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jeunesse; et je puis m'en vanter, car je me trouve le même. courage pour braver les averses; seulement alors j'avais assez d'imprévoyance pour n'en pas moins régaler mes amis dans l'occasion. Aujourd'hui, j'ai le malheur d'être devenu plus prudent par l'obligation où je suis de penser à ceux qui attendent leur pain de moi, m'étant dit qu'il faut être économe quand on n'a pas l'avantage d'être égoïste. (')

A Mlle PAULINE BÉGA.

Passy, 26 octobre 1848. Sais-tu pourquoi, chère enfant, tu ne peux pas écrire à M. le curé? C'est que tu te figures qu'il lui faut d'autres phrases qu'à moi, et que tu ne veux pas te contenter d'écrire comme tu parles.

Il ne s'agit pas de lui parler de son livre sous le rapport littéraire ou philosophique: il ne te faut que le remercier du présent qu'il t'a fait, du fruit que tu espères retirer de sa lecture et de l'obligation que, sous ce rapport, tu vas lui avoir, et « Monsieur le curé, je suis votre servante. Il n'est pas nécessaire d'en dire davantage. Ne voilà-t-il pas la mer à boire! Ce qui fait la supériorité presque générale que les femmes ont, en France, dans le style épistolaire, c'est le laisser-aller de leur plume. Me de Sévigné, dont peut-être tu n'as pas encore lu les lettres, a, dans la plupart, cette façon agile et naturelle d'écrire. Quelquefois pourtant on remarque qu'elle pense un peu à la grande société qui doit voir les lettres qui sont censées n'être que pour sa fille; cela ne lui ôte rien de son esprit, mais le prive de sa naïveté. Si un beau jour tu as de l'esprit, tu verras ce que tu dois en faire. En attendant, passe-t-en pour M. Corbière, et parle-lui comme tu parlerais à ton frère ou à moi.

A M. ALFRED LÉLIER.

18 novembre 1848.

Vous avez fait un portrait bien embelli, Monsieur, et partant quelquefois peu ressemblant. Vous êtes jeune, sans doute, car on dirait que c'est l'enthousiasme, faculté des âmes neuves, qui vous a fait faillir. Ah! Monsieur, que je suis loin d'être ce que vous me faites! Pauvre rimeur de mansarde, tout passionné que j'ai toujours été pour ma patrie, il n'y a jamais eu rien de bien grave dans mon existence et mes façons d'être. Aussi nul n'a été plus étonné que moi lorsque j'ai vu qu'on me traitait de grand citoyen. Chez nous, les grands mots ne coûtent pas à prodiguer, et il me semble que vous y avez ajouté foi en me prenant au sérieux. Savez-vous, Monsieur, que vous avez fait un homme bien grave d'un vieillard qui rit encore plus souvent qu'il ne gronde?

A Mille PAULINE BÉGA.

6 décembre 1848.

:

Tu t'ennuies, pauvre fille ! J'en souffre pour toi, je t'assure; mais, puisque tu te mets à travailler, l'ennui ne durera pas. Le travail, sous toutes les formes, est l'unique remède au mal que tu éprouves. On envie la richesse si tu savais combien de gens riches s'ennuient, et cela parce qu'il est rare que la richesse n'enfante pas l'oisiveté à la suite de la satiété qu'amènent bien vite des plaisirs trop faciles! Travaille donc avec cœur, mon enfant; instruistoi; ne t'effraye pas de ce qui te manque encore; tu as

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un long temps devant toi. Habitue-toi à te rendre compte de tout; c'est le moyen de ne rien oublier. A ton âge, je n'en savais guère plus que toi, et, même sous le rapport de la langue, je ne soupçonnais même pas qu'on eût à apprendre tout ce que tu sais. Mais je regardais, j'examinais, j'approfondissais les moindres choses, et surtout je tenais bonne note de toutes mes fautes. Ce dernier point est le plus important.

J'ai fini par me donner ainsi la seule instruction dont j'étais susceptible. Fais comme moi, ma chère Victoire, et bientôt ta mémoire deviendra l'instrument le plus actif de ton perfectionnement...

A M. DE VALOIS.

Passy, 27 mai 1849. Vos lettres m'auraient toutes fait grand plaisir si je n'y avais remarqué de ces phrases misanthropiques dont les poëtes et les jeunes gens ont fait tant d'abus. Dans ce monde, mon cher enfant, l'homme qui s'occupe plus des autres que de lui-même, certes n'évite pas les peines qui nous assaillent sans cesse, mais finit toujours par en triompher à force de courage et de résignation, vertus qui ont plus de parenté qu'on ne le pense.

Chateaubriand me disait souvent : « Je me suis toujours ennuyé. » Toujours je lui répondais: « C'est que vous ne vous êtes pas occupé des autres. » Sa femme, esprit fort singulier, s'écriait: « Vous avez bien raison! vous avez bien raison! » Les « Mémoires d'outre-tombe» sont la preuve qu'en effet ce grand homme de lettres ne se préoccupait guère que de lui. Les « René » qu'il se reproche d'avoir fait naître devraient corriger de l'imitation. Dieu ne nous a pas mis ici-bas pour nous, mais pour les autres. Remplissons le mieux que nous le pouvons cette mission, et même ici-bas nous trouverons notre récompense dans une satisfaction intérieure que rien n'égale.

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Nids des poissons. On sait, depuis Aristote, que les poissons ont la faculté instinctive de construire des nids, et leur travail est aussi merveilleux que celui des oiseaux. Ce fait, constaté par les anciens, l'a-t-il été par eux d'une manière qui ne laisse aucune prise au doute? On l'ignore; mais les observations de la science moderne sont trèsprécises. Celles de M. Valmont de Bomare doivent être particulièrement citées. M. Lecoq, de Clermont, est venu ensuite, et a fait une admirable étude des mœurs des épinoches i les a vus à l'œuvre; il les a suivis dans tous leurs mouvements, il a assisté à toutes leurs diverses opérations. Ils construisent des nids, et ce fait est facile à vérifier, car dans les cours d'eau du nord de la France l'épinoche est un poisson qui est assez commun. Enfin, pour citer encore un fait bien certain, M. Serres, dans ses viviers du Collège de France, a vu un de nos poissons d'eau douce, le Gasterosteus aculeatus, construire son nid. Il n'y a donc plus de doute possible. Cette année, M. Valenciennes a présenté à l'Académie des nids qui ont été pêchés à Terre-Neuve. Ils se trouvaient à une profondeur de 60 mètres environ. Ils ont un diamètre qui varie de 15 à 3 centimètres; ils sont ronds, à parois épaisses. Leur étude révèle qu'ils sont formés par l'entrelacement des tiges grêles et déliées des polypes hydraires. On y a distingué de nombreux rameaux de sertulariées, de cellaires, de caténicelles, de cuscutaires. Mais ces nids, quels

sont les animaux qui les ont construits? On l'ignore. Estce le capelan, petit poisson qui est abondant dans ces parages? Est-il sûr même que la construction soit due à un poisson? Ce sont des questions auxquelles on ne peut répondre; car on ne sait pas si le poisson, parmi les animaux marins, a seul la faculté de construire des nids. Les pêcheurs des côtes de la Bretagne rapportent, en effet, que les langoustes conservent leurs petits dans des nids artistement travaillés.

Etude des engrais azotés. L'agriculture, malgré sa haute antiquité, est encore un art dans l'enfance. La nécessité, rude institutrice, a enseigné à l'homme certaines pratiques qui se transmettent d'âge en âge. L'agriculteur ose à peine les modifier; il ignore la voie qu'il doit suivre pour faire de nouvelles expériences, et redoute surtout les conséquences ruineuses de ces tentatives prolongées où il faut hasarder presque en aveugle des biens assurés. Les plus courageux reculent, les audacieux seuls se jettent en avant. Hélas! combien en est-il qui n'ont fait que d'inutiles sacrifices! Cependant les sciences sont arrivées à notre époque à de tels accroissements, qu'elles sont en mesure d'entreprendre la révision de toutes les œuvres de la pratique; elles peuvent indiquer la voie du progrès et y conduire rapidement l'humanité impatiente. Déjà la mécanique combine ses leviers, ses poulies, ses engrenages, et les faucheuses, courant dans la plaine où se dresse la moisson, couchent les épis, assemblent les javelles, chacune aussi rapide qu'une armée de moissonneurs (voy. t. XXVII, 1859, p. 333). Bientôt le paysan ne soulèvera plus ce fléau qui brise ses bras: les batteuses mécaniques vont de village en village (voy. t. XXVII, 1859, p. 365); en quelques jours, elles accomplissent le travail de plusieurs semaines, puis recommencent dans les campagnes voisines. Des machines qui défrichent, d'autres qui sèment, sont à l'essai; la vapeur ne tardera pas à les mettre en route, et le pénible labeur de l'homme des champs sera changé. Portant le poids d'un travail plus modéré, vivant dans des conditions salutaires, en plein air, à la vue du ciel et du soleil, libre de donner à la culture de son intelligence des moments de repos, il pourra être envié des autres travailleurs, et c'est avec vérité que l'on répétera l'exclamation si connue :

Heureux l'homme des champs, s'il connaît son bonheur! (') La mécanique ne s'applique pas seule à améliorer les conditions du travail agricole, les sciences physiques et naturelles, en étudiant les actions qui influent sur la végétation, en suivant, chacune dans ses limites, les phénomènes qui se rapportent à la vie des plantes, commencent à saisir quelques vestiges des lois qui les gouvernent, et elles ne tarderont pas à donner des préceptes certains.

Cette année, M. Boussingault s'est occupé de rechercher quel était le rôle des divers principes azotés du fumier. Ce rôle avait été déjà étudié par quelques savants, mais les résultats obtenus semblaient contradictoires. Pour lever toute difficulté, M. Boussingault s'est placé dans des conditions tout à fait inattaquables. Il a semé des graines dans un terrain préparé et dont la composition était bien connue; il a cherché, à l'aide des réactifs du chimiste, quelles étaient les substances dont la plante faisait sa nourriture, quelles étaient celles qu'elle dédaignait. Suivant son mot expressif, il a demandé aux plantes leur opinion sur les qualités des aliments qu'on leur fournit.

L'azote, cet aliment si essentiel à la vie des plantes, sans lequel elles dépérissent et ne peuvent pas arriver à maturité, l'azote, dis-je, leur est fourni principalement par les débris animaux ou végétaux qui recouvrent le sol. La

(') O fortunatos nimium, sua si bona norint

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pratique avait fait reconnaitre la nécessité de ces débris, et, pour rendre la terre plus fertile, on la recouvre de fumier depuis les temps les plus anciens : dans un espace relativement petit, on accumule les éléments nutritifs, et un grand nombre d'êtres peuvent s'élever avec vigueur là où le sol, abandonné à lui-même, aurait à peine nourri un seul individu. On pourrait croire et on a cru même jusqu'à ce jour que l'azote du fumier est un aliment que la plante peut s'approprier. Il n'en est rien. L'azote à l'état de nitrate ou à l'état d'ammoniaque, est seul assimilé par les végétaux. Une bonne terre, bien cultivée, bien fumée, qui contient 100 kilogrammes d'azote, n'en contient que 4 kilogrammes qui aient des effets immédiats sur la végétation: 96 kilogrammes sont engagés dans de telles combinaisons que la plante ne peut pas en faire son aliment. Sur un sol tel que celui que nous avons défini, il ne peut venir qu'une récolte contenant 4 kilogrammes d'azote; il est impossible d'espérer plus.

Hélas! dira-t-on; quoi, l'agriculteur transporte péniblement sur la terre qu'il veut engraisser un poids énorme de matières fertilisantes, et les 4 centièmes seulement se retrouveront dans la moisson péniblement gagnée. Faut-il diminuer notre travail? Comment le pourrons-nous? La science dit-elle quel procédé l'on doit employer pour extraire ces 4 centièmes seuls utiles? Non, la science ne dit encore rien; elle se garderait bien de parler tout de suite, car les vrais savants n'ignorent pas qu'en présence de la nature vivante ils sont comme des juges qui n'ont recueilli que les premières informations. Dans la question qui nous occupe, il faut rechercher si la matière azotée restée inerte cette année, si ces 96 centièmes qui n'ont rien produit sont irrévocablement improductifs. Ce n'est pas à croire. Sans aucun doute, la faculté d'être assimilable ne s'exerce plus avec l'énergie que réclame une végétation rapide, mais les influences météorologiques, en opérant des changements dans la matière, lui font sans doute récupérer ses propriétés dissimulées. Peut-on håter ces changements? Le chaulage vient probablement les favoriser. Les nitrates, l'ammoniaque, se constituent aux dépens des matières primitivement sans action, et, pendant de longues années, le travailleur récolte le fruit de ses labeurs passés : dans la terre, il a enfoui un trésor qu'il retrouve ou qu'il laisse en héritage aux générations qui suivent. De la nécessité des phosphates comme engrais. Les débris organiques ne sont pas les seules matières du sol auxquelles les végétaux empruntent leur nourriture. Pour se constituer, la plante s'assimile les substances minérales au milieu desquelles plongent ses racines : elle fait son choix selon ses besoins, et si les éléments qui lui sont nécessaires viennent à manquer, elle dépérit et meurt. La présence de ces éléments arrachés aux pierres du sol est mise en évi dence par la combustion des végétaux. Les cendres, qui sont les matières terreuses que la plante s'était appropriées pendant sa vie, restent, et leur qualité indique à l'agriculteur quels sont les éléments qui doivent constituer le sol pour que la végétation soit abondante.

Parmi les matières terreuses que renferment les plantes, il en est une, le phosphate de chaux, qui abonde surtout dans les végétaux dont l'homme et les animaux domestiques font leur nourriture. Malheureusement elle n'est pas diffusée avec prodigalité dans la nature : il est des terrains qui en sont entièrement dépourvus; pour surcroît de malheur, l'homme, afin de consolider la charpente osseuse qui donne aux membres leur solidité, s'assimile le phosphate de chaux de la plante qui lui a servi d'aliment; la terre, déjà pauvre, ne retrouve plus le phosphate dont elle est dépouillée chaque année, et les meilleurs terrains deviennent moins productifs. Les os des animaux employés par l'industrie, ceux qui s'en

fouissent dans nos cimetières ou dans les catacombes, sont d'incalculables richesses perdues pour l'agriculture. D'après des calculs approximatifs de M. Élie de Beaumont, si Î'on évalue à un milliard le nombre d'individus qui ont vécu sur le sol de la France depuis qu'il est cultivé, évaluation qui n'a rien d'exagéré, on trouve qu'ils ont emporté en mourant deux milliards de kilogrammes de phosphate de chaux. Quantité qui est loin d'être insignifiante, vu la rareté relative de la substance.

Au commencement de ce siècle, des essais heureux ont fait connaître à l'Allemagne la fertilité que la terre acquérait quand on employait les os broyés pour fumer les terres. L'Angleterre s'empara bientôt de la découverte, et les demandes de son agriculture augmentèrent avec une étonnante rapidité. Des usines s'établirent, et l'une d'elles broya par jour jusqu'à 2000 kilogrammes de poudre d'os, qui furent jetés sur le sol. La consommation grandissant toujours, on alla jusque sur les champs de bataille de l'Empire, en Allemagne et en Espagne, recueillir les débris d'ossements accumulés.

La France marcha lentement dans cette voie, mais enfin elle s'est décidée. Les raffineries de sucre fournissent à son agriculture le phosphate qu'elle réclame; et la ville de Nantes, où ce commerce s'est développé, distribue environ 17 millions de kilogrammes de cet engrais, qu'elle tire soit de ses propres raffineries, soit de celles de l'étranger.

Les effets produits par de tels engrais ayant pour cause le phosphate qu'ils contiennent, les recherches à faire sont indiquées il faut chercher si, dans la nature, il n'existe pas des roches qui fourniraient le précieux élément en abondance; il faut voir si le phosphate, trouvé ainsi, jouera bien le rôle espéré.

Géologues, chimistes, agriculteurs, tous se sont mis à l'œuvre. MM. Daubeny et Widrington sont allés en Estramadure visiter des gisements de phosphate de chaux signalés depuis longtemps; ils ont enseigné quel serait le meilleur mode d'exploitation. On a fait mieux en fouillant le sol de l'Angleterre, en fouillant le sol de la France, on a pu reconnaître, dans certaines contrées, le minéral si désiré; et, en ce qui concerne notre pays, le phosphate de chaux découvert dans les environs de Valenciennes par MM. Meugy et Delanoue est, dès à présent, exploité par MM. de Molon et Thurneyssen. Les agriculteurs du nord et ceux du centre en ont fait un usage heureux; on a trouvé qu'il pouvait se substituer aux ossements broyés. Dans une note présentée récemment à l'Académie, M. de Molon affirme que des centaines d'agriculteurs lui ont déclaré que les résultats obtenus avec le phosphate fossile étaient supérieurs à ceux que donnait le phosphate des raffineries. Il propose, de plus, de soumettre les animaux à un régime qui consisterait à mêler le phosphate à leurs aliments. Il annonce quelques résultats qui semblent favorables. Les animaux sur lesquels il fait ses essais sont ceux dont les aliments sont chargés d'une trop faible quantité de substance minérale, ceux qui, dans les fermes du nord, en particulier, sont nourris avec les racines et les pulpes provenant de la distillation des betteraves.

La suite à une autre livraison.

COMMENT ON PRONONÇAIT JADIS LA LETTRE M. Le rébus, tel que nous le donnent aujourd'hui tant de journaux ilustrés qui l'ont remis en vogue, s'appelait autrefois rébus de Picardie. Qui voudra connaître les causes de cette appellation, et savoir en quoi le rébus de Picardie diffère du rébus simple, peut consulter le Dictionnaire étymologique de Ménage. Il serait trop long de l'expliquer

| ici. Contentons-nous d'observer que bien des armoiries se composent d'armes parlantes, comme on dit ('), et que ce pourrait bien être là, n'en déplaise à Ménage, l'origine du rébus. Les armoiries de Racine (voy. sa lettre du 16 janvier 1697 à Mme Rivière, sa sœur) étaient un rat et un cygne, qui se prononçait cine (2). Génin s'est emparé de ce passage pour démontrer surabondamment que GN, jadis, sonnait simplement N. Il n'est pas le seul linguiste qui ait appelé le rébus à son aide. En rébus, dit le Dictionnaire de Trévoux, on met M pour signifier âme, parce qu'autrefois cette lettre se prononçait am et non em, comme on fait maintenant. Ainsi on trouve dans quelques épitaphes: Priez pour son M, c'est-à-dire pour son âme. J'ai vu dans de vieilles heures..... un rébus manuscrit contenant l'épitaphe d'Anne de Bretagne en quatre vers français. Pour le premier vers, il y avait une aile d'oiseau, la syllabe est, deux flèches ou traits, deux pas, la syllabe sée; pour le second, la note de musique la, la syllabe no, une table, une dame à jouer; pour le troisième, deux fouets entre les syllabes fran et ce, une couronne sur la syllabe ce, et pour le quatrième, Prions IHS qu'il ait son M. Cela signifie : Elle est trépassée,

La notable dame,

Deux fois en France couronnée. Prions Jésus qu'il ait son âme.

On voyait autrefois, sur les murs du cimetière des Cordeliers de Dole, une inscription morale ainsi figurée :

M vous! vous? la quat

Amendez-vous! Qu'attendez-vous? la mort.

Nous pourrions multiplier les exemples de l'usage du rébus en choses graves et saintes; mais il faut savoir se borner. Citons encore cependant celui que reproduit la gravure ci-dessous :

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REIVE AII

Ce rébus se trouve en face du titre d'un livre d'Heures comprendra sans peine que le vendeur n'ait pas négligé de à l'usage de Soyssons, imprimé à Paris en 1545, in-32. On donner, avec son rébus, la traduction suivante : « On vend ces (ceps) présentes Heures sur le pont Notre-Dame, à l'image Saint-Pierre et Saint-Pol, par Pierre Ricoart, libraire juré, à Paris. »

(1) Voy. les Tables des t. 1, VI, IX, et XI. (*) Voy. t. VI, 1838, p. 28.

Paris, Typographie de J. Eest, rue Saint-Maur-Saint-Germain, 15.

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Une femme est assise sur un piédestal; elle tient un une vergue avec une voile de navire repliée en forme de écusson. Près d'elle on voit un lion couché, et derrière baldaquin. Cette figure allégorique semble représenter une

TOME XXVIII. - AOUT 1860.

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