Page images
PDF
EPUB

qu'un peu; le son s'entend au milieu de la langue et

du palais.

G dur. La langue s'appuie près des dents de la màchoire inférieure, se relève dans le fond de la bouche, où elle arrête le son; les lèvres s'avancent et se replient un peu en dehors.

K. On aspire un peu quand on prononce cette lettre. Les lèvres sont étendues, la langue se replie en dedans, et porte le son dans le fond du palais, près du gosier.

[graphic]

R. On ouvre la bouche; le son, poussé fortement, est arrêté par les dents, qui lui ferment le passage. La langue, en se repliant un peu dans son extrémité, l'oblige

à rouler dans le palais. La force avec laquelle le son est poussé rend la prononciation de cette lettre assez rude et difficile.

X. La langue doit être repliée vers le gosier, et son bout appuyé près de la racine des dents de la mâchoire inférieure.

Z. Cette lettre est double; elle a la prononciation de l's et du d.

H aspirée. Pour bien prononcer cette lettre, il faut que la mâchoire inférieure se retire en arrière. Ce mou

vement est nécessaire pour forcer le son, qui voulait s'échapper, à rentrer dans le fond de la bouche, à l'y main tenir, afin de le faire raisonner sourdement et fortement tout-à-la-fois.

DES SONS EXPIRÉS ET ASPIRES.

Tous les sons ainsi que toutes les articulations ont un double mouvement, c'est-à-dire qu'ils se font sur l'expiration et par l'aspiration. Mais qu'ils soient expirés ou aspirés, les positions de la bouche restent toujours les mêmes.*

On appelle son expiré celui qui se forme lorsqu'après avoir rempli les poumons d'air nous parlons en le laissant sortir; et son aspiré celui qui se fait entendre lorsque nous parlons en forçant l'air à rentrer dans la bouche.

Sons expirés.

Toutes les fois qu'une voyelle est seule au commence ment d'un mot, le son est expiré.

Ame, agile, etc.

Exemple:

Il en est de même lorsqu'elle est précédée d'une con

sonne

Exemple:

La balance, la loi, etc.

Quand il se trouve après une voyelle une consonne qui n'est là que comme signe orthographique, le son est également expiré.

Exemple:

Année, apprendre, etc.

Sons aspirés.

Nous ne parlerons point ici de l'H aspiré ni l'o.
Règle générale.

Toutes les fois qu'il se trouve une consonne après une voyelle simple, et qu'elle se fait entendre, le son est aspiré.

Exemple:

Absolu, immense, etc.

Les sons expirés sont plus sonores que les sons aspirés.

Je m'arrête, messieurs; je crois vous en avoir dit suffisamment sur la formation des sons et des articulations. D'ailleurs, j'aurai souvent l'occasion de revenir sur ce qui regarde la prononciation. Pour le moment, je dirai aux personnes qui voudront mettre à profit mes observations, qu'elles doivent commencer par se familiariser avec la formation des sons, que je considère, ainsi que je l'ai déjà dit, comme la matière de la parole; et passer ensuite à l'articulation des consonnes, qui diversifient les sons en leur donnant telle ou telle valeur. Par cette méthode, elles seront sûres d'avoir une prononciation nette et bien vibrante, puisque leurs organes seront placés convenablement pour bien produire les sons et bien articuler les consonnes. Plus elles s'occuperont de ce travail, et plus elles acquèrront la certitude que la voix humaine est vraiment un instrument. Elles verront que le son est aux consonnes ce qu'est le son d'une clari

nette aux différentes modifications produites par la position des doigts de celui qui joue sur cet instrument; que, dans les sons simples, la langue ne fait presque rien, qu'on entend un son continu; tandis que, dans l'articulation des consonnes, au contraire, le son est sans cesse interrompu; que la langue tantôt l'arrête, et tantôt le laisse couler; qu'il est coupé par les dents et battu par les lèvres. Elles verront en outre que la langue est un des principaux organes de la parole; que c'est elle qui conduit le son, qui le détermine, le change, selon qu'elle se replie, qu'elle se déploie, ou qu'elle frappe certaines parties de la bouche.

D'une bonne formation des sons naîtra la beauté de la voix ; d'une bonne articulation des consonnes, la netteté des syllabes; de la prononciation nette des syllabes, l'harmonie des mots; et de ceux-ci le charme du débit.

Je ne saurais trop le répéter, messieurs, si cette partie de notre instruction est entièrement négligée, il faut s'en prendre à ce préjugé que je vous ai signalé, qui prétend que la lecture n'est point un art, mais une chose naturelle pour laquelle il est inutile de faire des études. Nul doute que lorsque je serai parvenu à prouver que c'est une erreur, et une erreur très-funeste, puisqu'elle prive les hommes de bien des moyens qui pourraient leur servir à combattre les projets des pervers; qu'elle les empêche de tirer tout le parti possible de leurs connaissances, et qu'en outre elle les livre à la merci des parleurs, nul doute, dis-je, que le gouvernement (1),

les choses ont bien

(1) Depuis la publication de notre ouvrage, changé. Des prix de récitation intelligente et accentuée ont été donnés dans toutes les classes, le conseil royal a autorisé l'usage de notre Manuel dans les colléges, et par ordre de M. le ministre, je viens de faire l'essai de ma méthode à l'école normale primaire de Versailles.

« PreviousContinue »