'idée de plusieurs ouvrages dans le même genre ; mais ces productions n'ont rien de commun avec la traduction que nous publions pour la deuxième fois du chef-d'œuvre de Plutarque. Elles sont maintenant appréciées à leur juste valeur, ces copies informes d'un original sublime., Au reste, pour juger du mérite de notre travail, nous nous bornerons à inviter les lecteurs éclairés, à comparer cette nouvelle édition avec tous les Plutarque qu'on annonce chaque jour sous tant de formes différentes.

Il faut sans doute qu'il y ait un grand attrait attaché à la lecture des Vies des Hommes illustres, puisque le nom seul de Plutarque fait la fortune des ouvrages auxquels on l'applique. Au reste, c'est un hommage que le public rend

à Plutarque, en cherchant dans de vaines imitations le charme qu'on trouve dans son Histoire des grands Hommes de l'antiquité.

Pour nous, admirateurs de cet immortel historien, nous avons cru qu'il y avoit deux écueils à éviter pour rendre classiques les Vies des Hommes illustres : celui d'en offrir une analyse sèche et laconique, et celui d'en publier une traduction prolixe et surchargée de digressions et de discussions étrangères à chaque sujet. Nous avons choisi le milieu entre ces deux extrêmes, et nous croyons avoir le droit de dire que notre ouvrage est une copie fidèle de l'original dans toutes les parties qui nous ont paru devoir être conservées. Cette copie a d'autant plus de mérite, que nous nous sommes principalement attachés à suivre l'estimable traduction du savant Dacier, toutes les fois que son style ne viole ni les règles de la langue, ni celles du goût; nous avons même porté le scrupule jusqu'à conserver toutes les expressions qui n'auroient pu être remplacées qu'en affoiblissant le sens de l'original.

C'est donc une véritable traduction des Vies des Hommes illustres de Plutarque que nous offrons au public. On y trouvera la touche inimitable de cet historien, sa naïveté, sa

bonhomie, et sur-tout ce goût pour la vertu et les choses honnêtes qui fait germer dans l'âme des jeunes gens, cet amour du beau et du vrai, qui peut avoir une si grande influence sur leur destinée et leur bonheur.

sances

Comme c'est une vérité respectée par tous les instituteurs éclairés, qu'il vaut mieux conserver les mœurs de la jeunesse que d'allumer ses passions, en agrandissant le cercle de ses connoisnous avons pensé que nous devions faire disparoître tous les tableaux des foiblesses et des passions honteuses que Plutarque a tracés pour faire connoître les vices des grands Hommes dont il écrivoit la vie. Ce retranchement, loin de nuire à l'intérêt de l'ouvrage, en augmente l'utilité, et nous pouvons dire avec confiance, qu'il peut être mis, sans aucun danger, dans les mains les plus pures.

Après avoir indiqué quelques-uns des avantages que la jeunesse peut retirer de cette lecture, nous considérerons, sous un point de vue plus étendu, le mérite de l'ouvrage de Plutarque ; et nous oserons dire, que parmi les chefsd'œuvres de l'antiquité, que le temps a respectés, les Vies des Hommes illustres tiennent un des premiers rangs. On les regarde sur-tout, avec raison, comme un des plus beaux modèles de

biographie que les anciens nous aient transmis. Aussi Plutarque a-t-il été dans tous les temps l'auteur favori des Philosophes et des Gensde-Lettres. Parmi les premiers, nous citerons deux hommes justement célèbres, Montaigne et J. J. Rousseau, qui, l'un et l'autre, ont eu une prédilection marquée pour Plutarque.

En parlant de l'historien grec, Montaigne dit : « J'aime ceux qui écrivent les Vies, d'autant qu'ils s'amusent plus aux conseils qu'aux » événemens, plus à ce qui se passe au-dedans qu'à ce qui arrive au-dehors: voilà pourquoi, » s'écrie-t-il, c'est mon homme que Plutarque.»

En parlant des livres dont la lecture est la plus utile aux jeunes gens, J. J. Rousseau s'exprime ainsi : « Plutarque, dit-il, a une grâce » inimitable à peindre les grands Hommes dans » les petites choses; et il est si heureux dans le » choix de ses traits, que souvent un mot, un » sourire, un geste lui suffit pour peindre son » héros. César traversant un pauvre village et >> causant avec ses amis, décèle, sans y penser,

ככ

כל

le fourbe qui disoit ne vouloir qu'être l'égal de

Pompée; Alexandre avale une médecine, et ne >> dit pas un seul mot; Aristide écrit son proprę » nom sur une coquille, et justifie ainsi son »surnom; Philopomen, le manteau bas, coupe

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