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nument ou galgal de Gavr'innis (1) sont sculptés et couverts de dessins bizarres. « Ce sont des courbes, dit M. Mérimée, des lignes droites, brisées, tracées et combinées de cent manières différentes. Je ne saurais mieux

les comparer qu'au tatouage des insulaires de la NouvelleZélande. Souvent, sur la même pierre, il y a des divisions, des espèces de compartiments, qui séparent du fond et encadrent une portion des dessins. Pour graver tous ces

Idoles en bois sculpté trouvées aux environs d'Abbeville par M. Boucher de Perthes, et attribuées aux races primitives qui habitaient le sol où les Celtes vinrent ensuite s'établir. - D'après les Antiquités celtiques et antediluviennes.

traits bizarres, on n'a pas pris le soin de polir préalable- | ment la surface de la pierre, car, sur presque toutes, on voit ces grandes ondulations que présente la cassure d'un bloc de granit; pourtant aucune n'offre d'aspérités trop marquées. Le trait des dessins, gravé en creux à un demipouce de profondeur à peu près, forme comme un canal plus étroit au fond qu'à la surface. Çà et là, quelques dessins se détachent en relief sur le fond. » Les pierres de Gavr'innis, indépendamment des lignes de toutes sortes qui les décorent, sont ornées de traits représentant des coins, des figures qui peuvent être prises pour des serpents, et des serpes ou crochets avec un manche arrondi. Toutes ces figures sont en relief. Le peu de combinaisons que présentent les coins ne semble pas permettre

corée de sculptures, de colliers par exemple. La table des Marchands, à Locmariaker, offre aussi quelques ornements en relief.

Ces grossières sculptures, attribuées jusqu'ici aux Gaulois, sont probablement l'œuvre d'une autre race. Quelle que soit la barbarie des sculptures dont nous aurons à. parler prochainement, il y a bien entre elles et les précé– dentes les différences que nous pouvons soupçonner avoir existé entre les populations finnoises et les peuples gaulois dont les arts et la civilisation étaient incomparablement supérieurs.

La suite à une autre livraison.

Pierres sculptées de Gavr'innis (Morbihan).

d'y voir des caractères cunéiformes; et cependant il est probable que les hommes qui les ont gravés attachaient une idée, un sens à ces signes, et il ne paraît pas douteux que ce soit autre chose qu'un simple ornement. Mais qui découvrira la signification de ces hiéroglyphes? La tombelle de la presqu'île de Rhuys est également dé(') Ce nom se compose de deux mots bretons: gavr', chèvre, et innis, ile; on prononce Gaffi'né. - Voy., pour compléter notre gravure, les planches du Voyage dans l'ouest de la France, par Mérimée; 1 vol. in-8, 1836.

LES AQUEDUCS DE SALERNE. Salerne, ville du royaume de Naples, date de l'an 300 avant Jésus-Christ. C'était à cette époque, comme presque toutes les villes du littoral italien, une petite colonie de pêcheurs. Les Romains la fortifièrent, vers l'an 225, pour retenir dans l'obéissance les « Picentes», qui avaient pris parti pour le Carthaginois Annibal, dont chaque pas en Italie était marqué par une victoire. Au milieu du onzième siècle, Robert Guiscard refit ce qu'avait fait Annibal; il conquit rapidement la Pouille, la Calabre et la Sicile. Après la prise de Reggio, en 1060, le fils de Tancrède de Hauteville se décerna le titre de duc que lui confirmèrent successivement les papes Nicolas II et Grégoire VII; et ce dernier, ayant été assiégé dans le château Saint-Ange par l'empereur Henri IV, qui s'était rendu maître de Rome, fut délivré de ce formidable adversaire par Robert Guiscard, accouru à son secours. Robert mourut de maladie dans l'ile de Canope, le 18 juillet 1085, après avoir porté au plus haut point la puissance des Normands en Italie.

C'est à Robert Guiscard qu'on doit la cathédrale et les aqueducs de Salerne. La cathédrale est environnée d'un portique dont les colonnes de porphyre ont été enlevées aux temples de Postum elle renferme les reliques de saint Matthieu l'Evangéliste et le tombeau du pape Grégoire VII, l'obligé de Robert Guiscard. Quant aux aqueducs, ils sont en ruines aujourd'hui; mais ces ruines-là permettent de juger ce qu'ils étaient au onzième siècle. L'herbe y croit en abondance: la mousse, les saxifrages

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et les pariétaires rongént lentement les joints de ces ma- se conserveront probablement longtemps encore ainsi. Ils jestueux débris qui résistent du mieux qu'ils peuvent et qui dominent la ville et le port construit par Jean de Procida.

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LES NEIGES AU NORD DE L'EUROPE.

Tous les arbres résineux (écrit un voyageur qui a traversé pendant le dernier hiver l'intérieur de la Finlande), et surtout les sapins, étaient tellement chargés de neige, qu'ils ressemblaient à d'immenses pains de sucre, ou à des hommes de neige d'une taille colossale, sous l'uniforme blanc desquels perçait çà et là quelque rameau vert. Que l'on se figure l'aspect étrange que présentaient des centaines et des milliers de ces géants rangés des deux côtés de la route. Un grand nombre d'entre eux s'étaient déjà affaissés sous leur fardeau. Le hasard voulut que je fusse moimême témoin d'un spectacle tel que je n'aurais jamais pu m'en faire une idée, même en rêve. Vers midi s'éleva un vent qui, sans être bien violent, suffit pourtant à faire perdre l'équilibre aux arbres qui ployaient déjà sous leur charge inaccoutumée. Malheur alors aux pins ou aux sapins qui n'étaient pas sains à l'intérieur, ou qui n'avaient pas jeté d'assez profondes racines dans le sol natal! Je les vis tomber autour de moi, à droite et à gauche, non plus un à un, comme auparavant, ni de quart d'heure en quart d'heure, mais en masse et en files, comme des Titans frappés des foudres de Jupiter. Tout à la ronde, c'était un fracas semblable à une terrible canonnade. Mon cheval se cabra plusieurs fois devant des sapins renversés, qui encombraient la route de leurs débris. Ce qui rendait ce tableau encore plus imposant, c'est que les arbres restés debout secouaient leur chevelure blanche, et que toute la forêt était en mouvement et remplie de tourbillons de neige. Il est à regretter que notre excellent paysagiste, Ferdinand Von-Wright, n'ait pas été là pour reproduire avec son pinceau et fixer sur la toile cette scène de magnifique désordre. (')

Il est également tombé en Norvége une masse extraordinaire de neige, qui, en durcissant, devient plutôt une

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facilité qu'un obstacle pour la circulation sur les routes, mais non pas sur le chemin de fer (de Christiania à Eidsvold). Dans quelques endroits où les neiges offraient trop de résistance, on était réduit à décrocher la locomotive et à la lancer de toute force contre la masse compacte, qui était alors refoulée de chaque côté ou repoussée en avant. Lorsque la machine à vapeur s'était ainsi ouvert un passage, elle retournait prendre le reste du convoi et se remettait en marche. Parfois la neige était si ferme et montait à une telle hauteur, qu'elle formait comme une voûte audessus et autour du train, en sorte qu'il était impossible aux voyageurs de regarder ou de tendre la tête par les fenêtres.

CE QU'ON VOIT SUR UN CHEMIN DE FER.
Premier article.

Lorsqu'on voyage en chemin de fer, on rencontre à chaque instant, aux embarcadères et sur la voie même, des objets qui sont de nature à exciter la curiosité et à intéresser l'esprit; mais entre mille voyageurs pris au hasard, combien s'en trouve-t-il qui aient seulement quelques notions positives sur ce qui s'offre à leurs regards?

C'est dans le désir d'augmenter, autant que possible, ce petit nombre de voyageurs instruits que nous nous proposons de publier une série d'articles et de gravures sur la construction et l'exploitation des chemins de fer. Nous rappellerons aussi, à l'occasion, les notions, relatives an même sujet, qui se trouvent disséminées dans les divers volumes de ce recueil (1).

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130 AOUT GO

1-C

1-B

Service des billets sur les chemins de fer.

Autrefois les billets de voyageurs étaient de petites | bandes de papier qui se chiffonnaient et s'égaraient aisément. On les a partout remplacés par les petits morceaux de carton que chacun connaît.

Dans chaque bureau se trouve une provision de billets pour toutes, les stations où doivent s'arrêter les convois. Chacun de ces billets porte, imprimés d'avance, le nom de la station, la désignation de la classe et le numéro d'ordre du

(1) Traduit de Helsingfors Tedningar (Gazette d'Helsingfors, Russie d'Europe, grand-duché de Finlande); février 1860.

Machine à dater en timbre sec.

billet. Exemple: Paris à Dijon. 2me classe. 34 380. Au moment, où l'employé délivre le billet, il y marque la date et le numéro du train au moyen d'une petite machine spéciale, que l'on peut voir fonctionner dans toutes les gares, et qui est due à M. Lecoq, ainsi que toutes les autres machines en usage pour le service des billets.

() Voy. notamment t. II, p. 28, 62; III, 215; IV, 35; V, 388; VII, 394; IX, 137; XII, 361; XIV, 388; XIX, 365; XXIV, 387. Nous recommandons la lecture de l'excellent ouvrage de M. Perdonnet: Notions générales sur les chemins de fer,

Étudions cette machine avec un peu d'attention. Rien de plus simple; mais encore, si l'on veut s'instruire, fautil prendre quelque peine.

Machine à dater en timbre sec. Chaque jour, l'employé dispose dans un composteur des caractères en relief qui ne sont autres que des poinçons d'acier un peu tranchants. Il compose ainsi la date du jour et l'introduit audessus de la partie C, dans l'intérieur de la machine représentée figure 1-A. Les caractères portent sur le côté des échancrures dans lesquelles s'engage une pièce qui les maintient solidement en place.

qui étaient d'abord à une distance de 1 millimètre environ, se sont rapprochés au point de devenir tangents l'un à l'autre. Le billet placé entre les deux cercles sera donc fortement comprimé.

On obtient ainsi une pression équivalente, à 300 kilogrammes environ.

Le timbre sec ainsi obtenu présente l'aspect indiqué par la figure 1-C; mais il n'est pas imprimé en noir; il est simplement gravé en creux.

La machine à dater en timbre sec est la seule que le voyageur puisse voir fonctionner dans les bureaux. Mais Dans la position indiquée par la figure 1-A, il existe avant d'arriver à cette machine, les billets sont d'abord entre le poinçon d'acier et une pièce plate située au-des- imprimés et numérotés à l'aide d'une machine plus comsous un intervalle égal à l'épaisseur d'un billet, c'est-à-pliquée, représentée figures 2-A, 2-B, 2-C. dire à 1 millimètre environ. L'employé introduit donc le billet dans cet espace libre C.

Prenant ensuite à la main la partie M, il la pousse devant lui d'un mouvement brusque, de manière à faire passer la machine de la position qu'indique la figure 1-A à celle que représente la figure 1-B. Entre la pièce mobile H et la partie fixe T, on interpose un morceau de caoutchouc afin d'amortir le choc.

Pendant ce mouvement, le billet se trouve fortement serré entre le poinçon d'acier et la partie plane située audessous; les caractères pénètrent dans le carton de manière à s'y graver profondément en creux.

Pour comprendre comment le poinçon se rapproche ainsi de la partie située au-dessous, il faut remarquer que chacune de ces deux pièces décrit un cercle autour de la partie supérieure ou de la partie inférieure de la vis V. Dans la seconde position (fig. 1B), ces deux cercles,

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Machine à imprimer et numéroter les billets. En dix heures de travail cette machine, qui coûte 3 500 francs, imprime et numérote 70 000 billets.

Elle opère d'une manière tout à fait automatique. L'ouvrier qui la conduit doit seulement entasser les cartons découpés dans une coulisse verticale L et tourner à la main la manivelle M.

Une chaîne sans fin G (que l'on nomme chaîne de Galle), reçoit par des engrenages le mouveme it de la manivelle M. Ce mouvement est d'ailleurs régularisé par un volant V.

Chaque fois qu'une maille de la chaine passe au-dessous de la pile de cartons entassée dans la coulisse L, elle entraîne le carton qui commence la pile et le pousse, par le côté le plus large, dans une rainure horizontale.

A ce carton succède aussitôt celui qui est placé au-dessus, de sorte que tous les cartons se poussent ainsi l'un à

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2-A. Machine à imprimer et numéroter les billets.

la suite de l'autre dans la rainure horizontale. C'est ce qu'on peut voir sur la figure 2-B, qui est une coupe suivant la longueur de la machine.

Chacun des cartons arrive ainsi à l'instant voulu audessous du poinçon P qui l'imprime. Aussitôt imprimé, il tombe par le conduit incliné H dans une autre coulisse verticale L', où tous les cartons imprimés viennent s'entasser régulièrement.

C'est encore la manivelle M qui donne un mouvement de haut en bas au poinçon imprimeur et aux rouleaux en

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2o D'une partie composée de pièces mobiles qui changent constamment de position par suite du mouvement général de la machine. Cette partie se nomme le compteur; c'est elle qui imprime sur chaque carton le numéro d'ordre qu'il doit porter.

Chaque carton est d'abord imprimé par la partie invariable du poinçon; puis il arrive poussé par le carton précédent sous le .compteur qui imprime à sa surface le numéro d'ordre convenable. Pendant ce temps, le carton précédent est imprimé par la partie invariable du poinçon, et ainsi de suite.

Chaque fois qu'un carton se présente pour être imprimé, il faut que le nombre marqué par le compteur augmente d'une unité. Ce résultat paraît d'abord fort difficile à obtenir; voici comment M. Lecoq est arrivé à résoudre cette difficulté par un mécanisme simple et fonctionnant à coup sûr.

Le compteur se compose de quatre roues C, montées sur un même axe fixe (fig. 2-D). Chacune de ces roues est folle autour de l'axe, c'est-à-dire qu'elle peut tourner librement autour de l'axe sans entraîner les autres roues.

Sur le contour de chaque roue se trouvent dix dents, portant dix caractères en relief:

0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9.

En faisant tourner à la main chacune des roues, on pourrait donc amener sur une même ligne tels chiffres que l'on voudrait, de manière à composer tout nombre compris entre 1 et 9999. Toutes les roues étant d'abord au zéro, on aurait successivement les figures suivantes :

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2-C.

Machine à imprimer et numéroter les billets.

nière à donner tous les nombres compris de 1 à 9, le premier doigt entre dans une entaille profonde que porte la première roue. Le second doigt se rapproche alors suffisamment pour se mettre en contact avec la seconde roue; les deux doigts agissant simultanément, la première roue présente le zéro, la seconde le chiffre 1, ce qui donne 10.

Mais aussitôt que ce résultat est obtenu, le premier

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doigt sort de l'entaille et continue à marcher comme dans le premier cas, sans que le second doigt agisse sur la seconde roue. On verra donc paraître tous les nombres 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19; à ce dernier nombre, la première roue ayant terminé un second tour, le premier doigt rentrera dans l'entaille et le second agira de nouveau sur la seconde roue, qui présentera le chiffre 2. En même temps la première roue commencera son troisième tour et donnera le zéro; le nombre 20 apparaîtra donc, et ainsi de suite.

De même que la seconde roue ne compte que les dizaines, de même la troisième ne comptera que les centaines, la quatrième les mille. On peut même aller au delà

2-E. Billet de chemin de fer imprimé et numéroté.

avec un plus grand nombre de roues; mais quatre roues suffisent, les billets étant numérotés par séries de dix mille, marquées chacune d'une lettre particulière.

Comme la première roue, chacune des roues suivantes porte une entaille de grandeur convenable, qui se présente seulement après que la roue a fait un tour complet et qui reçoit le doigt correspondant; ce n'est qu'à cet instant que le doigt voisin peut agir sur la roue placée immédiatement après. De sorte qu'en résumé:

Chacune des roues ne tourne d'une dent qu'après que la roue précédente a fait un tour complet, et, à ce moment, chacune des roues précédentes tourne aussi d'une dent.

La suite à une prochaine livraison.

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