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La Société, à son origine en 1782, se composait de onze associés; depuis cette époque, M. Cuvex était tombé en faillite, en 1791; M. de Cousser avait vu sa part saisie par suite de l'émigration de son fils, et M. Houzé de l'Aulnoit avait vendu la moitié de sa part à un sieur Derenty.

En l'an III, M. Duquesne céda son action à un sieur Cloteau, et le 17 nivôse an IV (janvier 1796) M. Charles Leigh et son épouse née Halfort, vendirent au mème Cloteau leur intérêt, dans ladite Société, au prix de 23,000 fr. stipulé dans l'acte. M. Cloteau, en conformité du contrat social, fit notifier cette cession aux autres associés; mais quelques années après, dans un procès qui surgit entre M. Cloteau et la Société, on acquit la preuve que ce prix était simulé, et que les sieur et dame Charles Leigh n'avaient reçu en réalité qu'une somme de trois mille francs.

La situation de la Société devenait de plus en plus difficile les associés, qui avaient reçu de divers un capital de 80,000 fr. pour l'importance duquel des rentes avaient été constituées, résolurent en l'an IV, de liquider leur situation par un nouvel appel de fonds. Le nombre des sociétaires était réduit à huit.

Par une délibération en date du 14 prairial an IV, ils décidèrent que chaque associé serait tenu de verser, dans la caisse de la Société une somme de 10,000 fr. Ceux qui ne feraient pas, dans la décade, leur mise de pareille somme, demeureraient individuellement débiteurs d'une des rentes dûes aux créanciers de la Société, au prorata de dix mille francs en capital; à défaut d'exécution des clauses ci-dessus ils encoureraient l'exclusion, en conformité de l'art. 20 du contrat de Société.

CHAPITRE VI.

Histoire de la Manufacture de la Rue des Carmes, depuis l'an IV jusqu'à la dissolution de la Société, en 1821.

On se souvient que, par acte du 13 février 1786, la ville de Douai, représentée par M. Maloteau de Beaumont, échevin, avait prêté aux associés de la manufacture de grès, une somme de dix mille florins (12,500 francs) remboursable en dix ans.

Malgré les avertissements réitérés du receveur de la commune, aucun paiement en espèces n'avait été fait pendant les années 1792 et suivantes, en sorte que la Société redevait, au 23 germinal an V, cinq annuités à raison de 1250 fr. l'une. Il est vrai que le défaut de versement avait été occasionné par le refus du receveur de percevoir les annuités d'abord sous forme d'assignats, puis de mandats.

Dans cette situation et le 13 février 1796, les dix années de terme étant expirées, la municipalité exigea le remboursement intégral du solde de la créance. Le receveur Leroy se transporta chez les sieurs Picquet et Dominique Bris, pour les prévenir de cette décision. Le lendemain, ledit sieur Bris et le citoyen Lepet, directeur

de l'association, répondirent au receveur que le paiement lui ayant été offert à lui-même et ayant été refusé, ils avaient déposé les fonds entre les mains du citoyen Lefebvre, Receveur général du département, à la Caisse des dépôts et consignations.

Une instance fut engagée devant le tribunal civil du département du Nord, puis déférée sur appel, au tribunal civil du département de la Somme (c'était alors l'ordre des juridictions) et l'affaire allait être plaidée, lors qu'une transaction intervint.

Le 23 vendémiaire an VI, les parties intéressées se réunirent; pour la Ville. MM. Desmoutiers et Marquette, administrateurs municipaux, assistés de Me Déprès, leur conseil, et pour la Société MM. Picquet et Cloteau, assistés de M Maudoux. Ces derniers réclamaient l'admission en compte 1o De onze annuités de 300 francs de la pension d'encouragement consentie par la Ville en 1784 et qui n'avaient point été payées, et 2 le remboursement de 1350 francs. C'était le prix d'un chariot et de quatre chevaux réquisitionnés par la Ville pendant l'invasion et capturés par l'ennemi, au moment où ils allaient chercher du charbon aux fosses d'Aniche.

Ce débat finit par le paiement d'une somme de 4,000 fr. au lieu de 6,250. Nous avons rendu compte de cette transaction pour démontrer toutes les difficultés que rencon traient les commerçants, pendant la Révolution, avec le cours forcé du papier (1).

Franchissons quelques années pour profiter des renseignements très intéressants recueillis sur notre faïencerie, lors de l'enquête ouverte en l'an IX par M. Dieudonné, préfet du Nord.

(1) Archives de Douai (série F, section 11, No 2.

Dossier No 11).

« Il constate qu'à cette époque (1801) la fabrication y était en aussi grande activité qu'en 1786; qu'elle employait 120 ouvriers tant artistes que journaliers. Les objets les plus ordinairement fabriqués consistaient en toutes sortes de vaisselle de ménage, telles que assiettes, plats, soupières, tasses, saladiers, compotiers, cafetières, déjeûners, jattes, cuvettes, pots à l'eau, etc. De cette manufacture, étaient même sortis des bustes de Bonaparte, premier Consul, qui rivalisaient avec le biscuit de Sèvres.

« Le trentième des marchandises provenant de la rue des Carmes était consommé dans le département; le surplus était livré au commerce intérieur, notamment à Paris et à Rouen.

« Cette usine tirait ses terres blanches de Forges-les-Eaux près de Dieppe (Seine-Inférieure) de Bayleu, village audessous de Chimay (département de Jemmapes); le sable de Raches, près Douai; les terres noires, les cailloux cornus, du département du Pas-de-Calais. M. Dieudonné ajoute Cette espèce de cailloux existe aussi sur différentes parties du sol du département du Nord, mais il paraît qu'il en coûterait plus de frais de transport, si on les employait, à cause de l'éloignement.

« Les couleurs et vernis sont fournis par le commerce du département.

« Les transports des terres, cailloux et sables se font tous par terre, ce qui est très coûteux.

« La manufacture de la rue des Carmes passe pour avoir été la première en ce genre, établie en France. Les chefs d'ateliers qu'elle a d'abord tirés à grands frais d'Angleterre, ont formé des élèves, et ceux-ci sont passés à Montereau, Chantilly, Forges, etc., où on ne fabriquait que de la fayence dite terre de pipe, et y ont fait connaître les procédés de fabrication du grès dit Anglais.

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