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destructive de la mer. En outre de ces deux causes, une troisième peut être attribuée à la faible résistance de la craie. Les algues peuvent enfoncer plus facilement leurs appendices rhizoïdes dans ces rochers qu'elles ne le pourraient faire dans les roches jurassiques de nos côtes. Calliblepharis ciliata, Nitophyllum laceratum, Dictyota dichotoma, se rencontrent en abondance sur la craie du Tréport, nous ne les avons jamais rencontrées sur le jurassique. Polysiphonia nigrescens et Corallina officinalis prennent sur le premier de ces deux terrains une dimension et une vigueur que nous ne leur trouvons pas sur le second. On serait tout d'abord porté à penser que la plus grande abondance du carbonate de chaux dans les eaux favorise spécialement le développement des corallines; mais sur les côtes jurassiques du Boulonnais, la mer est certainement assez chargée en calcaire pour permettre ce développement. D'un autre côté, comment expliquerait-on l'abondance des Corallines et des Mélobesies en Bretagne où le terrain contenant relativement peu de calcaire se désagrège beaucoup plus lentement.

Les terrains argileux se désagrègent rapidement au contact de la mer et rendent la plage vaseuse; la présence des argiles Kimmeridjiennes n'est pas sans influence sur la flore des environs de Boulogne.

Nous indiquons dans notre catalogue les époques de fructifications de bon nombre des algues que nous citons. Ces indications manquent presque totalement dans les catalogues que nous avons consultés. Il y a cependant un intérêt puissant à connaître les époques où les algues procèdent à leur dissémination, où les spores germent. Quand les renseignements seront plus abondants sur ce sujet, on pourra s'expliquer comment certaines algues disparaissent

une partie de l'année pour réapparaitre plus tard en grande abondance.

Quelques auteurs se sont demandé s'il n'y avait pas là à rechercher une sorte de génération alternante analogue à celle que l'on observe chez les champignons, et si certaines algues, connues sous un nom à une époque de l'année, ne seraient pas représentées en d'autres saisons par d'autres formes regardées aujourd'hui comme spécifiquement distinctes. Pour réfuter cette opinion, il nous semble nécessaire de connaître le cycle vital complet de diverses algues qui, jusqu'à présent, n'ont été observées que pendant quelques mois de l'année.

Des recherches nouvelles sont encore utiles sur bien des points. Nous avons souvent remarqué, M. le professeur Giard et moi, combien la flore marine change considérablement d'une année à l'autre, surtout en ce qui concerne l'abondance des différentes espèces, et nous ne pourrions obtenir un catalogue réellement complet des algues de nos côtes que par des observations poursuivies pendant longtemps encore.

DISCOURS

prononcé

SUR LA TOMBE DE M. ALFRED HOUZÉ DE L'AULNOIT

Le 23 novembre 1882,

Au nom de la Société des Sciences et des Arts de Lille,

Par M. JULES DELIGNE, Président.

MESSIEURS,

A la vue de cette tombe qui va se fermer pour jamais sur les restes mortels de notre cher et très regretté confrère, le docteur Alfred Houzé de l'Aulnoit, je ne me sens pas le courage d'énumérer devant vous, avec les développements qu'ils comporteraient, les mérites de sa carrière scientifique. Tout entier aux émotions de notre douloureuse sympathie pour chacun des membres de sa famille, et particulièrement pour celui qui appartient aussi à notre Société, je laisse au corps médical le soin d'apprécier les services que Houzé a rendus à la science dont le culte fut la passion de sa trop courte vie ; je me bornerai à rappeler ici ce qui le recommande à la reconnaissance du pays, ce qui le recommande surtout à la miséricorde divine, que durant sa longue et cruelle maladie il invoqua tant de fois avec une pieuse confiance, son amour pour l'humanité éprouvée par la douleur.

C'était au temps de nos revers, pendant la fatale guerre de 1870-71: la Société centrale de secours aux blessés se trouvait impuissante, par suite de l'investissement de

Paris, à venir en aide aux départements envahis ou menacés de l'ètre. Houzé, avec d'autres généreux habitants de notre cité, se mit à l'œuvre pour substituer à l'intervention de l'État celle de l'initiative privée.

Dès lors, grâce aux mesures prises avec autant d'intelligence que de promptitude par le Comité régional dont il fut l'un des administrateurs les plus éclairés et les plus actifs, nos mobiles et nos mobilisés n'eurent plus à redouter les tortures de la faim ou de l'abandon; et bientôt, les familles, que privait de toute ressource le départ de leurs soutiens naturels, furent soulagées dans leur détresse, par des secours que l'on put mème continuer à un grand nombre d'entre elles après la conclusion de la paix, car la guerre, hélas! avait fait bien des veuves et des orphelins.

Vous me saurez gré, Messieurs, de citer, à l'honneur de notre cher défunt, quelques lignes de la Notice publiée dans nos Mémoires, où il a consigné à ce sujet ses souvenirs et ses conseils :

« On a pensé, écrivait-il en 1871, qu'une caisse pouvant » disposer de neuf à dix mille francs, serait à même de

pourvoir aux misères qu'éprouvent les hommes appelés >> momentanément sous les drapeaux. Cette somme d'ar› gent a permis de conjurer les fâcheuses complications >> des premiers jours, plus terribles et plus meurtrières » que les balles ennemies. »

D

Plus loin, il ajoutait :

«La décentralisation des secours, portée à ses dernières > limites, a pu parer à toutes les éventualités de la guerre, >> et n'a pas laissé une infortune sans assistance et sans › consolation.

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En effet, Messieurs, l'amour de la patrie et l'émulation dans la poursuite du bien avaient procuré à l'armée du Nord, en quelques semaines, la somme de huit cent mille

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