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pays même, et 8 millions importés de la Lombardie, du Piémont, de l'Egypte, de Tunis et des autres contrées barbaresques. Livourne est le principal entrepôt de ce commerce. (')

UN PAYSAGE DE LA HAUTE-SAVOIE. Quand on choisit la route de Thones (Haute-Savoie) pour se rendre au sommet volcanique de la Tournette, d'où la vue s'étend du lac d'Annecy au mont Blanc, on avance

de surprises en surprises: montagnes qui dressent à leurs flancs des arêtes sèches ou moussues, précipices, torrents, bois de sapins, neiges et pâturages, mélange incessamment varié de nature fantasque et sauvage, riante et gracieuse, sévère et terrible dans sa puissance. Au col des Aravis, on rencontre un ruisseau fougueux, profond dans certains endroits, et fécond en truites. On passe le torrent sur un pont dont l'arche unique et massive défie les fureurs de la fonte des neiges et des longues pluies. Du haut de ce pont, l'œil peut suivre assez loin le cours encaissé entre deux

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Route de Thones, au col des Aravis (Haute-Savoie). - Dessin de Rouargue, d'après M. du Moncel.

monts tantòt nus, tantôt tapissés de verdure et de quelques arbres, tantôt crevassés ou noirs de sapins. Des maisons, ou plutôt de grandes cabanes, du bétail, une petite chapelle, une scierie qui rappelle la civilisation, varient le paysage on dirait que le col des Aravis a été placé sur le chemin qui mène à la Tournette pour préparer le touriste aux merveilles, aux émotions et à l'enthousiasme. 11 faut rattacher le pont du col des Aravis aux mille séductions pittoresques du pays qui possède le lac d'Annecy. (Voy. p. 316, 317.)

LE PÈRE JOE.

NOUVELLE.

Fin. Voy. p. 314, 322, 330, 338, 349.

En effet, aux sables mouvants qui ondoyaient sous nos pieds succéda un terrain âpre, inégal, tranchant. La saveur salée dont s'imprégnaient mes lèvres m'annonçait la proximité de la mer. Nous gravissions une rampe escarpée, et je devinais, aux brusques sinuosités de la route,

(') Dictionnaire international du commerce et de la navigation.

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que nous suivions un étroit sentier taillé en zigzag dans l'épaisseur du roc. Souvent la pierre faisait saillie et il fallait s'accrocher à ses aspérités. Une fois je chancelai il me sembla que j'allais tomber dans le vide; le père Joe me retint je sentis son bâton s'interposer comme un garde-fou entre moi et l'abîme, car j'avais conscience d'un danger, et le bruit tumultueux d'eaux qui bouillonnaient montait d'une grande profondeur et me donnait le vertige. Mon guide ne parlait pas sa respiration haletante trahissait sa fatigue et le labeur de cette rude ascension. Enfin, le sol devint plus uni; un air plus vif me souffla au visage, le bandeau qui me couvrait les yeux s'abaissa, et je vis le spectacle le plus imposant qu'on puisse contempler. L'océan Atlantique, dans toute sa majestueuse grandeur, se déroulait sans limites jusqu'aux confins du monde visible, que marquait à l'horizon une barre d'or encadrant ce gigantesque et radieux miroir. Le disque embrasé du soleil se balançait mollement au-dessus, comme s'il eût suivi les ondulations des puissantes houles qui, parties de quelque centre lointain où se forment les tempêtes, accouraient apaisées, mais encore redoutables, se briser sur les roches avec les cadences mesurées de la foudre. Pas une île au large, pas une voile ne tachait le lumineux azur de cette

rocher à fleur d'eau. La pluie redoubla, le brouillard s'épaissit: on ne vit plus rien, mais on entendit un cri lamentable. Le pasteur était sur la grève. Il montait un maigre petit cheval qui le portait dans ses courses apostoliques à travers les dunes. Il y a quelque chose de plus fort que le fer et le bois, nous dit-il, c'est le cœur de l'homme! en

immensité des eaux qui relient l'ancien et le nouveau continent. Nous étions sur la cime de Treryn-Dinas, une des plus hautes falaises de Cornouailles. A six cents pieds audessous, les vagues heurtaient la barrière de granit, et rejaillissaient en écume jusqu'au sentier que nous avions gravi et qui serpentait le long des flancs abrupts de la montagne. De cette hauteur, l'œil embrassait les anfrac-avant, mes amis ! » Et il entra résolument dans cette mer tuosités de la côte, ses profondes déchirures, ses hardis promontoires à gauche se dressaient les roches vertes de Zennor, couronnées de fougères; à droite se creusait la baie de Saint-Yves, dont les abords sont défendus par le terrible écueil sous-marin des Pierres, qui n'est que le prolongement de la pointe rocheuse de Godrevy, et qui s'avance au-delà d'un mille en mer: Joe me le fit reconnaître à la teinte blanchissante des eaux, qui s'irritent et luttent contre l'obstacle caché.

Voyez-vous, là-bas, Monsieur, me dit-il, dans la même direction, cette toute petite grève qui apparaît d'ici comme un point dans l'espace, et que la marée qui se retire découvre en ce moment? Eh bien, il y aura vingt-cinq ans au mois de septembre prochain, il s'est passé là quelque chose de terrible et de beau qui m'a été d'un grand exemple. Je travaillais dans le voisinage, aux mines de Huel-Alfred. J'avais quitté Saint-Pyran, ne pouvant plus tenir dans notre pauvre maison vide; mais j'avais beau changer de place, j'emportais ma peine avec moi. J'avais la vie en dégoût, et je me demandais à quoi j'étais bon sur terre et pourquoi j'y restais. Un dimanche matin, le vent d'ouest, qui avait soufflé toute la nuit, soulevait la mer, et chassait jusqu'à la cime où nous sommes des flocons d'écume. Le ciel était noir, et la tourmente allait augmentant. Heureusement il n'y avait pas de navire en vue : les bateaux de pêche étaient rentrés, et tous les habitants du village d'Huel - Alfred étaient au prêche. L'ouragan ébranlait la vieille église et couvrait par moments la voix du pasteur. Il disait avec l'apôtre saint Paul : « Quand je parlerais toutes les langues des hommes et même celle des anges, si je n'ai point la charité, je ne suis que comme un airain sonnant et une cymbale retentissante »; et vers la fin, élevant encore plus la voix, il dit : « Nous ne voyons Dieu maintenant qu'à travers un mirage et sous des nuages obscurs, mais bientôt je le connaîtrai comme je suis moi-même connu de lui. » Il me semble encore l'entendre, car il parlait avec feu, et depuis, ces paroles me sont bien des fois revenues à l'esprit. C'était un homme d'un grand zèle et d'un cœur brûlant. Il venait de descendre de la chaire, on commençait à chanter les psaumes, lorsqu'une sourde rumeur circula du portail à l'intérieur de l'église. On murmurait : « Il y a une voile en vue! un navire dérive vers les Pierres!» Le pasteur fit un signe de la main. « La charité, c'est le sacrifice, dit-il; agir, c'est prier! allons au secours de nos frères en péril!» Il sortit le premier, nous le suivimes. La pluie qui tombait par torrents, et le rejaillissement du ressac qui lançait à plus de cent pieds en l'air une poussière d'écume, formaient entre le ciel et l'eau un épais rideau impossible à percer. A travers quelques rares éclaircies, on apercevait par moments, dans l'épaisseur de la brume, un vaisseau qui faisait des efforts désespérés pour regagner le large; mais chaque raffale le poussait à la côte et le rapprochait de l'écueil. La mâture avait été emportée par la tourmente, ou peut-être coupée pour donner moins de prise au vent; le mât de beaupré restait seul. Nous essayàmes de mettre un canot à flot; mais les hommes n'y étaient pas encore montés, qu'enlevée par une vague la coquille de noix vint se briser contre les rocs; un second eut le même sort. Le danger devenait plus pressant de minute en minute. Le navire, entraîné avec une rapidité effrayante, n'était plus qu'à quelques brasses d'une tête de

en fureur. Bien làche qui ne l'eût pas suivi ! Nous fimes la chaîne; ceux qui savaient nager prirent la tête, et, nous tenant à bras-le-corps, nous avancâmes à travers le ressac. D'énormes houles déferlaient sur nous; souvent nous perdions pied; mais lui allait, allait toujours! Tout à coup, et comme par miracle, le brouillard se leva il n'y avait plus de navire en vue; plus rien qu'un mât hors de l'eau, et une femme qui d'une main se cramponnait aux agrès et de l'autre soutenait un enfant. La distance n'était pas bien grande, mais des vagues hautes comme des montagnes roulaient entre eux et nous. Cependant le pasteur avait recueilli sur une épave et ramené à la côte un homme de l'équipage. Il repartit muni d'une corde. Cette fois, il avança davantage encore, mais, comme il nous semblait près du mât, une lame le repoussa; il lutta, il revint; il cria à la pauvre femme d'avoir foi, et de se jeter à l'eau : elle hésita. En pareille situation, les minutes sont des années; le mât enfonçait de plus en plus; une houle le recouvrit et emporta la mère, l'enfant, l'homme et le cheval. Il y eut dans la foule un frisson de douleur... Le moment d'après le pasteur reparut il tenait l'enfant évanoui et le tendit au plus proche. Je le fis passer de main en main jusqu'à la grève. Déjà l'intrépide prêtre était reparti. Il espérait sauver la mère; mais il avait trop présumé de ses forces. Cette troisième fois il ne revint pas. Quelque temps nous vimes lui et sa monture flotter comme un point noir sur l'écume blanche, puis nous ne vîmes plus rien. Il était sorti de la vie par une belle porte! il voyait maintenant face à face, sans voile, le Dieu qu'il avait servi et qui dut le reconnaître pour un de ses élus!

---Et le pauvre enfant si miraculeusement sauvé, qu'estil devenu?

--- Une belle jeune fille d'abord, et plus tard une bonne mère de famille, comme vous en avez pu juger, Monsieur. --Ce serait la femme de votre ami Ralph ? la digne ménagère qui m'a si bien reçu hier soir?

Elle-même. Nous l'avons baptisée Nannie, parce que c'était le nom du vaisseau naufragé avec lequel périrent son père et sa mère, deux pauvres émigrants irlandais qui allaient chercher fortune dans le nouveau monde, à ce que nous apprit le seul matelot échappé à ce terrible désastre. La paroisse voulait prendre l'enfant à sa charge; je le réclamai: c'était mon droit; je l'avais reçu le premier des mains du pasteur, comme un legs précieux qui me venait d'en haut. De ce jour-là, Monsieur, les choses changèrent de face. Je repris goût à la vie; je me sentais pardonné. J'emportai mon cher petit trésor à Saint-Pyran; je l'installai dans la vieille maison avec la veuve d'un mineur, la mère de Ralph, qui promit d'en avoir grand soin et qui tint parole. C'était plaisir, le

soir, en rentrant après le travail, de trouver la chère petite créature toute gaie et souriante. Les jours coulaient comme des heures et les années comme des mois; si bien que la fillette avait seize ans que je ne lui en croyais pas plus de douze à treize. J'en étais tout affolé. Son cher visage me suivait à la mine, et l'éclairait mieux que mes visions d'autrefois; j'y pensais le jour, j'y rêvais la nuit.

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nuité; j'y ai songé deux fois dans ma vie : la première, plus longtemps? Qu'est-elle devenue, quand elle ne paraît. j'étais trop jeune.

Et la seconde?

J'étais trop vieux. Mais l'heure s'avance, le soleil baisse, et il ne faut pas que le brouillard qui gagne nous surprenne ici. Nous n'avons que tout juste le temps de gagner Truro. Demain, si Monsieur le désire, je le conduirai å Parde'nick.

Non, mon cher guide, repris-je, je m'en tiendrai à Treryn-Dinas je ne veux pas affaiblir les impressions que j'ai reçues ici.

En effet, j'avais rencontré mieux que ce que je venais chercher un site admirable servant de cadre à une mort héroïque; une nature d'élite, un cœur vaillant qui s'accusait de n'avoir pas assez lutte contre ses mauvais instincts, et qui était arrivé à ce degré de perfection d'avoir fait du sacrifice la règle de sa vie. Cette étude-là valait bien les plus beaux promontoires de Cornouailles.

Le surlendemain, je repartais pour Londres, après avoir fait une dernière visite au village de Saint-Pyran-des-Sables, et avoir pris congé de Ralph, de Nannie, et de la bénédiction de leur heureux intérieur, le digne père Joe.

Il y a dans l'art un point de perfection, comme de bonté ou de maturité dans la nature celui qui le sent et qui l'aime a le goût parfait; celui qui ne le sent pas et qui aime en deçà ou au delà a le goût défectueux. Il y a donc un bon et un mauvais goût, et l'on dispute des goûts avec fondement. LA BRUYÈRE.

LA SCIENCE EN 1859.

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Suite. Voy. p. 102, 126, 206, 238. Découverte d'une nouvelle planète. Une planète a été découverte dans une région des espaces célestes où jusqu'ici aucun astre semblable ne nous était apparu. Elle se trouve dans le voisinage du soleil, plus rapprochée de lui que les autres planètes connues. Mercure, que les astronomes avaient jusqu'ici regardée comme celle que le soleil éclairait de sa plus vive lumière, est de deux à trois fois plus loin de son influence que le nouvel astre; et si M. le Verrier a bien calculé, c'est une première révélation de mondes nombreux qui cheminent dans les mêmes espaces. L'unique observateur auquel il a été donné jusqu'à ce jour d'apercevoir cette terre qui, toujours sous les yeux des hommes, leur avait été toujours inconnue, est un médecin de campagne, M. Lescarbault. Attiré dès son enfance vers l'étude des phénomènes célestes, il occupait tous ses loisirs à suivre ces mondes que notre vue seule peut atteindre. Sa passion était telle que, suivant un de nos amis qui fut étudiant en médecine avec lui, M. Lescarbault avait pratiqué, à cette époque, une ouverture au toit de sa chambre, et y passait des nuits à inspecter le ciel. Toujours observant, toujours méditant sur ses observations, notre médecin - astronome finit par être possédé de cette pensée qu'entre Mercure et le soleil il devait exister quelque planéte. Ce fut de 1837 à 1845 que ses réflexions mùrirent sur ce sujet; en 1845, il était définitivement convaincu. Le 26 mars 1859, au bout de quatorze ans de persévérantes recherches, il eut le bonheur de découvrir ce monde que, nouveau Christophe Colomb, il avait deviné. Mais, hélas! au bout d'une heure un quart environ, l'astre qui s'était révélé avait cessé d'être visible; depuis, il n'a plus été possible de l'observer.

Comment se fait-il, dira-t-on, qu'une planète ne puisse apparaître qu'un temps si court? Qui empêche de l'observer

plus à nos yeux? La réponse est simple, et, en la donnant, nous ferons comprendre comment quatorze années ont été employées à la découverte.

Cette planète, nous l'avons dit, est voisine du soleil; elle l'accompagne de très-près; elle n'est donc devant nos yeux que pendant le jour, et la lumière qu'elle nous envoie se trouve toujours noyée dans des flots de vive lumière. Cette pauvre petite planète est comme le phare modeste du ver luisant, qui pâlit et semble éteint à la lumière d'un flambeau. On ne pouvait donc la découvrir par son éclat. Dès lors, M. Lescarbault résolut de la découvrir comme on n'a jamais découvert aucun astre, par son obscurité.

La planète, plus voisine que nous du soleil, et tournant comme notre terre autour de lui, doit, à certaines heures, couvrir de son disque obscur une petite partie de la face du soleil qui nous regarde; à ces instants, l'observateur apercevra une petite tache ronde qui suivra un mouvement régulier, tout à fait indépendant du mouvement de rotation. du soleil sur lui-même. C'est là ce que M. Lescarbault a eu le bonheur de voir le phénomène a duré 1 heure 17 minutes 9 secondes.

On conçoit maintenant pourquoi la planète nouvelle ne peut être vue que rarement; il faut une rencontre de circonstances tout exceptionnelle. Et, au moment favorable, tout est perdu si le ciel est couvert. Que le ciel même soit pur, si l'observateur est occupé à d'autres soins, il laissera passer inaperçu ce qu'il était si avide de saisir. Que de fois, peut-être, M. Lescarbault, chevauchant à travers les chemins pour porter secours à un malade, a-t-il manqué l'heure du passage attendu!

Plusieurs mondes inconnus entre le soleil et Mercure. Tout heureux qu'il fût, notre astronome trop modeste ne se håta point de publier sa découverte; il tenait à revoir le phénomène avant d'en parler. Mais un mémoire de M. le Verrier, dont l'annonce lui parvint, le décida à rompre le silence. Cet écrit, relatif à l'étude théorique du système solaire, avait pour but d'établir qu'entre le soleil et Mercure circulaient une multitude de petites planètes. M. le Verrier avait ainsi déduit de la théorie de Newton l'existence de la planète Lescarbault, dont d'ailleurs il ne connaissait nullement la découverte.

La théorie peut-elle permettre de connaître l'existence. d'un astre qui n'a jamais été aperçu? Comment M. le Verrier a-t-il réussi? Quelles sont les idées qui l'ont dirigé dans sa recherche théorique? C'est ce que nous allons indiquer.

Le système planétaire est composé d'abord du soleil, dont la masse énorme est égale à 355 000 fois la masse de la terre. Autour de lui circulent des planètes dont six sont connues de toute antiquité; d'autres, moins visibles, ont été découvertes dans les temps modernes; et, autour des planètes, des satellites plus petits se meuvent comme autour de leur soleil. Ces mouvements sont produits par l'attraction mutuelle de tous ces astres. Le soleil, puissante masse, domine par son action tout l'ensemble et règle la marche générale des mouvements; c'est lui qui force chaque planète à suivre son orbite; c'est lui, du moins, qui détermine la physionomie générale de la courbe que chacune doit décrire. Mais à côté du soleil, ce maître puissant qui se fait obéir, les planètes elles-mêmes qu'il dirige, usant de leur petite force attractive, s'influencent les unes les autres, se font dévier mutuellement de leur course, et les orbites que Newton a su calculer sont, ou légèrement déformés, ou déplacés peu à peu par ces faibles actions perturbatrices. Après Newton, qui a tracé à grands traits les lois du système solaire, sont donc venus une foule de savants qui ont expliqué toutes les petites perturbations,

en évaluant les petites causes qui les produisent, et en montrant que les effets sont bien ceux que la théorie indique. Toutefois, cette œuvre est si difficile et si complexe, les perturbations sont si nombreuses, que la science est encore loin d'avoir achevé la démonstration de la concordance entre les observations et la théorie. M. le Verrier, qui s'en est occupé, a reconnu que certain déplacement de l'orbite de Mercure ne pouvait s'expliquer par aucune action des planètes connues. Devait-il en conclure que la théorie de Newton se trouvait en défaut? Non certes, car, soumise à de nombreuses épreuves, cette théorie a résisté; il l'a donc respectée comme vraie, et il a été conduit à se demander si quelque planète inconnue ne rendrait pas compte du phénomène. Il a trouvé qu'une planète située entre le soleil et Mercure expliquerait le déplacement d'une manière très-satisfaisante. D'autre part, le calcul lui a dé

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montré que cette planète serait si considérable qu'elle n'aurait pu échapper à la vue, malgré la lumière du soleil : il a dès lors supposé un ensemble de petites planètes qui, individuellement peu puissantes à cause de leurs faibles masses, réaliseraient par leur nombre la perturbation constatée par les observateurs.

C'est l'une de ces planètes qu'a vue M. Lescarbault.

CHANT DE LA CIGALE.

La grosse cigale commune (Cicada plebeia, Latr.; Teltigonia plebeia, Fabr.; de l'ordre des hémiptères homoptères, groupe des cicadaires) est connue dans tout le midi de la France par son chant monotone. Cette stridulation se produit au moyen d'une membrane sèche K, régulièrement

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Fig 7

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Fig 5

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TEXTE EXPLICATIF DES FIGURES.

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A, A', A", pattes de la 1re, 2e et 3e paire. B, B, membrane jaune opaque. - C, C, cavité de la membrane du chant K.-D, D, opercules postérieurs. D', D', opercules antérieurs. E, partie inférieure du premier anneau abdominal. F, F, membrane transparente irisée. -G, partie terminale du premier anneau abdominal. G', G", G", anneaux abdominaux.H, IX du métathorax. I, J, ailes de la 1re et de la 2e paire. -K, membrane plissée (membrane du chant).L, attache inférieure du muscle.-M, muscle du chant. - M", fibre adductrice. N. cavité abdominale. -0, muscles du thorax.

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FIG. 1. Cigale mâle, face ventrale, grandeur naturelle. FIG. 2. Cigale femelle, idem, idem. FIG. 3. Cigale mâle, face dorsale, grandeur naturelle. FIG. 4. Cigale femelle, idem, idem. FIG. 5. Cigale mâle, côté gauche, grandeur naturelle. FIG. 6 Cigale femelle, idem, idem. FIG. 7. Les premiers anneaux abdominaux. Les opercules antérieurs sont enlevés. Les membranes B et F recouvrent des cavités jouant le rôle de caisses sonores. (Grossi.) FIG. 8. Les premiers anneaux abdominaux vus du côté droit. Les opercules antérieurs sont enlevés. (Grossi.) FIG. 9. Coupe perpendiculaire à l'axe. En D on a conservé l'opercule postérieur. En D' il a été enlevé. (Grossi.) FIG. 10. Coupe longitudinale suivant l'axe. On voit l'intérieur du côté gauche. (Grossi.) FIG. 11. L'appareil de stridulation vu par sa face interne. (Grossi.)-FIG. 12. Le disque terminal da muscle avec la fibre adductrice. (Grossi.)-FIG. 12 bis. Le même, grandeur naturelle.

plissée, mise en mouvement par un muscle M. La compression d'une vessie ridée, alternativement tendue et distendue par un fil fixé dans la membrane, donne une idée assez juste de ce mécanisme. Les contractions du muscle se succèdent très-rapidement, et produisent ainsi un cri qui serait continu si les balancements de l'abdomen ne le saccadaient en quelque sorte.

Ce cri n'est pas saccadé dans la cigale rouge (C. hematodes, Latr.; T. sanguinea, Fabr.). Il est plus régulièrement saccadé dans la cigale du frêne (C. orni, Latr.;

T. Fraxini, Fabr.). Dans la cigale rouge, les opercules antérieurs manquent.

La stridulation continue même dans la cigale décapitée; elle ne cesse que par la section des filets nerveux qui se rendent dans les muscles. L'ablation des membranes jaunes et irisées affaiblit légèrement le son; la dilacération de la membrane ridée le fait cesser en peu de temps.

On a longtemps accordé le chant à la cigale femelle : il n'en est rien; le mâle seul possède les organes de stridulation.

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C'est l'heure bénie de la convalescence. La mère de famille qui est l'âme de cet heureux intérieur, le doux lien qui relie ces jeunes âmes, le foyer où se concentrent les

TOME XXVIII. NOVEMBRE 1860.

vives affections, a été frappée. La maladie a glacé ses membres, suspendu sa bienfaisante activité. Que d'anxiété pendant les longues veilles! que d'ardentes prières à Dieu!

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