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Francisco Foscari ne lui survécut que pour subir la der-, nière douleur qui pût désormais l'atteindre. Jacopo Loredano, qui eroyait avoir à venger sur lui la mort de son père et de son oncle, proposa au conseil des Dix, dont il faisait partie, la déposition du vieux doge. A force de ruse et de persévérance, il parvint à vaincre la résistance de ses collègues, et une députation fut envoyée à Francisco pour lui demander son abdication. Comme il refusa, il reçut l'ordre de quitter le palais dans l'espace de deux jours, sous peine de confiscation de tous ses biens. Alors, se soumettant à la volonté du conseil suprême, Foscari se dépouilla de la robe ducale et rendit son anneau, qui fut brisé en sa présence. Il voulut descendre l'escalier des Géants, qu'il avait monté trente-quatre ans auparavant, et, arrivé au bas, appuyé sur son bâton, il dit en regardant le palais : « Les services que j'ai rendus à la patrie m'ont conduit dans cette enceinte, et c'est la malice seule de mes ennemis qui m'en arrache. » Le cinquième jour qui suivit sa déposition, quand il entendit les cloches de Saint-Marc sonner l'avénement de son successeur, Pascal Malipieri, le prince détrôné fit un tel effort pour comprimer son émotion qu'un vaisseau se rompit dans sa poitrine, et qu'il mourut au bout de quelques heures.

UN PAUVRE CLOUTIER.

Richard Foley était un pauvre faiseur de clous qui, sous le règne de Charles Jer, habitait Stourbridge, petite ville du Worcester. Les cloutiers devenaient à cette époque chaque jour plus pauvres, parce que, forcés de façonner à la main les tiges de fer dont ils tiraient les clous, ils ne pouvaient lutter avec les Suédois, qui, à l'aide de procédés particuliers pour fendre ce métal, étaient en état de vendre leurs produits à meilleur marché que les manufacturiers anglais. Frappé de cette infériorité, Richard Foley résolut de se rendre maître du secret des Suédois. Il disparut soudainement de Stourbridge, et, pendant plusieurs années, on n'entendit plus parler de lui. Personne ne savait ce qu'il était devenu, pas même ses parents, qu'il n'avait pas informés de ses desseins dans la crainte d'échouer. Bien qu'il n'eût que peu ou point d'argent en poche, il s'achemina vers Hull, où il prit un engagement à bord d'un bâtiment qui allait en Suède, et il paya ainsi le prix de son passage. Le seul objet qu'il possédat était un violon, et lorsqu'il fut débarqué en Suède, il se rendit aux mines de Dannemora, près d'Upsal, en mendiant et en jouant de son instrument le long de la route. Comme il était habile musicien et joyeux compagnon, il sut se rendre agréable aux forgerons. Il fut admis au milieu de leurs travaux et put pénétrer partout, et se trouva ainsi à même de recueillir des observations et de s'approprier le procédé employé pour fendre le fer. Après un séjour prolongé, il partit subitement de chez ses bons amis les mineurs, sans qu'ils pussent savoir d'où il était venu, ni où il était allé.

En Angleterre, Foley s'associa quelques personnes pour fabriquer des clous par le procédé suédois; mais il échoua, sa machine n'ayant pu fonctionner. Un homme ordinaire aurait abandonné son entreprise aussi, quand il fut de nouveau éloigné de sa petite ville, on ne manqua pas d'attribuer les motifs de son départ à la confusion et au découragement. Mais Foley avait résolu de se rendre

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diable paraissait si dépourvu d'intelligence pour toutes choses, excepté pour jouer du violon, que les mineurs, ne voyant en lui qu'un ménétrier, lui facilitèrent ainsi les moyens d'atteindre le grand but de sa vie. Il examina alors attentivement le travail, et découvrit la cause de son insuccès. Il fit tant bien que mal l'esquisse des machines employées, car il n'avait aucune notion du dessin; et, après être resté dans la mine assez longtemps pour vérifier l'exactitude de ses observations et se graver dans l'esprit d'une manière vive et claire le jeu des machines, il quitta de nouveau les mineurs, et s'embarqua pour l'Angleterre. Un homme d'une telle résolution ne pouvait manquer de réussir. De retour parmi ses amis étonnés, il compléta ses dispositions, et les résultats furent de tous points heureux. Grâce à son esprit inventif et à son industrie, il posa bientôt les fondements de son immense fortune, en même temps qu'il relevait le commerce d'un vaste district. Il continua toute sa vie à diriger sa fabrique. Humain et charitable, il encouragea par un généreux concours tous les établissements de bienfaisance des environs. Il dota Stourbridge d'une école; et son fils Thomas, qui fut grand shérif du comté de Worcester à l'époque du parlement connu sous le nom de Croupion, fonda et dota å OldSwinford un hospice pour les enfants, qui existe encore aujourd'hui. La famille Foley fut anoblie sous le règne de Charles II. (9)

LE DIX-HUITIEME SIÈCLE.

. . . En dépit de la faiblesse de ses mœurs, de la frivolité de ses formes, de la sécheresse de telle ou telle doctrine, en dépit de sa tendance critique et destructive, c'était un siècle ardent et sincère, un siècle de foi et de désintéressement. Il avait foi dans la vérité, car il a róclamé pour elle le droit de régner en ce monde. Il avait foi dans l'humanité, car il lui a reconnu le pouvoir de se perfectionner et a voulu qu'elle l'exerçât sans entrave. Il s'est abusé, égaré dans cette double confiance; il a tenté bien au delà de son droit et de sa force. Il a mal jugé la nature morale de l'homme et les conditions de l'état social. Ses idées comme ses œuvres ont contracté la souillure de ses vices. Mais, cela reconnu, la pensée originale, dominante, du dix-huitième siècle, la croyance que l'homme, la vérité, la société, sont faits l'un pour l'autre, dignes l'un de l'autre et appelés à s'unir; cette juste et salutaire croyance s'élève et surmonte toute son histoire. Le premier il l'a proclamée et a voulu la réaliser. De là sa puissance et sa popularité sur toute la surface de la terre. (*)

Celui qui dit incessamment qu'il a de l'honneur et de la probité, qu'il ne nuit à personne, qu'il consent que le mal qu'il fait aux autres lui arrive, et qui jure pour le faire croire, ne sait pas même contrefaire l'homme de bien. LA BRUYÈRE.

LES PYRAMIDES D'ÉGYPTE

AU CLAIR DE LUNE.

J'avais résolu de voir les pyramides au clair de

maître du procédé suédois, et il y parvint. Il alla de nou-fune (3). L'astre étant précisément dans son plein, je partis

veau en Suède, muni de son violon comme auparavant, et se rendit aux forges, où il fut cordialement accueilli par les mineurs, qui, pour retenir leur musicien, le logèrent cette fois dans l'atelier même du fendage. Ce pauvre

() Trad. de Self-Help, de Samuel Smiles.

(*) Guizot, Notice sur Mme de Rumford.

(3) Article communiqué par M. le docteur Charles Martins, directeur du jardin botanique de Montpellier.

science hésite encore, et le sphinx est là, couché dans le sable, éternel gardien de l'énigme historique qu'il propose, depuis des milliers d'années, aux générations qui passent devant lui.

du Caire à huit heures du soir, avec un guide appelé Achmet. petite plate-forme où sont restées quelques grosses pierres Nous étions montés sur des ânes suivis de leurs conduc- isolées. Comment peindre la vue fantastique dont je jouisteurs, deux enfants de quinze ans. Nous traversâmes d'abord sais seul, et que la lumière silencieuse de la lune éclaiun grand nombre de rues silencieuses, puis l'une d'elles rait assez pour que les objets fussent visibles sans être parpleine de monde, éclairée de lanternes de papier de couleur. faitement distincts! Au nord, le désert, dont les ondulations Des hommes accroupis sur des nattes fumaient, causaient, se perdaient dans l'obscurité; au sud-ouest, les trois autres mangeaient et buvaient : c'était une noce que les parents cé- pyramides, la seconde, celle de Belzoni, très-rapprochée ; lébraient en plein air, tandis que les femmes se réjouissaient entre deux, des tombes en forme de rectangles, alignées dans le harem. Nos ânes eurent de la peine à se frayer un l'une à côté de l'autre, comme dans un cimetière; au sud, passage au milieu des convives, qui encombraient la rue. l'immense sépulcre fouillé par le colonel Campbell; à l'oHors de la ville, nous nous trouvâmes sur la route qui rient, les collines qui dominent le Caire, le Nil débordé et mène au vieux Caire. Nous traversâmes l'ancienne capitale les palmiers s'élançant de ces nappes immobiles. D'un côté, de l'Égypte, qui n'est plus qu'un village de plaisance, et la fertilité la plus prodigieuse; de l'autre, la stérilité la plus arrivâmes aux bords du Nil. Une petite flotte de bateaux absolue; et les pyramides placées sur la limite de ces deux était amarrée au rivage en face du Nilomètre, et les bateliers régions. Mais ce qui attirait et fascinait pour ainsi dire mes dormaient près des monceaux de pastèques, de courges, regards, c'était ce sphinx gigantesque, couché majestueude riz, qu'ils avaient débarqués. Nous primes un bateau sement dans le sable au pied de la pyramide; sa croupe pour passer le fleuve et aborder au village de Gizeh, que et sa tête étaient seules visibles. Je me rappelai qu'il dénous apercevions sur l'autre bord, au milieu des palmiers. corait le sommet d'un temple que des fouilles ont mis un La nuit était d'une limpidité admirable; les objets se voyaient jour à nu, il y a quarante ans, et qui, le lendemain, était distinctement, leurs proportions seules étaient agrandies. de nouveau submergé par la marée du désert. Je songeai Après avoir remonté le cours du fleuve le long du rivage, que ces pyramides sont l'œuvre de générations et de peuples la barque le traversa obliquement; sa largeur était de deux entiers sacrifiés à l'édification de ces masses prodigieuses, kilomètres. Couché dans son vaste lit, trop étroit pour lui, dont la destination est encore une énigme. Tombeaux, le Nil justifie bien le nom de Père des eaux que les Égyp-digues contre le désert, monuments astronomiques, la tiens lui ont donné. Le village de Gizeh était silencieux comme le vieux Caire. J'admirai les hauts palmiers qui l'ombragent; nous les quittâmes pour traverser d'abord un canal, puis des champs de maïs. Ensuite nous cheminâmes sur une digue; un lac s'étendait à notre gauche, formé par les eaux du Nil, qui n'était pas encore rentré dans son lit. Nous trouvions çà et là des groupes d'hommes endormis, le corps et la tête couverts de leurs burnous : c'étaient des gardiens de la digue ou des pêcheurs qui prenaient des poissons dans le champ où, quelques mois plus tard, ils faucheront des blés ou cultiveront du coton. D'autres fois, c'était une petite caravane : chameaux, chiens et hommes, tout dormait; seulement, quelquefois un burnous se soulevait un instant, ou un chien aboyait sans colère. La digue que nous étions forcés de suivre nous obligeait à des détours infinis tantôt nous nous approchions, tantôt nous nous éloignions des pyramides; elles grandissaient lentement dans le ciel. Nous hâtions le pas de nos ânes, dont l'allure rapide égale presque celle des chevaux. Les conducteurs nous suivaient, toujours courant et toujours parlant avec Achmet. Je maudissais ce bavardage perpétuel qui troublait le silence de la nuit, si bien d'accord avec le grand spectacle que j'avais sous les yeux; mais je ne pouvais m'empêcher d'admirer l'haleine de ces poumons et le jarret de ces membres infatigables; car ces enfants qui couraient derrière moi avaient couru toute la journée, et devaient courir le lendemain comme s'ils avaient reposé la nuit. Nous approchions cependant; une dernière flaque d'eau nous séparait des pyramides: un vigoureux Arabe me prit sur ses épaules pour me la faire traversor; de l'autre côté, je me trouvai sur le sable du désert. Je marchai à grands pas vers les gigantesques constructions, qui n'étaient qu'à une demi-lieue de distance; en approchant, je vis le sable accumulé contre le pied septentrional de la grande pyramide. Nous gravtmes le talus, qui nous conduisit près de l'entrée du monument; de ce point, j'escaladai avec l'Arabe les puissantes assises qui le composent : ces assises ont plus d'un mètre d'épaisseur, et l'on se hisse péniblement de l'une à l'autre. Au milieu, nous fimes une halte pour respirer; puis nous continuâmes et arrivâmes au sommet. Nous étions à 146 mètres au-dessus du sol, à 4 mètres plus haut que la flèche de la cathédrale de Strasbourg, la plus élevée de l'Europe, Le sommet de la pyramide est une

Je restai une heure au haut du monument, écrasé, pour ainsi dire, par la grandeur fantastique du spectacle et les pensées qu'il fait naître; puis je descendis en m'élançant d'échelon en échelon pour rejoindre Achmet, qui dormait avec les conducteurs des ânes au pied de la pyramide. Mais je voulais voir le sphinx de prés; j'y courus avec mon Arabe, lorsque tout à coup deux burnous blancs sortent d'un tombeau et s'élancent vers moi. Quelle mise en scène pour une attaque de Bédouins! L'Opéra n'en a pas de plus belles. Cependant tout se borna à des exigences menaçantes. Je renvoyai vers Achmet, que j'avais chargé de toutes les dépenses, ces prétendus chefs des pyramides, toujours à l'affût pour prélever sur les visiteurs européens le tribut de la peur ou de la générosité. Je savais que ces Arabes sont insatiables; un baschisch ne fait qu'irriter leur soif au lieu de l'apaiser. Cependant ils ne nous quittaient pas, et espéraient arracher par l'importunité l'argent qu'ils n'avaient pu obtenir par surprise. Je mis fin à leur poursuite en les menaçant de la colère du consul général de France, dont l'énergie et la vigilance sont la sauvegarde des Français qui voyagent en Egypte.

En revenant, nous suivîmes le même chemin. Je ne me lassais pas d'admirer ces palmiers élégants dont les stipes cylindriques s'élancent hors de l'eau. Je revis aussi dans tout son éclat un phénomène qui m'avait déjà frappé sur les mers d'Orient: mieux que toutes les descriptions, il donne une idée de l'incroyable transparence de l'air pendant ces belles nuits que les poëtes arabes ont célébrées. La lune, dans son plein, se réfléchissait dans les nappes d'eau qui inondaient les champs. Un sillon lumineux, brillant comme l'argent, allait en s'élargissant du spectateur vers l'horizon: or la partie du ciel comprise entre le sillon et l'astre, au lieu d'être la plus éclairée du ciel, était la plus sombre. Il semblait qu'une épaisse fumée s'élevât de la terre vers la lune, formant un triangle dont la base était la largeur du sillon lumineux à l'horizon, le sommet la lune ellemême : c'était un effet de contraste de ton. La partie du ciel comprise entre le sillon et la lune paraissait plus sombre à cause de l'éclat extraordinaire de la lune et de

sa réflexion lumineuse dans une eau tranquille : ainsi, par suite de ce contraste, la partie du ciel la plus éclairée paraissait la plus sombre. Mais dès que les mouvements du terrain me cachaient la vue du sillon lumineux, alors cette partie du ciel redevenait ce qu'elle est réellement, la portion la mieux éclairée. Une autre preuve que l'observateur est le jouet d'une illusion d'optique quand le contraste lui fait paraître cette partie du ciel plus sombre que le reste, c'est que les étoiles de cette région ne deviennent pas visibles pour cela, mais sont toujours effacées par la vive lumière de la lune. Dans les belles nuits du midi de la France, ce phénomène peut encore être observé; mais il doit être. bien rare dans celles du nord de l'Europe, où la sérénité du ciel est toujours troublée par des vapeurs diffuses qui remplissent l'atmosphère. Je longeai de nouveau la digue, mais avec moins d'impatience qu'en allant; je traversai le Nil, où les premières lueurs du matin avaient éveillé la population flottante que j'avais trouvée endormie la veille. En arrivant près du Caire, le soleil n'était pas encore levé; mais une aube matinale d'une couleur opaline s'élevait dans le ciel; l'air était d'une transparence et d'une limpidité inouïes; les cimes des palmiers semblaient enveloppées d'une auréole de clarté. Je compris ce que les voyageurs ont écrit sur les prestiges de la lumière aux Indes orientales; rien, en effet, ne peut remplacer les féeries de cette magicienne qui prête des charmes au désert, et dont l'absence décolore et attriste les plus beaux paysages. Quand je rentrai au Caire, la ville était réveillée. Je pris quelques heures de repos, et retournai à Alexandrie dans l'aprèsmidi.

CHOIX DE VERRES RARES ET CURIEUX DE LA COLLECTION SAUVAGEOT, AU MUSÉE DU LOUVRE. PREMIÈRE PLANCHE (supérieure).

1 (de gauche à droite). Verre uni octogone, trèsbas, à cannelures; le bas est orné de mascarons bleus et blancs. (Vénitien.) Hauteur, 0,102.

2. Vase de pharmacie, verre bleu à goulot pointu, forme de mandoline napolitaine. (Vénitien.) Haut., Om,215. 3. Coupe à pied, forme très-évasée, à huit filets et goulettes en saillie. (Allemand.) Hauteur, Om,145.

4. Verre en verre blanc uni, forme carrée; de chaque côté, une anse pleine en verre blanc. (Allemand.) Hauteur, 0m, 135.

5. Coupe à pied rond, fond plat, décorée de stries circulaires, terminée par une rangée de perles; la tige dorée représente deux têtes de lions accolées par une guirlande. (Vénitien.) Hauteur, Om, 155; diamètre, Om,182.

6. Burette verre blanc, anse et goulot avec ornements saillants dorés; sur la panse, deux boutons en verre bleu; le goulot est décoré d'une torsade de verre de même couleur. (Vénitien.) Hauteur, Om,195.

7.- Verre à pied verre blanc, à huit pans évasés; pied cannelé. (Vénitien.) Hauteur, Om,129.

8. Bouteille verre opalisé, filigrané d'émail blanc; sur la panse, le lion de Venise et l'aigle impériale. (Véni– tien.) Hauteur, Om,169.

9. Bouteille en verre bleu, cloisonnée, à deux goulots courbés en sens contraires; chaque goulot est décoré d'ornements en verre bleu dentelé. (Allemand.) Hauteur, 0,083.

DEUXIÈME PLANCHE (au milieu).

1.Bouteille à pied verre blanc, panse forme coquille, deux anses tordues en verre blanc; la partie supérieure

de l'orifice octogone est ornée de filets verre bleu clair. (Allemand.) Hauteur, 0,210.

2.- Bouteille de pharmacie à vis, long col courbé, verre blanc tourné; l'extrémité du col est en verre vert. (Cette bouteille est une espèce de guttus, le contenant ne pouvant tomber que goutte à goutte.) (Allemand.) Hauteur, 0,255.

3.Coupe fond bleu à zones blanches horizontales; sur la tige, une fleur bleue et blanche à six pétales, entourée de cinq grandes feuilles jaunes. (Allemand.) Hauteur, 0,219.

4. Grande bouteille à long col, panse aplatie, petites anses dorées; sur le goulot et sur le pied, émaux et entrelacs émaillés bleu, blanc, rouge et jaune; sur la panse, grand dessin oriental. (Vénitien.) Hauteur, 0m, 238.

5. Verre à pied uni, forme de calice; sur le couvercle et sur le bas de la tige, quatre ailerons en verre bleu. (Allemand.) Hauteur, Om, 218.

6. Bouteille verre blanc, panse forme coquille, goulot élancé; du côté opposé au goulot, deux ailes en verre bleu ; au bas du goulot, un ornement en verre bleu. (Allemand.) Hauteur, Om,181.

7. Burette verre blanc, orifice forme de trèfle décoré de deux bandes en verre bleu; petit goulot contourné, terminé par un ornement de verre de même couleur ; la panse est décorée de deux mufles de lions formant anses et de quatre boutons verre bleu. (Vénitien.)

TROISIÈME PLANCHE (inférieure).

1. Grand verre à pied, forme de clochette évasée; la tige est formée de deux corps de dragons enlacés en émaux blancs, jaunes et rouges; les deux têtes de dragons sont couronnées par une grande crête en verre bleu. (Allemand.) Hauteur, 0,350.

2. Présentoir représentant un guerrier avec casaque et coiffure dorées, bottes grises avec éperons; il tient de la main gauche un verre évasé de couleur verte, la main droite est appuyée sur son poignard; le pied est en cuivre ciselé et doré. (Allemand.) Hauteur, Om, 236.

3.- Verre à pied, tige élancée, entièrement quadrillé d'émaux bleus et blancs. (Vénitien.) Hauteur, 0m,330. 4. Grand verre à pied, forme de gondole avec ses agrès, mascarons et ornements dorés ; les agrès sont surmontés d'un dragon enroulé avec filets en verre bleu. Dans l'Histoire comique de Francion, par Charles Sorel, historiographe de France, on lit (IIe partie, liv. XI, p. 868 de l'édition in-12 de 1630): « Encore qu'il fust pour lors avec des gens qui tenoient pour le sérieux, il (Hortensius) se voulut mettre un petit sur la débauche, et, ayant en main un verre de Venise fait en gondole, il dit...... » Hauteur, 0m,335.

5. Petite coupe évasée, verre blanc uni à godrons, deux anses terminées par un bouton verre bleu. (Venise.) Hauteur, Om,070.

6. Vase à pied verre blanc, forme de cloche évasée, formée par cinq godrons d'inégales grandeurs; le pied est formé de deux dragons enlacés, à corps émaillés en blanc. (Allemand.) Hauteur, Om,200.

7.- Grand verre blanc à pied en spirale; le haut du pied est décoré de deux corps de dragons enlacés; une partie du corps et les crêtes sont en verre bleu. (Vénitien.) Hauteur, Om,360.

On fabriquait des vases à boire en verre dans les célèbres verreries de l'antiquité, à Thèbes, à Memphis, à Tyr, å Sidon, dans les îles de l'Archipel, en Sicile et dans l'Etrurie.

Néron paya 6000 sesterces deux coupes de verre. De

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Musée du Louvre; collection Sauvageot. Vases rares et curieux. opaque, couleur de saphir, et qui recevait diverses sortes () Voy. le vase de Barberini ou de Portland du Musée britannique, brisé, il y a quelques années, par un fou, t. III, 1835, p. 204 et 372.

d'ornements. Il dit aussi que les Français étaient trèshabiles dans l'art de fabriquer de petits vases en verres de couleur.

Il est question, dans l'inventaire du due d'Anjou de 1360, de « deux flascons de voirre ouvrés d'azur de l'ouvrage de Damas, dont les anses et le col sont de mesme »; et dans l'inventaire de Charles V de 1379, non-seulement on cite des vases ou pots de la façon de Damas», mais aussi «ung gobelet et une aiguière de voirre blant de Flandre garni d'argent. »

On s'essayait donc depuis longtemps à imiter, en Europe, les verres riches et ornés qui venaient d'Orient. Ce fut à Venise que cet art réussit le plus rapidement. Les vases vénitiens émaillés se répandirent dans toutes les maisons souveraines et nobles au quinzième siècle. Au commencement du seizième, on fabriqua, dans la même ville, de curieux vases enrichis de filigranes de verre blanc opaque ou coloré, qui se contournaient en mille dessins variés et paraissaient comme incrustés au milieu de la pâte du cristal incolore et transparent. En même temps, on fit des coupes et des verres à formes bizarres, représentant surtout des animaux fabuleux. Nicolas de l'Aigle fut un de ces verriers à imagination fantastique.

An commencement du dix-huitième siècle, les vases de Venise furent abandonnés pour les vases de cristal taillé et à facettes que l'on fabriquait en Bohême.

En Allemagne, on produisait, vers le milieu du seizième siècle, des vases de verre cylindriques, hauts quelquefois de plus de 50 centimètres et décorés de peintures en couleur d'émail, représentant l'empereur, les électeurs de l'Empire, l'aigle impériale, des écus armoriés. A Berlin, on conserve, dans la Kunstkammer, un de ces verres daté de 1553. Cette fabrication cessa vers le milieu du seizième siècle. Au dix-septième, il sortit des verreries allemandes des vases cylindriques ornés de jolies et fines peintures, pour la plupart en grisaille ou en camaïeu brun. Les verres de Bohême, qui eurent un si grand succès au dix-septième siecle, étaient enrichis de sujets et principalement de portraits gravés habilement sur cristal. Kundel, chimiste de l'électeur de Saxe, mort en 1702, introduisit comme perfectionnement un verre d'un beau rouge-rubis. (')

LES FRONTIÈRES DE LA FRANCE.
Suite et fin. Voy. p. 55, 94.

V. La frontière des Pyrénées est généralement bonne; mais, comme on le sait, aucun danger ne menace la France de ce côté, à moins que l'Espagne ne devienne un champ de bataille pour l'Angleterre, comme de 1808 à 1814.

FRONTIÈRE DU SUD OU DES PYRÉNÉES.

:

La limite est en général indiquée par la crête des Pyrénées depuis le cap de Cerbera, sur la Méditerranée, jusqu'aux sources de la Nive. Deux exceptions principales doivent être signalées les sources de la Sègre sont à la France; le val d'Arran, où naît la Garonne, est à l'Espagne. A partir des sources de la Nive, les Pyrénées courent à l'ouest, pénètrent en Espagne et ne servent plus de limite à la France. La ligne de démarcation longe un moment le contre-fort qui sépare les vallées de la Nive et de la Bidassoa, et après, tournant à l'ouest, elle est tracée par une ligne arbitraire et contournée qui va rejoindre la Bidassoa à Chapitelacoarria, à environ 14 kilomètres au-dessus de son embouchure, et suit cette rivière jusqu'à la mer. Cette () On trouve des indications précieuses sur ces diverses périodes

de l'art de la fabrication,des verres à boire dans l'Introduction de

l'ouvrage de M. Jules Labarte intitulé: Description des objets d'art qui composent la collection Debruge-Dumesnil (1847), et dans le livre que M. Bontemps, excellent verrier, a composé sous ce titre : Exposé des moyens employés pour la fabrication des verres filigranés (1845).

partie de la frontière du sud est assez mauvaise et tout ouverte, car la vallée de Bastan (sources de la Bidassoa) est à l'Espagne, ainsi que la chaîne des Pyrénées et l'important contre-fort d'Atchiola. Malgré ces défauts, la nature du terrain permet de défendre pas à pas le territoire. Sous la république, on a résisté aux efforts des Espagnols, et si en 1814 la frontière a été si facilement forcée par Wellington, cela tient à un ensemble de causes et de faits qui, très-probablement, ne se reproduiront jamais.

La frontière des Pyrénées se divise, comme la chaîne elle-même, en trois sections :

1o Les Pyrénées orientales, depuis le cap de Cerbera; 2o Les Pyrénées centrales, depuis le pic de Corlitte; 3o Les Pyrénées occidentales, depuis le mont Cylindre. Les Pyrénées orientales sont traversées par trois routes : La route de Perpignan à Figueres, par le col de Pertus; c'est la grande route de Paris à Barcelone et à Saragosse; elle est défendue par Bellegarde. La route de Perpignan à Campredon, s'embranchant au Boulou sur la précédente et aboutissant à Pratz-de-Mollo. La route de Perpignan à Urgel par le col de la Perche, défendue par Montlouis. Montlouis, Bellegarde, Port-Vendres, en première ligne, et Perpignan en arrière, sont les principales places fortes des Pyrénées orientales. Le pays est bien disposé pour la défense, comme le prouvent les campagnes de 1675, 1677, 1793 et 1794. En effet, les Pyrénées forment une première ligne, en arrière de laquelle se trouve le Tech, rivière parallèle aux Pyrénées et défendue par Pratz-deMollo et Fort-les-Bains; puis vient le massif du Canigou, et au delà la Tet avec Perpignan, grande place forte.

Le Tech et la Tet peuvent très-bien servir à la défense des Pyrénées orientales contre une attaque faite par la grande route du col de Pertus; mais on peut marcher, quoique difficilement, sur Perpignan par les sources de la Tet ou par celles du Tech. Montlouis et Pratz-de-Mollo ont pour but de défendre ces têtes de vallées. Au delà de Perpignan, les Corbières orientales, l'Aude et le canal du Midi sont autant de lignes de défense dont on pourrait encore tirer un utile parti pour arrêter l'ennemi dans sa marche sur Toulouse, notre grande place d'armes du Midi et le point objectif de la frontière.

Les Pyrénées centrales se défendent elles-mêmes; leur large base de 120 kilomètres, le manque de cols praticables et de routes, l'âpreté sauvage de ce chaos de montagnes, ne permettent point à une armée de s'aventurer dans ce massif.

Les Pyrénées occidentales ne couvrent pas entièrement la frontière. On vient de dire quels étaient les vices de la limite du sud-ouest. Ouverte à l'invasion, elle n'est défendue que par les accidents du sol et par quelques petites places mal situées. Bayonne et l'Adour sont les principales défenses de cette section, et couvrent les routes de Bordeaux et de Toulouse.

C'est par les Pyrénées occidentales que se sont faites les grandes invasions de France en Espagne et réciproquement. C'est par la route de Vittoria à Bayonne que les Espagnols en 1793, et Wellington en 1814, ont pénétré en France; c'est par cette même route que les Français ont envahi l'Espagne en 1794, en 1808 et en 1823.

Les Pyrénées occidentales sont traversées par quatre routes: 1° la grande route de Paris à Madrid par Bayonne, Saint-Jean-de-Luz, Irun, Vittoria; - 2o la route de Bayonne à Pampelune par les cols de Maya et de Bélatte, et la vallée de Bastan ; 3o la route de Bayonne à Pampelune par Saint-Jean-Pied-de-Port, la vallée de Baigorry, la vallée des Aldudes, le col d'Ibagnetta, Roncevaux et Cabiri; 4o la route de Pau à Jacca par Oloron et le col de Canfrane, défendu par la nouvelle place du Portalet.

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